Ce jour-là, le Président français Charles de Gaulle, arrive à Conakry, en tournée pour vendre son projet de « Communauté française ». Une formule de référendum séduisante, mais derrière laquelle se cache en réalité une volonté sournoise : maintenir les colonies d’Afrique et des Caraïbes sous l’ombre de Paris, même après la fin officielle du colonialisme.
Ironie de l’Histoire ! Ici, à Conakry, face au Général auréolé de toutes ses gloires de victorieux de la Seconde guerre mondiale, un jeune leader guinéen de 36 ans se dresse : il s’appelle Ahmed Sékou Touré. Il est le Secrétaire général du Parti Démocratique de Guinée (PDG).
Et dans une salle des congrès chauffé à blanc par des slogans vigoureux et inattendus, un silence tendu suit sa respiration et puis, il lâche une phrase qui claque encore aujourd’hui comme un tonnerre :
« Nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage ! »
Ce mot d’ordre change tout. Il inscrit la Guinée comme la première colonie à dire NON à la France, à choisir la liberté immédiate, plutôt que la dépendance.
Et le 28 septembre 1958, le peuple guinéen, à la majorité écrasante, confirme ce choix dans les urnes par un rejet massif du projet constitutionnel français. Le 2 octobre, la République indépendante et souveraine de Guinée est proclamée à la face du monde !
Cependant, le prix de ce choix héroïque fut lourd : Paris riposte immédiatement en retirant tous ses cadres et experts en fonction dans tous les secteurs. Dans sa furie, la métropole ne voulût rien épargner, même les crayons des bureaux administratifs. Sans compter l’arrêt de toutes les aides habituelles.
Mais malgré le choc, Conakry choisit de se tenir debout, seule, et d’avancer. Cet acte de courage marque l’histoire : il ouvrira la voie à l’émancipation de tout le continent africain et fera de la Guinée, le symbole incontesté du panafricanisme.
En ce 25 août 2025, nos pensées vont encore vers ses dignes fils de ce pays qui écrire, parfois de leur sang, cette glorieuse page de notre vie. Conakry a défié l’Histoire et le continent a suivi ses pas !
Par Tabouna Sylla
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