Monsieur le Président de la République
J’observe le deuil après la perte, il y a seulement quinze jours, de mon père, alors que je me trouvais à l’étranger. C’était aussi le vôtre et celui du Président Ousmane SONKO.
Il a prié pour vous deux.
Pour nous trois.
Pour le Sénégal.
Pour la paix.
Le mardi 2 février, troisième jour de son rappel à Dieu, Ousmane est venu lui rendre un vibrant hommage au domicile familial. J’étais encore à l’étranger, comme vous d’ailleurs, et je sais que vous êtes également peiné par cette perte.
De la terre de Fatick fraîchement retournée pour son repos éternel, je suis sûr qu’il me pardonnera de rompre le silence de la décence pour m’adresser à vous, au vu de la forte tension que nous vivons actuellement.
Notre Sénégal que vous avez l’insigne honneur de diriger est à la croisée des chemins. Les vents forts agitent l’océan. Et notre barque tangue. Il faut écoper. Il faut calmer les esprits. Il faut essayer d’arriver à bon port, sain et sauf. Le climat mondial n’est à la faveur d’aucun pays. Le doute s’installe, montrant notre fragilité. Nous avons tous besoin de sérénité.
Monsieur le Président de la République,
Votre pouvoir politique temporel s’achemine vers la levée de l’immunité parlementaire de l’Honorable député Ousmane SONKO, posant ainsi le premier acte officiel pour traduire en justice le leader du PASTEEF-Les Patriotes, à la suite d’une accusation de viols répétés avec menace armée portée contre lui.
Cette affaire est truffée d’épaisses zones d’ombres avec un niveau d’implication politique et un amateurisme qui dépassent l’entendement. Les faits intrigants devraient plutôt nous inciter tous à la prudence.
Il est tentant de penser que l’occasion est trop belle pour la laisser échapper. Ce ne serait pas glorieux de raisonner ainsi.
Ensuite, Il sera probablement présenté au juge d’instruction. Vos faux amis vous supplient de le faire arrêter pour ne pas donner l’image d’être à la tête d’un Etat faible. Ils vous entrainent dans une voie sans issue et aux conséquences incalculables pour la stabilité de notre pays. N’ouvrez pas la boîte de Pandore !
Vous ne me croyez peut-être pas mais ce serait un signal inquiétant et un précédent dangereux car, dans cette affaire, tout conforte la perception d’une instrumentalisation des institutions pour un règlement de comptes politiques.
Notre société est imbue des valeurs qui enseignent de laisser parler notre âme de bons chevaliers dans certaines circonstances.
Monsieur le Président de la République,
Si certains pensent que ternir l’image de SONKO et faire baisser sa popularité positive auront comme résultat d’anéantir son mérite politique et faire échouer le projet ambitieux pour le Sénégal et l’Afrique qu’il incarne, ils se trompent. Le monde a changé.
L’objectif de réaliser le développement économique et social de notre pays dans la paix et la bonne gouvernance dépasse la personne d’Ousmane SONKO qui est déjà entré dans l’histoire politique du Sénégal de si belle manière. L’icône est dans les cœurs et rien ne peut l’en sortir ! La certitude des vertus de SONKO a déjà fait la toilette de ses travers supposés. Vous-même, vous connaissez sa valeur. Ne perdez pas votre temps si précieux et refusez de marquer l’histoire politique du Sénégal moins bien qu’il y est entré ! Le peuple sénégalais vous a confié son destin. Ceux qui vous soutiennent et croient en vous s’en trouveraient déçus.
Bula ko dara jaral!
Monsieur le Président de la République,
Je prétends vous connaitre tous les deux et je sais que la crise économique, sociale et sanitaire que traverse notre pays vous préoccupe tous, profondément.
Le projet d’un autre Sénégal mieux géré est également nourri par d’autres sensibilités politiques et sociales dans l’opposition comme dans la mouvance présidentielle.
Concentrons-nous sur ces défis majeurs dans un élan de concorde civile, chacun selon ses convictions.
Les épreuves personnelles des leaders politiques ne changeront en rien les aspirations légitimes du peuple sénégalais, maintes fois bafouées et qui attendent d’être satisfaites par ceux qui prétendent apporter des solutions.
Allons donc à l’essentiel !
Le Sénégal vous écoute.
Le monde vous regarde.
L’histoire retiendra.
Et le Sénégal restera toujours.
Boubacar CAMARA, Citoyen sénégalais
Dakar, le 13 février 2021