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D.M. Keïta : “Il ne peut pas y voir un duo à la tête de l’État. À cette allure Sonko risque …»

REGARD D’UN ÉCONOMISTE. Doussou Mohamed Keïta, économiste de son état, s’est prêté au jeu des 3 Questions de Farafinainfo.com et a posé son regard sur les thèmes brûlants de l’actualité de la semaine du lundi 07 au dimanche 14 juillet 2025 en Guinée, en Afrique et dans le Monde pour éclairer la lanterne des internautes de votre site panafricain d’informations générales [ACTU DE LA SEMAINE EN 3 QUESTIONS].

 

Doussou Mohamed Keïta, Économiste

 

 

À bien y regarder, ça frise une pièce de théâtre dont le metteur en scène n’est que Trump.”

 

1)– [USA-AFRIQUE] – Donald Trump a invité cinq de ses homologues africains à la Maison Blanche et ne s’est pas du tout gêné pour complimenter ses invités. Le Président américain sur le Chef de l’État sénégalais Bassirou Diomaye Faye : « Il a connu un parcours remarquable (…) Il accomplit un travail exceptionnel. Toutes mes félicitations à lui, sincèrement ». Et n’a pas manqué de féliciter le Président libérien Joseph Boakai pour son niveau d’anglais, langue officielle du pays : « Merci, et dans un si bon anglais, si beau (…) Où avez-vous appris à le parler de manière aussi belle ? Où avez-vous étudié ? Au Libéria ?».  Quel commentaire pouvez-vous en faire ?  

Peut être une image de 6 personnes, le Bureau ovale et texte

Cette rencontre Trump avec cinq (5) Présidents africains que je qualifie d’une rencontre de trop. A bien y regarder, ça frise une pièce de théâtre dont le metteur en scène n’est que Trump. Il est connu de tous que toutes les rencontres entre Chefs d’Etat, les points à discuter sont sus et préparés conséquemment. Donc que nos Présidents cessent d’être des personnalités amorphes et qu’ils se battent pour imposer leur notoriété par le travail. Et puis qu’elle était l’opportunité de cette rencontre ?  Je précise que ce n’est pas un manque de respect, Trump, comme on le dit chez nous : on tire par la corde que tu te mets autour du cou. Le Président Trump est dans sa logique de dominateur entre guillemets.

 

« Cette sortie du Premier Sonko affiche clairement qu’il y a un malaise au sommet de l’État du Sénégal. »

 

2)- [SÉNÉGAL] – Le Premier Ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a fait une sortie médiatique et laissé entendre : « Certains disent que je dois démissionner. Je ne démissionnerai jamais, pour ceux qui s’y attendent. Mais si le Président Bassirou Diomaye Faye pense que je ne peux plus être son Premier Ministre, il peut me démettre. Je retournerai à l’Assemblée Nationale (…) Qu’il règle ça ou qu’il me laisse faire … ». Peut-on dire que cette sortie médiatique du président de PASTEF, le Patriotes suscite bien des interrogations ?

 

 

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Ah oui, ce qui est évident, nos acteurs politiques doivent encore apprendre les enjeux politiques. Cette sortie du Premier Sonko affiche clairement qu’il y a un malaise au sommet de l’État du Sénégal. Jean Pierre Chévènement, il y a quelques années, lança sa célèbre phrase : « Un ministre, ça ferme sa gueule ; si ça veut l’ouvrir, ça démissionne ».

Venir pleurnicher devant les militants de son parti, n’est pas l’approche adéquate. Aussi, dans les partis politiques, qu’on cesse d’être partisan de cette notion de plan B quand le président du parti se trouve confronté à la justice. Un parti politique doit être structuré, son fonctionnement est régi par un texte. Ce n’est pas à un président de parti de choisir le candidat. Les instances du parti servent à quoi alors ?

Il ne peut pas y voir un duo à la tête de l’Etat. À cette allure Sonko risque de quitter le navire par expérience.

 

« Les enjeux politiques nationaux ont pris une ampleur nouvelle, décalée des discours des politiques et acteurs de la société civile. »

 

3)[GUINÉE] – l’ANAD (Alliance Nationale pour l’Alternance et la Démocratie) rejette le Projet de nouvelle Constitution « Ce texte ouvre la voie à une violation de la Charte de la Transition et des engagements solennels pris par le Président de la Transition devant la Cour Suprême, le peuple de Guinée et la communauté internationale (…) ». Et dévoile ses exigences en ces termes: « – de reconduire les articles 46, 55 et 65 de la Charte de la Transition dans les dispositions transitoires du Projet de Constitution ; – d’éliminer l’article 74, qui garantit l’impunité au Président de la République et qui est en contradiction avec l’article 160 portant création de la Cour Spéciale de justice de la République ; – de ramener la durée du mandat présidentiel à cinq ans ; – de rendre obligatoire la déclaration des biens du Président de la République au début et à la fin de son mandat. ». Quel regard portez-vous sur les exigences des leaders politiques et autres acteurs de la société civile regroupés sous la bannière de l’ANAD ?

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Je crois que nous vivons notre troisième transition, un état de choses interpellatif à tous les niveaux. De gros efforts sont à faire pour sortir de cette crise. Qui parle de transition parle de crise.

Nous sommes dans un contexte de gouvernance d’exception, une situation juridique où l’État s’octroie des pouvoirs exceptionnels, souvent en limitant certaines libertés fondamentales, afin de préserver sa sécurité ou son ordre public.

Sa réussite nécessite un équilibre délicat entre l’efficacité des mesures prises et le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux. Une communication transparente, une redevabilité accrue et une participation accrue de la population sont essentielles pour assurer la légitimité et la pérennité de ces mesures.

Je ne parlerai pas d’exigences de la part de l’ANAD mais plutôt d’un appel lancé au pouvoir en place, on parle d’exigences quand on est position de force autour d’une table lors d’une négociation et tel n’est pas le cas aujourd’hui. Les enjeux politiques nationaux ont pris une ampleur nouvelle, décalée des discours des politiques et acteurs de la société civile. Et de surcroît, l’attitude adoptée par les acteurs politiques, de la société civile fait douter la population ; ce qui ne leur pas favorable.

C’est aussi dans l’ordre naturel des choses que les politiques donnent leurs avis sur l’interprétation juridique des articles du projet de la nouvelle Constitution à soumettre au référendum.  Qu’à cela ne tienne, une responsabilité républicaine des acteurs de la transition, de l’ensemble de la classe politique, de la société civile est le centre de gravité de toute initiative favorable pour une issue sans bisbilles.

Cette exceptionnalité qui caractérise toute transition ne doit pas être aussi un blanc-seing. Des mécanismes de contrôle (parlementaire, judiciaire, etc.) doivent être mis en place pour s’assurer que les pouvoirs exceptionnels ne sont pas utilisés de manière abusive et que les aspirations profondes des populations sont évaluées et prises en compte. Ces différents aspects favorisent une République démocratique et citoyenne.

 

Rédaction de Farafinainfo.com

 

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