REGARD D’UN ACTIVISTE. Abass Diagana est un militant de la société civile, qui œuvre pour des causes nobles. Et ne se fait pas prier pour se prononcer sur la marche de l’Afrique. Ce membre fondateur « Touche Pas à Ma Nationalité » (TPMN) se prête aux Questions de Farafinainfo.com en posant son regard averti sur les trois faits marquants de l’actualité africaine de la semaine écoulée allant du lundi 1er décembre au dimanche 7 décembre 2025 en Guinée, en Afrique et dans le Monde. Ses réponses permettront sans aucun doute d’éclairer la lanterne des lecteu.rices de notre site panafricain d’informations générales de mieux comprendre les événements politico-économiques et sociaux ? qui se sont déroulés sur le continent noir. [ACTU DE LA SEMAINE EN 3 QUESTIONS].
Abass Diagana, Militant des causes nobles
« L’accord de paix signé à Washington entre Paul Kagame et Félix Tshisekedi, sous la médiation de Donald Trump, marque indéniablement un moment fort dans l’histoire récente des relations entre le Rwanda et la RDC. »
1-[RD CONGO -RWANDA]- Les Présidents rwandais Paul Kagame et congolais Félix Tshisekedi, qui ont été reçus jeudi 4 décembre 2025, à Washington, par Donald Trump, ont signé un accord de paix sur fond de divergences persistances entre le pays, certes, mais le Président américain parle d’un « grand miracle » en vantant un accord « puissant et détaillé ». Quel regard portez-vous sur cet accord de paix ?
L’accord de paix signé à Washington entre Paul Kagame et Félix Tshisekedi, sous la médiation de Donald Trump, marque indéniablement un moment fort dans l’histoire récente des relations entre le Rwanda et la RDC. Washington parle d’un « grand miracle » et d’un accord « puissant », mais la réalité reste plus complexe.
Sur le papier, le texte présente une feuille de route ambitieuse, mêlant cessez-le-feu, coopération sécuritaire et projets de développement. C’est un signal diplomatique important après des décennies de tensions et de conflits meurtriers dans l’Est congolais.
Cependant, l’optimisme doit être tempéré. Les combats n’ont pas totalement cessé sur le terrain, la méfiance entre les deux pays demeure profonde, et les intérêts économiques liés aux minerais sensibles de la région alimentent toujours les suspicions. Beaucoup redoutent que cet accord ne reste qu’un engagement de plus, sans véritable changement pour les populations.
En somme, l’accord de Washington ouvre une fenêtre d’espoir, mais sa réussite dépendra entièrement de sa mise en œuvre concrète. Sans volonté réelle et contrôle rigoureux, il risque de rejoindre la longue liste des promesses non tenues dans la région des Grands Lacs.
« J’appelle donc à la solidarité, à la vigilance et à l’engagement, car la libération de Dieynaba N’Diom n’est qu’une victoire partielle et un moment court d’espoir ».
2-[MAURITANIE]- La militante féministe mauritanienne Dieynaba N’diom, qui a été arrêtée le vendredi 28 novembre 2025 lors de la manifestation dénonçant le 35ème anniversaire du massacre d’Inal, a été libérée, mardi 2 décembre en compagnie d’autres personnes. Mais d’autres jeunes leaders continuent de croupir en prison n’est-ce pas ?
Malheureusement, la libération récente de Dieynaba N’Diom ne signifie pas que la répression a pris fin : d’autres jeunes leaders et militants restent encore détenus, et le climat reste lourd. Voici pourquoi, selon moi
Contexte :
Le 28 novembre 2025, des citoyens mauritaniens, militants, veuves, orphelins, ont manifesté à Nouakchott pour commémorer le massacre de 1990 à Inal, lorsqu’un groupe d’officiers noirs mauritaniens avait été exécuté. Ces manifestants demandaient justice, reconnaissance officielle et vérité. Parmi eux, Dieynaba N’Diom, sociologue et militante des droits des femmes, a été arrêtée, alors qu’elle appelle depuis longtemps à la mémoire, à la justice et à la dignité pour les victimes, simplement parce qu’elle a exercé son droit de s’exprimer.
Si Dieynaba a été relâchée le 2 décembre après quatre jours de détention, plusieurs de ses camarades militants, et de jeunes leaders restent emprisonnés ou ont été arrêtés dans les jours précédents ; je pense au camarade Youssouph Kamara, entre autres, qui a été arrêté arbitrairement, parce qu’il a dénoncé les abus et excès de zèle des policiers souvent acharnés contre les militants pacifiques des droits de l’hommes ; donc un détenu d’opinion. Ces arrestations s’inscrivent dans une dynamique de répression systématique : ceux qui osent rappeler le passé, défendre les droits des minorités noires, réclamer justice, dénoncer l’injustice sociale ou l’esclavage, sont souvent criminalisés.
J’appelle donc à la solidarité, à la vigilance et à l’engagement, car la libération de Dieynaba N’Diom n’est qu’une victoire partielle et un moment court d’espoir. Je lance également un appel solennel à tous ceux qui croient en la justice, l’égalité, la mémoire, les droits humains de ne jamais laisser l’arrestation d’un nom, vous faire oublier les autres. Demander la libération immédiate et sans condition de tous les détenus d’opinion, et exiger la vérité, la justice, la réparation.
« Ce qui se joue aujourd’hui, c’est bien plus qu’un contentieux électoral : c’est un test pour la démocratie, les droits humains et l’État de droit. »
3-[TANZANIE]- Des experts de l’ONU alertent sur la répression meurtrière post-électorale et la coupure d’internet. « Des centaines de personnes auraient été tués et plus de 1.700 arrêtés après les élections d’octobre, tandis que des corps auraient disparu des morgues », rapporte aa.com.tr. Un pays qui a une femme Présidente en la personne de Samia Suluhu Hassan. Qu’en pensez-vous ?
En Tanzanie, les alertes lancées par des experts de l’ONU font état d’une répression meurtrière après les élections d’octobre : des centaines de morts supposés, plus de 1.700 arrestations et une coupure d’Internet ayant empêché la documentation indépendante des violences.
Cette situation contraste fortement avec l’image plus « progressiste » que pouvait incarner Samia Suluhu Hassan, première femme présidente du pays. Malgré ce symbole, le pouvoir est accusé d’avoir recours à la force et à la censure pour contenir toute contestation.
Au-delà d’un simple contentieux électoral, cette crise pose la question du respect des libertés publiques et de l’état de droit en Tanzanie, et alerte sur un possible glissement autoritaire.
La situation actuelle en Tanzanie n’est pas un simple dérapage : c’est un tournant dangereux. L’usage de la force létale, les arrestations massives, le blackout d’Internet sont autant de manœuvres qui visent à bâillonner le peuple. Que la présidente soit une femme ne suffit pas à masquer ces réalités.
Ce qui se joue aujourd’hui, c’est bien plus qu’un contentieux électoral : c’est un test pour la démocratie, les droits humains et l’État de droit. Si la communauté internationale et la société civile n’imposent pas des enquêtes indépendantes, des réparations et la libération des détenus sans oublier des réformes institutionnelles, ce pays pourrait glisser dans un autoritarisme durable, sous couvert de légitimité électorale.
Rédaction de Farafinainfo.com
Farafinainfo à l’honneur : Le journaliste Chahreddine Berriah, lauréat




