Sarr est l’arbitre mauritanien le plus capé sur le plan international. Il a son actif quatre CAN: Egypte 86, Maroc 88, Algérie 90 et Sénégal 92, dont une finale arbitrée en terre chérifienne. Il a participé à deux Coupes du monde junior en Arabie Saoudite en 1989, et au Portugal en 1991. Idrissa Sarr travaille actuellement comme instructeur pour le compte de la CAF, et de la FIFA après sa retraite d’arbitre international.
Du gravillon au gazon
Dans la chaleur exténuante du Sahara, bravant le vent du désert, le jeune Idrissa Sarr a entamé sa carrière professionnelle d’arbitre sur les terrains sablonneux et rocailleux de la Mauritanie. Petit à petit, il a gravi les échelons du monde de l’arbitrage pour se tailler une place respectable sous les projecteurs des pelouses du monde entier. Devenu ainsi arbitre international en 1982, Idrissa a participé en 1983 à Nouakchott à sa première compétition de la Zone II, communément surnommée la coupe Amilcar Cabral.
Dès lors, Idrissa Sarr a fait partie des arbitres qui comptent sur le continent africain. Trois ans après la compétition de la Zone II, il a fait partie des meilleurs sifflets choisis pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de l’Égypte. «Je me rappelle bien de l’Égypte 86. J’étais un bleu parmi les arbitres de renommée internationale, entre autres, Ben Nasser, Picon, Tesfaye, Biramba. Ils étaient des stars de l’arbitrage africain. Par conséquent, je passais mon temps à les observer et à comprendre comment ils se comportaient lors de ce regroupement-là. C’est à partir de ces observations que j’ai élaboré une façon de me préparer, à mettre les bouchées doubles pour faire partie des meilleurs arbitres de la CAN au Maroc en 1988», se souvient-il.
Maroc 88, la CAN de la consécration
Un peu avant cette CAN, Idy comme l’appellent ses intimes, a arbitré plusieurs rencontres des Jeux de l’Afrique Centrale à Brazzaville en 1987. Il est élu meilleur arbitre lors de la Coupe Amilcar Cabral en 1988. C’est ainsi que débute la conquête d’une couronne continentale dans le royaume chérifien. Au pays des Lions de l’Atlas, le meilleur sifflet «Mourabitoune» a magistralement arbitré ses différentes rencontres sportives faisant preuve «d’autorité et de dextérité» comme il est relevé par les médias de l’époque.
La finale de 1988 était une revanche de celle de 1984 entre le Cameroun et le Nigeria, à Abidjan. De quoi ajouter à la tension ambiante, et au poids qui pesait sur les épaules du mauritanien. Le soutien de ses pairs l’a beaucoup aidé à supporter tout ce contexte tendu, chargé d’électricité.
«A la finale de la CAN Maroc 88, qui mettait aux prises le Cameroun et le Nigeria, j’ai senti autour de moi le soutien indéfectible des arbitres de haut niveau. Ils m’ont vivement conseillé, ont encadré ma préparation. Leur aide a été précieuse. C’est cet amas de bienveillance qui m’a fait siffler une bonne finale de CAN au stade Mohamed V» dit-il sans aucun brin d’orgueil, mais de fierté tout de même.
Cette finale s’est soldée par une nouvelle victoire des Lions indomptables du Cameroun sur les Aigles du Nigeria grâce au penalty sifflé par Idrissa Sarr contre la défense nigériane. Un penalty qui a été tiré et marqué par le colosse libéro camerounais Emmanuel Kundé. «Avant ce penalty, j’avais refusé un but à l’équipe nigériane pour une faute commise. Le penalty? C’est sûr et certain qu’il y avait une faute commise. Et je l’ai sifflée! C’est tout. Jusqu’à présent en revoyant les images, tout le monde est d’accord avec moi qu’il y a bel et bien une faute. Les joueurs nigérians ont été très grands d’accepter cette faute indiscutable. Et leurs homologues camerounais ont gagné la compétition» justifie-t-il.
Une relève tardive
La Mauritanie court toujours sa toute première qualification à une phase finale de CAN, paradoxalement elle a engendré de grands arbitres sur l’échiquier du ballon rond, au niveau mondial. Pour Idrissa Sarr, c’est un paradoxe qui n’en est pas réellement un. «Je ne cois pas qu’il y ait une explication à donner à cela. Lorsque Partita faisait les beaux jours de l’arbitrage européen, la Hongrie était au tapis. Quand Ali Ben Nacer faisait les beaux jours de l’arbitrage africain, son pays, la Tunisie, était au tapis. Lorsque Vautro faisait les beaux jours de l’arbitrage européen, la France était au plus bas» développe-t-il.
La cour des bonnes réputations
Aujourd’hui Idrissa Sarr est instructeur à la CAF et à la FIFA, après des années à la présidence de la commission centrale des arbitres. Il y a un mois à peine, Idrissa Sarr était l’hôte des responsables de la fédération ivoirienne de football pour former les inspecteurs des arbitres du foot ivoirien. Une carrière, un flambeau à perpétuer, après la retraite que d’autres arbitres ne pourront avoir; tel que le malien Idrissa Traoré.
Il aurait tenté de vendre la demi-finale Sénégal/Algérie de la CAN 90 aux dirigeants du foot sénégalais. «Les arbitres, ce sont des hommes comme tous les autres hommes. Il y a des honnêtes et des malhonnêtes, mais en arriver à ce niveau très bas, je ne m’y attendais pas de la part de Idrissa Traoré. C’était un de nos exemples, humainement et sportivement, au même titre que Ben Nacer ou Picon. Mais quand on tombe dans ce genre de travers, on perd tout: on perd la notoriété, on n’est plus une référence aux yeux des gens. Ceux qui ont accepté de rester dignes malgré des tentations, ont continué leur carrière et travaillent aujourd’hui comme instructeur pour le compte de la CAF et/ou de la FIFA» conclut Idrissa Sarr.
El Madios Ben Chérif