SUSPENSION DU RPG ARC-EN-CIEL : Pourquoi le congrès fait autant peur à certains responsables du parti ?
Du 17 mai 1991, jour où le Prof Alpha Condé a officiellement foulé le sol guinéen en tant qu’opposant au régime d’alors malgré les menaces d’arrestation, à son élection à la magistrature suprême de notre patrimoine commun en 2010, nombre de militants et responsables du RPG Arc-En-ciel, RPG d’alors, ont payé de leur vie le triomphe de leur champion. Evidemment, dans sa marche vers le Palais Sèkhoutouréya, d’énormes sacrifices ont été consentis : vies perdues à jamais, cadres radiés à la fonction, d’autres rétrogradés du fait de leur obédience politique.
Beaucoup de choses se sont passés pendant la marche du RPG vers le pouvoir. Pourquoi vouloir mordicus mettre tous ces sacrifices à l’eau aujourd’hui ? Pourquoi ne pas suivre le chemin de l’UFDG en organisant le congrès du parti ? Quel crime !
Je pense ici au jeune étudiant d’alors Mamadi Kaba, première victime du RPG devenu le RPG Arc-En-Ciel plus tard. Il a été atteint au crâne, abattu à bout portant par une balle assassine délibérément tirée, lors du premier meeting géant organisé au lendemain du retour triomphal du Pr Alpha Condé en Guinée, au stade de Colèyah. Meeting dispersé dans une violence inouïe par les forces de l’ordre et de sécurité. La station de Domino étant le lieu du crime perpétré, le 18 mai 1991.
Je pense également à Monsieur Mamadi Condé, deuxième victime du RPG, tué à la fleur de l’âge, lors des échauffourées suite à la convocation du Pr Alpha Condé au commissariat central (Kaloum), actuelle Direction Centrale de la Police Judiciaire communément appelée DPJ, précisément le 29 mai 1991. Je pense au camarade Facinet Béavogui tué dans des conditions floues en Côte d’Ivoire dont la dépouille a été refusée par les autorités d’alors à l’aéroport international Conakry Gbessia devenu aéroport international Ahmet Sékou Touré. Je pense à toutes ces victimes célèbres et anonymes du RPG qui ont consenti le sacrifice ultime pour écrire l’une des plus belles pages du combat pour l’instauration de la démocratie et la défense des droits de l’homme en Guinée, en Afrique et dans le monde. Ces pénibles, instructifs et inspirants moments restent indélébilement gravés dans la mémoire collective.
La nature a horreur du vide, a-ton coutume de dire. Si le parti meurt en raison du manque criard de nouveau souffle, les responsables des instances supérieures notamment du Bureau politique se seraient attaqués à tout ce qui reste des plus sublimes aux yeux des démocrates et patriotes. Ils seront face à l’histoire demain. Quand on est en position de faiblesse, l’intelligence voudrait qu’on change de fusil d’épaules pour mieux se projeter. Ce parti est une partie très précieuse de chacun de nous, car il est le réceptacle des souffrances réelles et atroces.
Si on ne nie pas l’apport inestimable du Président Pr Alpha Condé qui a été le déclencheur de cette belle lutte collective, il faut admettre, sans ambages, que comme tout succès, il ne pourrait se prévaloir à ce jour, lui seul, d’incarner en tout temps et en tout lieu l’idéal du parti. Comme toute œuvre humaine, il arrive des moments où, en fonction des enjeux et des défis, que le centre de gravité des réponses aux problèmes change. Ce qui fait qu’aujourd’hui le changement prôné et incarné par lui est entrain de lui survivre parce que Karl Marx a dit un jour que : « Lorsque les idées s’emparent des masses populaires, ça devient une force motrice ».
Humblement et de façon solennelle, je voudrais prier le Président Prof Alpha Condé de concourir au nécessaire renouvellement des mandats au sein des responsables du parti pour que ce dilemme de démocrate à l’extérieur et de non ancrage à l’interne du parti soit complément levé. Je sais que certains directeurs de conscience égarés sur les réseaux sociaux me tomberont tout de suite dessus à bras raccourci, mais je m’assume pleinement. Afakou Akandia !
Sayon MARA, Juriste
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