Faya Millimouno s’inquiète et écrit au Général Doumbouya : “Ce n’est ni un cri de défiance, ni une plainte (…) un appel républicain, …”
#CONAKRY, GUINÉE. « En ma qualité de citoyen guinéen et de Président du Bloc Libéral, parti politique exerçant légalement, je me vois dans l’obligation républicaine de vous adresser cette lettre ouverte, mu par un profond sentiment de responsabilité devant les menaces croissantes qui pèsent depuis le début de l’année sur mon intégrité physique, celle de ma famille, des militants et cadres de mon parti. » C’est ainsi que Dr. Faya Lansana Millimouno, leader du BL (Bloc Libéral) a entamé sa missive adressée au Général – Président Mamadi Doumbouya
Conakry, le 14 juillet 2025
Excellence Monsieur le Président,
En ma qualité de citoyen guinéen et de Président du Bloc Libéral, parti politique exerçant légalement, je me vois dans l’obligation républicaine de vous adresser cette lettre ouverte, mu par un profond sentiment de responsabilité devant les menaces croissantes qui pèsent depuis le début de l’année sur mon intégrité physique, celle de ma famille, des militants et cadres de mon parti.
Il y a plusieurs jours, des informations concordantes, provenant de sources crédibles et variées, m’alertent sur l’existence de manœuvres obscures et inquiétantes autour de mes déplacements et de ma résidence. Ces informations font état de projets d’enlèvement, voire d’élimination physique, visant directement ma personne. Ces alertes, renforcées par une surveillance inhabituelle et des comportements suspects dans mon environnement immédiat, interviennent dans un climat national alarmant, marqué par une escalade d’intimidations, de disparitions forcées, d’arrestations extrajudiciaires et de répression ciblée contre les voix libres et critiques.
Ces méthodes, qui relèvent davantage des régimes autoritaires que d’un État de droit, rappellent douloureusement le sort subi par plusieurs compatriotes tels que Oumar SYLLA alias Foniké Menguè, Mamadou Billo BAH, Sadou NIMAGA, Habib Marouane CAMARA, Abdoul SACKO, Me Mohamed TRAORE, et tant d’autres, victimes d’enlèvements ou de séquestrations en dehors de tout cadre légal. Leurs cas restent des stigmates encore ouverts dans la conscience collective de notre peuple.
Ces menaces contre ma personne m’ont amené, par confiance à la justice de mon pays à porter des plaintes, le 25 février 2025 contre X pour menace de mort et injures au parquet général près la Cour d’Appel de Conakry, reçue sous le n°248 /25/2/2025 et au parquet près le Tribunal de Première Instance de Mafanco, reçue sous le n°321/25/02/25, lesquelles n’ont connu aucune suite pour le moment.
Je vous rappelle avec tout le respect dû à votre haute fonction que l’État guinéen est juridiquement lié par la Charte de la Transition, notamment en son article 10 qui proclame que « 𝗹𝗮 𝗽𝗲𝗿𝘀𝗼𝗻𝗻𝗲 𝗵𝘂𝗺𝗮𝗶𝗻𝗲 𝗲𝘀𝘁 𝘀𝗮𝗰𝗿𝗲́𝗲. 𝗧𝗼𝘂𝘁𝗲 𝗽𝗲𝗿𝘀𝗼𝗻𝗻𝗲 𝗮 𝗱𝗿𝗼𝗶𝘁 𝗮𝘂 𝗿𝗲𝘀𝗽𝗲𝗰𝘁 𝗱𝗲 𝘀𝗼𝗻 𝗶𝗻𝘁𝗲́𝗴𝗿𝗶𝘁𝗲́ 𝗽𝗵𝘆𝘀𝗶𝗾𝘂𝗲 𝗲𝘁 𝗺𝗼𝗿𝗮𝗹𝗲, 𝗱𝗲 𝘀𝗼𝗻 𝗶𝗱𝗲𝗻𝘁𝗶𝘁𝗲́ 𝗲𝘁 𝗱𝗲 𝘀𝗮 𝘃𝗶𝗲 𝗽𝗿𝗶𝘃𝗲́𝗲… ».
La Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ainsi que la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, imposent également à l’État guinéen l’obligation formelle de protéger chaque citoyen contre les atteintes à sa vie, sa liberté, sa dignité et sa sécurité.
En vertu de ces textes contraignants, je vous demande solennellement de garantir ma sécurité physique et morale, celle de ma famille, ainsi que celle des militants du Bloc Libéral, conformément aux droits qui nous sont reconnus en tant que citoyens guinéens.
Et ni mon engagement politique, ni mes prises de positions publiques ne sauraient justifier que ma vie ou celle de mes proches soient mises en péril.
Mon combat demeure pacifique, légal et résolument républicain. Je crois en la démocratie, au pluralisme, au dialogue d’idées et à la justice comme fondement d’un avenir partagé pour notre pays. Rien, absolument rien, ne peut justifier la terreur politique contre un citoyen qui ne fait qu’exercer des droits qui lui sont reconnus par la loi.
