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Reporter, témoin des faits

MAURITANIE : Il n’y a pas de mots pour (…) la douleur de Diallo… [L’ENFER DE L’INAL]

13eme extrait

« Pendant ce temps, Souleymane et les autres préparent les prochaines victimes tout en veillant à respecter l’ordre des numéros. Quand arrive le tour du numéro onze, Diallo Sileye Beye ne peut s’empêcher de pousser un cri. Il reçoit un violent coup de pied pour avoir osé perturber le déroulement de la cérémonie. Ses yeux ne se détachent plus de cet homme à qui on est en train de passer la corde au cou. Cet homme qui n’est autre que son petit frère, le matelot Diallo AbdouI Beye, qui cessera d’exister dans moins de trois minutes et que plus jamais il ne reverra. Abdoul Beye ne proteste même pas, il est hissé au bout de la corde sous le regard ahuri de son frère.

Peut être une image de ‎une personne ou plus et ‎texte qui dit ’‎لأرامن امن تجمع 1991 الى 1989 مجرمين محاكمة COLLECTIF DES VEUVES JUGEMENT DES CRIMINELS DE 1989 à 1991 သန့‎’‎‎

Il n’y a pas de mots pour exprimer la douleur de Diallo Sileye Beye. Quand arrive le tour de Diallo Oumar Demba et son frère le soldat Diallo Ibrahima Demba, (le hasard a voulu qu’ils soient, tous les deux, sélectionnés pour les pendaisons et que leurs numéros se suivent, ils ont toujours tenu à rester ensemble), chacun d’eux, ne voulant pas assister à la mort de l’autre, demande à passer en premier. Un tirage au sort organisé par les bourreaux les départage, Ibrahima Demba, l’aîné, passe le premier. Le soldat de première classe, Ndiaye Samba Oumar, le chauffeur qui conduisait le véhicule le jour de mon arrestation, fait partie du lot. Le deuxième classe Samba Coulibaly, un soldat de mon escadron, qui porte le numéro 28 ferme cette macabre liste. Les pendaisons durent plus d’une heure. Après cela, tel des bêtes excitées par l’odeur du sang, le groupe de bourreaux, pris d’une euphorie collective, s’acharne sur les autres prisonniers et tape sur tout ce qui bouge.

Conséquences de cette folie collective, cinq morts supplémentaires. Parmi eux, le soldat de première classe Ly Mamadou Ousmane, le seul spécialiste de l’arme antiaérienne de calibre 14,5 mm de toute la région militaire. C’est lui qui assurait les stages de formation sur cette anne-là à tout le personnel, hommes de troupe, sous-officiers comme officiers. Il est né à Médina Fanaye et a grandi dans ma famille dans laquelle il est arrivé à l’âge de dix ans et ne nous a quitté que pour s’engager dans l’armée en décembre 1974.

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Quand je suis arrivé à La Guerra en 1982, il y était déjà et y restera avec moi jusqu’à son récent détachement à la base régionale pour former du personnel sur la 14,5 mm. Il lui est plusieurs fois arrivé de faire des déplacements à Boulanouar ou à Inal pour y donner des cours ou pour un dépannage. L’adjudant Diop Bocar BayaI, le responsable du magasin founier régional, fait aussi parti de ces cinq victimes. Ce sous-officier jovial s’entendait avec tout le monde, tous grades confondus.

La démence a été poussée jusqu’à symboliser la date du trentième anniversaire du pays par 28 pendaisons. Vingt-huit vies humaines sacrifiées sur l’autel de la bêtise humaine. Plus jamais cette date du 28 Novembre n’aura la même signification pour les Mauritaniens. » p121-122, Mohamadou Sy l’Enfer d’Inal

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