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Reporter, témoin des faits

L’Étudiant activiste F. Kaké : “Il a accepté l’alternance avec grandeur (…) que l’on puisse adresser à sa gestion”

REGARD D’UN ÉTUDIANT ACTIVISTE.  Fellah Kaké, étudiant en France de son état, s’est prêté aux Questions de Farafinainfo.com et a posé son regard sur les trois (3) sujets marquants de l’actualité africaine de la semaine du lundi 22 septembre au dimanche 28 septembre 2025 en Guinée, en Afrique et dans le Monde pour votre site panafricain d’informations générales [ACTU DE LA SEMAINE EN 3 QUESTIONS].

 

Fellah Kaké, étudiant guinéen en Philosophie et activiste panafricain

“… bien qu’il soit légitime de se réjouir de cette décision de justice contre Nicolas Sarkozy…”

 

1) – [FRANCE-LIBYE] – L’ancien Président français Nicolas Sarkozy a été reconnu coupable “d’association de malfaiteurs dans l’affaire des financements libyens” et condamné à cinq ans de prison ferme avec mandat de dépôt à effet différé avec exécution provisoire. Disons-le franchement que cette condamnation, de l’auteur de cette triste phrase : “Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire …”, est diversement appréciée. Apprend-on que la présidente du tribunal ayant condamné Sarkozy avait participé à une manifestation contre lui. Quel commentaire faites-vous de cet imbroglio politico-judiciaire autour du mari de Carla Bruni ?

La condamnation de l’ancien président français Nicolas Sarkozy suscite une vague de réactions de la part des observateurs partout dans le monde. On peut classer ces différentes réactions en deux catégories.

La première : ceux qui condamnent cette décision de justice en soutien à l’ancien président. Parmi eux, il y a ses partisans ; ceux qui estiment que cette décision est fondée sur des spéculations, comme si l’on réglait de vieux comptes avec lui ; et aussi ceux qui pensent que c’est une humiliation pour la France entière, vu ce qu’il a incarné en tant que chef de l’État.

La deuxième : ceux animés par un sentiment de révolte, de colère, de douleur et d’indignation contre Sarkozy, à cause de ses actions en Afrique. Notamment : le rôle de son régime dans la déstabilisation et le renversement de celui de Laurent Gbagbo en 2011 en Côte d’Ivoire ; son discours insultant à l’université Cheikh Anta Diop en 2007, où il déclara que l’Afrique n’était pas encore suffisamment entrée dans l’histoire ; et surtout son implication dans la déstabilisation de la Libye et l’assassinat du guide de la révolution libyenne, Mouammar Kadhafi, en 2011.

Le premier groupe se trouve surtout en France, et le second, dans le monde entier, plus particulièrement chez les Africains.

Concernant les réactions du premier groupe, on peut admettre que leurs appréciations sont fondées sur des considérations personnelles à l’égard du condamné. Il faut également rappeler qu’il a été condamné par une juridiction française, pour une affaire relevant exclusivement des lois françaises, même si des implications extérieures peuvent exister.

Quant aux réactions du deuxième groupe, même s’il faut reconnaître que celles-ci sont légitimes, il est important de souligner que Sarkozy n’a pas été condamné pour les faits que cette catégorie d’observateurs lui reproche. Donc, même si ces réactions sont fondées, subsistent l’impunité et l’inaction des juridictions internationales qui devraient se saisir de ces dossiers — notamment ceux de la Côte d’Ivoire et de la Libye.

Bref, bien qu’il soit légitime de se réjouir de cette décision de justice contre Nicolas Sarkozy, il faut tout de même admettre qu’elle ne saurait effacer les douleurs que les Ivoiriens et les Libyens ont ressenties et continuent de ressentir, y compris tous les Africains qui s’indignent face aux réalités en jeu.

 

“ Quand on examine, par exemple, les articles fixant l’âge minimal à 40 ans et l’âge maximal à 80 ans pour être candidat à l’élection présidentielle, l’absence de renoncement à la double nationalité, la suppression de l’obligation de présenter publiquement ses biens à la télévision nationale avant la prise de fonction… “

 

2) – [GUINÉE] – La Guinée est officiellement entrée, ce vendredi nuit dans la Vè République. Le projet de nouvelle Constitution, adopté par référendum par les Guinéens, a été promulgué ce samedi 26 septembre 2025 par le Général Mamadi Doumbouya, Président de la Transition en Guinée. Qu’est-ce que vous en dites ?

À ce qui concerne l’adoption de la nouvelle Constitution par voie référendaire et sa promulgation par un décret de Mamadi Doumbouya — des faits qui, selon les spécialistes, nous conduisent directement vers une Ve République — cela a suscité des réactions diverses et variées.

Nous avons constaté le sentiment de joie provoqué chez les partisans du « Oui » et les réactions qui en ont suivi.

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Nous avons également observé une vague d’indignation de la part des partisans du « Non » et de ceux qui sont restés méfiants face à la situation.