Et à ce sujet, l’article 8 de la charte de la transition dispose : « 𝗟𝗲𝘀 𝗹𝗶𝗯𝗲𝗿𝘁𝗲́𝘀 𝗲𝘁 𝗱𝗿𝗼𝗶𝘁𝘀 𝗳𝗼𝗻𝗱𝗮𝗺𝗲𝗻𝘁𝗮𝘂𝘅 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗿𝗲𝗰𝗼𝗻𝗻𝘂𝘀 𝗲𝘁 𝗹𝗲𝘂𝗿 𝗲𝘅𝗲𝗿𝗰𝗶𝗰𝗲 𝗲𝘀𝘁 𝗴𝗮𝗿𝗮𝗻𝘁𝗶 𝗮𝘂𝘅 𝗰𝗶𝘁𝗼𝘆𝗲𝗻𝘀 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹𝗲𝘀 𝗰𝗼𝗻𝗱𝗶𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗲𝘁 𝗳𝗼𝗿𝗺𝗲𝘀 𝗽𝗿𝗲́𝘃𝘂𝗲𝘀 𝗽𝗮𝗿 𝗹𝗮 𝗹𝗼𝗶. 𝗔𝘂𝗰𝘂𝗻𝗲 𝘀𝗶𝘁𝘂𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗱’𝗲𝘅𝗰𝗲𝗽𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗼𝘂 𝗱’𝘂𝗿𝗴𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗻𝗲 𝗱𝗼𝗶𝘁 𝗷𝘂𝘀𝘁𝗶𝗳𝗶𝗲𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝘃𝗶𝗼𝗹𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗱𝗲𝘀 𝗱𝗿𝗼𝗶𝘁𝘀 𝗵𝘂𝗺𝗮𝗶𝗻𝘀 ».
𝗢𝗿 𝗮𝘂 𝘁𝗶𝘁𝗿𝗲 𝗱𝗲 𝗰𝗲𝘀 𝗹𝗶𝗯𝗲𝗿𝘁𝗲́𝘀 𝗳𝗼𝗻𝗱𝗮𝗺𝗲𝗻𝘁𝗮𝗹𝗲𝘀 𝗳𝗶𝗴𝘂𝗿𝗲𝗻𝘁 𝗰𝗲𝗹𝗹𝗲𝘀 𝗱’𝗲𝘅𝗽𝗿𝗲𝘀𝘀𝗶𝗼𝗻 𝗲𝘁 𝗱’𝗼𝗽𝗶𝗻𝗶𝗼𝗻 𝗾𝘂𝗶 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗮𝘂𝘀𝘀𝗶 𝗴𝗮𝗿𝗮𝗻𝘁𝗶𝗲𝘀 𝗮̀ 𝗹’𝗮𝗿𝘁𝗶𝗰𝗹𝗲 𝟮𝟯 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗺𝗲̂𝗺𝗲 𝗰𝗵𝗮𝗿𝘁𝗲, 𝗲𝗻 𝗱𝗶𝘀𝗽𝗼𝘀𝗮𝗻𝘁 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲 𝘀𝘂𝗶𝘁: «𝗟𝗲𝘀 𝗹𝗶𝗯𝗲𝗿𝘁𝗲́𝘀 𝗱’𝗼𝗽𝗶𝗻𝗶𝗼𝗻, 𝗱’𝗲𝘅𝗽𝗿𝗲𝘀𝘀𝗶𝗼𝗻, 𝗱𝗲 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗰𝗶𝗲𝗻𝗰𝗲, 𝗲𝘁 𝗱𝗲 𝗰𝘂𝗹𝘁𝗲 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗴𝗮𝗿𝗮𝗻𝘁𝗶𝗲𝘀…»
Ainsi, en tant que garant de la sécurité des citoyens, des libertés et droits fondamentaux, Chef Suprême des armées, votre responsabilité personnelle est directement engagée devant l’histoire et devant le droit. Il vous revient d’empêcher que la République ne sombre dans l’arbitraire et l’impunité. L’État ne saurait se faire complice de pratiques dignes d’une époque que nous avons tous juré de ne plus revivre.
Excellence Monsieur le Président,
Ce n’est ni un cri de défiance, ni une plainte ordinaire, mais un appel républicain, un acte de foi dans la loi, dans nos institutions, et dans la conscience morale des gouvernants. Car il n’y a ni paix sans justice, ni démocratie sans pluralisme, ni stabilité sans respect absolu des libertés fondamentales.
En espérant que vous saurez apporter à cette alerte une réponse à la hauteur de vos engagements et des aspirations profondes du peuple guinéen, je vous invite à faire preuve de courage d’État et de fidélité à l’esprit de la Transition.
Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.
𝗗𝗿 𝗙𝗮𝘆𝗮 𝗟𝗮𝗻𝘀𝗮𝗻𝗮 𝗠𝗜𝗟𝗟𝗜𝗠𝗢𝗨𝗡𝗢
Citoyen guinéen
Président du Bloc Libéral
Lettre-ouverte-au-President-de-la-transition
