#UN_ALBUM_PASSÉ_AU_PEIGNE_FIN. Il est en train de se frayer un chemin royal dans le milieu artistique et culturel africain et européen. Et ambitionne d’être au panthéon de la culture africaine. Il a la volonté et le talent. Disons, donc, tout ce qu’il lui faut pour y parvenir. Il, c’est évidemment Cheikh Tidiane Diop communément surnommé CTD Diamant Noir, qui vous parle de son tout nouvel album [Don Alpha] à travers cette conversation …
Par Camara Mamady, Journaliste Farafinainfo.com
Farafinainfo.com : CTD (Cheikh Tidiane Diop) Diamant Noir, présentez-vous aux lecteur.rice.s de Farafinainfo.com, site panafricain d’informations générales qui ne vous connaissent pas ?
CTD Diamant Noir : Je m’appelle Cheikh Tidiane Diop, alias CTD Diamant Noir. Je suis artiste rappeur, mais aussi professeur de mathématiques. Je suis né entre plusieurs cultures — mauritanienne, sénégalaise et française — et je me définis comme un artisan de la parole, qui cherche à bâtir des ponts entre introspection, conscience et engagement.
Vous avez dévoilé votre nouvel album « Don Alpha » le 8 août dernier, quels ont été les retours ?
Les retours sont très positifs. Beaucoup de personnes me disent que l’album les a touchées par sa sincérité et sa profondeur. Certains morceaux, comme Fille d’honneur ou Graines semées, provoquent de vrais débats. C’est ce que je recherche : que ma musique fasse réfléchir autant qu’elle s’écoute.
Pourquoi avoir décidé de faire un album de huit (8) titres ?
En réalité, Don Alpha comporte neuf titres. Huit titres + un bonus track . J’ai pensé cet album comme un poème en neuf actes. Chaque morceau est une étape de réflexion et de vie. J’ai préféré miser sur l’intensité et la cohérence plutôt que sur la quantité.
Pourquoi avoir décidé de faire un album presque intégralement en français à l’exception des chansons « Mon fils » et « Diw Goûté ça » ?
Le français me permet d’exprimer toutes les nuances poétiques de ma plume et de s’adresser à un plus large public. Mais mes racines africaines sont essentielles. Avec Diw Goûté ça, j’ai invité Abdou Guité Seck et Job Sa Brain, pour justement rendre hommage à mes cultures africaines, et avec le titre Mon fils, en collaboration avec Réma DIOP, j’ai voulu donner une couleur plus intime et familiale. Cet équilibre était important pour moi.
Avez-vous mis combien de temps pour construire ce nouvel Album ?
L’album est le fruit de plusieurs années de maturation, mais j’ai travaillé dessus de manière concrète pendant environ deux ans. Certains morceaux sont venus très vite, d’autres ont demandé des réécritures, du silence et du temps.
Vous avez laissé entendre dans une interview : « C’est un album axé sur mon vécu », que voulez-vous dire concrètement ?
Je veux dire que mes expériences personnelles sont la matière première de cet album : mes blessures, mes voyages, mes luttes, mes héritages… Mais en les transformant en musique, elles deviennent universelles. Beaucoup de gens se reconnaissent dans ces histoires, parce qu’elles parlent aussi de nous tous.
Vous dites ouvertement et vertement dans cette chanson intitulée : “Fille d’honneur” : « … Elle crie dans l’ombre, mais personne ne répond. Le viol est un crime, pas juste un affront… ». D’où vous est venue l’inspiration pour écrire une si belle chanson qui dénonce l’atrocité qui est le viol ?
Le viol est une tragédie qui détruit des vies et qui reste trop souvent entourée de silence et de honte surtout dans mon pays d’origine, la Mauritanie. Avec Fille d’honneur, j’ai voulu écrire un cri, une voix pour celles qu’on n’entend pas. C’est une manière de dénoncer, mais aussi d’honorer les victimes et de rappeler que le viol est un crime absolu qui ne doit jamais être minimisé.
Dans cet autre titre “Verres Fêlés”, vous avez chanté : « … On apprend la loi du plus fort, pas celle de Newton, mais on trace nos routes de Nouakchott à Boston, les poings serrés … ». De quoi parlez-vous de manière indirecte ?
C’est une métaphore sociale. Trop souvent, nos sociétés nous enseignent la loi du plus fort, de la domination, au lieu de nous transmettre la connaissance et la justice. Mais malgré les fractures, malgré nos « verres fêlés », nous continuons à avancer, à tracer nos routes. En résumé, ce morceau parle de résilience du peuple noir et de la force de continuer malgré les épreuves.
Et dans cet autre morceau “Mon fils” de votre album « Don Alpha », vous avez fredonné : « … Ne cède pas à la colère, sinon tu périras ! Sois un guerrier, mais jamais dans une guérilla ! Tu es mon sang, mon prolongement … ». Vous vous adressez à Alpha, votre fils ?
Ce morceau s’adresse bien à mon fils. Mais vous faites sans doute le lien avec le titre de l’album Don Alpha. Mon fils, lui, ne s’appelle pas Alpha. J’ai écrit ce morceau comme une lettre ouverte : il est destiné à mon fils, mais aussi symboliquement à tous les enfants. C’est un message de transmission : apprendre à être fort, à se battre pour ses propres idées et convictions, mais sans jamais se laisser influencer par les combats des autres ni sombrer dans violence aveugle.
C.M
Farafinainfo à l’honneur : Le journaliste Chahreddine Berriah, lauréat