Après avoir observé avec la plus grande attention le processus de rédaction de cette Constitution, son adoption par référendum, et les actions de ceux qui sont derrière cette réalité depuis la suspension de la Constitution qui offrait un mandat supplémentaire à l’ancien président Professeur Alpha CONDÉ, nous pouvons sans doute dire que, malgré l’article 5 de cette nouvelle Constitution (qui reconnaît le statut de langue officielle aux langues nationales) — que j’apprécie personnellement malgré les défis qu’il comporte — nous avons tout simplement gaspillé du temps et de l’argent pour aboutir à un résultat aussi déceptif.

Premièrement, pendant quatre ans, l’argent du contribuable guinéen a servi à maintenir un dispositif qui nous a produit une Constitution taillée sur mesure pour permettre à Mamadi Doumbouya de se présenter aux élections. Quand on examine, par exemple, les articles fixant l’âge minimal à 40 ans et l’âge maximal à 80 ans pour être candidat à l’élection présidentielle, l’absence de renoncement à la double nationalité, la suppression de l’obligation de présenter publiquement ses biens à la télévision nationale avant la prise de fonction, ou encore la suppression des débats télévisés entre candidats, ainsi que la non-poursuite possible de l’ancien président après son départ du pouvoir — tous ces éléments nous font croire que les quatre années de travail ont servi à produire une Constitution conçue pour un individu, car la quasi-totalité des autres articles existaient déjà dans les Constitutions précédentes.

Ce qui est encore plus consternant pour nous, c’est la suppression de l’article 151 des précédentes constitutions, qui ouvrait la voie pour que la Guinée s’intègre à l’unité africaine lorsque les conditions le permettraient. Connaissant le rôle crucial que la Guinée a joué dans la libération des autres pays africains et ses actions en faveur de l’unité africaine, nous sommes certains que nos devanciers, s’ils étaient encore vivants, seraient plus déçus que nous.

Mais qu’à cela ne tienne : on peut dire que la Constitution n’a jamais vraiment empêché nos dirigeants de gouverner, même au mépris des dispositions constitutionnelles. Nous avons eu des dirigeants qui n’ont pas respecté les normes constitutionnelles quand il s’est agi de mauvaise gouvernance ou de violation flagrante des droits fondamentaux des Guinéens.

Il reste maintenant à savoir si, après l’annonce de la date du scrutin présidentiel prévue pour le 28 décembre 2025, Mamadi Doumbouya va se présenter pour continuer à diriger le pays comme il l’a fait pendant les quatre dernières années, ou s’il renoncera à sa candidature, ou encore changera complètement de manière de gouverner, car la trajectoire actuelle n’est pas du tout idéale pour l’avenir du pays.

“Le nouveau dirigeant, quant à lui, doit savoir faire bon usage de cet héritage en travaillant dans l’intérêt supérieur de la nation, sans céder à la soumission aux intérêts impérialistes…”

 

3) – [MALAWI] – Dans une allocution télévisée Lazarus Chakwera Président sortant du Malawi et candidat à la présidence du Parti du Congrès du Malawi (MCP), a salué le travail de la Commission électoral et félicité le vainqueur de cette élection en ces termes : “J’ai appelé le Professeur Peter Mutharika pour le féliciter de sa victoire histoirique et lui souhaiter un plein succès dans son prochain mandat en tant que septième Président de la République du Malawi.” N’est-ce pas la démocratie, la vraie est (vraiment) belle ?

La réaction de Lazarus Chakwera, président sortant et candidat du parti MCP, a donné une nouvelle leçon de leadership à tous ceux qui ont opté pour ce modèle de régime démocratique, lors des élections.

Son acte, bien qu’il ait été salué au-delà des frontières du Malawi, reste l’un des comportements les plus attendus de la part des candidats aux élections présidentielles. Il laisse en effet un héritage d’espoir pour un scrutin libre et transparent, ainsi qu’une situation de stabilité pour le pays, dans un continent souvent marqué par les violences qui éclatent après chaque élection.

Nous sommes convaincus que si tous les pays africains ayant choisi ce modèle démocratique agissaient de la même manière, cela aurait permis d’éviter de nombreuses victimes et des dégâts considérables.

Il a accepté l’alternance avec grandeur, quels que soient les reproches que l’on puisse adresser à sa gestion. Car l’alternance, même si elle n’est pas en soi le pilier unique de la démocratie, en demeure l’une des manifestations les plus vivantes à travers le partage pacifique du pouvoir.

Nous espérons qu’à travers cet acte, les autres dirigeants prendront conscience du rôle qu’ils doivent jouer dans la préservation de la stabilité de leurs pays respectifs et du continent après les élections.

Le nouveau dirigeant, quant à lui, doit savoir faire bon usage de cet héritage en travaillant dans l’intérêt supérieur de la nation, sans céder à la soumission aux intérêts impérialistes ni à ceux de la classe dirigeante. Il doit également être un acteur engagé dans une véritable intégration africaine.

Rédaction de Farafinainfo.com

 

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