L’Économiste D. M. Keïta : “Ce score soviétique (de Sidya Touré) affiche une situation de frustration … de l’UFR »
REGARD D’UN ÉCONOMISTE. Doussou Mohamed Keïta, Économiste de son état, a bien voulu se prêter aux Questions de la rédaction de Farafinainfo.com et s’est ainsi prononcé sur les informations marquantes de la semaine écoulée en Guinée, en Afrique et dans le Monde. [ACTU DE LA SEMAINE EN 3 QUESTIONS]
Doussou Mohamed Keïta, Économiste
“Les aides ne sont pas et ne seront pas une structure de développement.”
1) – Dr. Sidi Ould Tah est brillamment élu président de la BAD (Banque Africaine de Développement). Le Mauritanien est-il l’homme de la situation pour sauver cette institution financière qui ne pourrait plus compter sur le financement américain ?
Dr. Sidi Ould Tah et le Président ivoirien Alassane Ouattara
Sidi Ould Tah, nouveau président de la Banque africaine de développement et ancien ministre mauritanien de l’économie dit s’inscrire dans la continuité des grandes priorités définies par son prédécesseur pour transformer le continent. À ce sujet, Il devra composer avec le désengagement des Etats-Unis des mécanismes d’aide au développement et trouver des mécanismes pointus afin de rehausser le capital nécessaire à la BAD. Les enjeux financiers, économiques et politiques ont pris une nouvelle allure, l’institution doit faire sa mue. Les aides ne sont pas et ne seront pas une structure de développement. Ayant un parcours de technocrate discret, dont l’ascension s’est faite loin des projecteurs, il peut faire avancer les choses et changer de paradigme. N’oublions pas 54 pays africains, d’autres membres non régionaux et quelques pays hors Afrique composent la BAD. Tout est question de capitaux et de politiques de progression pour que la BAD sorte de configuration d’aide et ceci reste valable pour toutes autres institutions. Sinon comme comprendre que c’est la Chine qui offre le siège de l’union africaine ?
“Que la justice s’aligne sur la décision de dissolution du pouvoir donne un goût amer à l’expression du droit.”
2) – Le 13 mai 2025, la junte militaire au pouvoir à Bamako a annoncé la dissolution des formations politiques et des organisations à caractère politique dans le pays. Et la justice malienne a rejeté les recours des partis politiques contre leur dissolution. Quel regard portez-vous sur cette décision judiciaire ?
La situation politique malienne en particulier et celle des autres pays africains en général méritent une préoccupation de taille. Dissoudre ou pas, est-ce la solution aux maux de la société malienne ? Voici des interrogations que les autorités de ce pays doivent répondre. Nous le savons bien que ce ne sont pas extraterrestres qu’on prendra pour les nouveaux partis à créer, il y a lieu qu’on travaille sur les hommes, sur la société. Que la justice s’aligne sur la décision de dissolution du pouvoir donne un goût amer à l’expression du droit. Vouloir bâtir une République, passe nécessairement par un travail de fond, une consultation de toutes les composantes de la société et faire face aux vrais enjeux du moment pour épargner à la future génération des bisbilles improductives. Nos actions présentes impactent la configuration des générations futures. C’est une réalité, nos sociétés politiques sont malades aussi, il est crucial de rappeler que nous sommes issus de grandes cultures, d’une grande civilisation. On avait nos propres mécanismes de gouvernance qu’on a ignoré et agir en hommes complexés face à l’occident en gobant tout ce qu’il nous sert…. La Baule…j’espère que l’on s’en souvient encore.
“Ce qui est dommage, les partis politiques ne font pas la promotion de la démocratie en leur sein sinon comment durer à la tête d’un parti sur plusieurs années.”
3) – Quoiqu’absent du pays des années, Sidya Touré est reconduit dans son fauteuil de président de l’UFR (Union des Forces Républicaines) avec un score soviétique de 94,48 %. Peut-on dire que ce plébiscite est un signal fort envoyé aux autorités militaires du pays?

Je veux bien le croire mais les réalités de l’environnement sociopolitique disent autres choses. On ne peut faire la politique loin du centre d’activités politiques. Ce score soviétique affiche une situation de frustration et de malaises au sein de l’UFR. Ce qui est dommage, les partis politiques ne font pas la promotion de la démocratie en leur sein sinon comment durer à la tête d’un parti sur plusieurs années. Il y a un souci à ce niveau je crois. Vouloir s’ériger en donneurs de leçons biaise le débat. Il est temps que les politiques comprennent que les enjeux ont pris une nouvelle configuration, l’aspiration de la population aussi.
Rédaction de Farafinainfo.com
Farafinainfo à l’honneur : Le journaliste Chahreddine Berriah, lauréat



