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Reporter, témoin des faits

L’antériorité des Noirs dans le peuplement de la Mauritanie actuelle, un marqueur indélébile

Bien et bien avant nos prestigieux royaumes et Etats traditionnels du Sud (Waalo, Wagadu, Gidimaxa, Fuuta Tooro), régulièrement convoqués pour répondre à une vilaine et distrayante publication qui fait passer les Noirs de Mauritanie pour des étrangers, l’antériorité du peuplement noir au Sahara et dans tout le Maghreb est attestée par les archéologues, les historiens. Certaines sources arabes sont d’ailleurs parmi les premières à le reconnaître.

Les Sudan (Noirs) ne sont progressivement descendus plus au Sud qu’après la péjoration du climat puis avec l’insécurité engendrée par des vagues de peuplements venues de «l’Occident» ou de l’Orient (Berbères qui sont fiers de leur patrimoine puis Arabes avec l’islamisation).

Bien des découvertes scientifiques plaident pour cette hypothèse partagée et publiée par les spécialistes reconnus par leur rigueur : les découvertes de peintures rupestres et d’outils en pierres ont convaincu nombre de scientifiques que le Sahara était verdoyant, fertile et devrait être arrosé de rivières qui descendaient de l’Atlas. De riches sites d’agriculteurs noirs se seraient développés en particulier dans la région actuelle de l’Inchiri, des localités de Tichitt ou Oualata par exemples.

La toponymie du Sahara mauritanien est formelle : Il était habité par des populations noires (Serere, Sooninko, Fulbe, Bambara ou Bamanan, Wolof) qui se sont progressivement installées ou repliées au Sud des faits cumulés de la péjoration du climat (assèchement, aridité) et de l’insécurité engendrée par les invasions venues du Nord. Les traces de leur présence sont volontairement ignorées et cachées, systématiquement effacées par des historiens au service de l’idéologie panarabiste.

Trois petits exemples devraient mettre au grand jour la grande arnaque de l’auteur de la vilaine publication  : Atara qui a donné naissance à Atar signifierait en Bamanan « Il vient de partir », la montagne de l’Assaba était appelée hayre Ngaal en Pulaar, Chinguitti vient du Sooninke Si ngede qui veut dire puits du cheval. Et voilà qui renforce l’idée d’un Sahara verdoyant à l’époque. Les exemples en rapport avec l’héritage Serere peuvent être multipliés à profusion. Cette réalité historique est connue de spécialistes.

L’objectif de ce texte est simple : rappeler cette antériorité avec simplicité pour rendre sa vulgarisation accessible et à portée de tous. Nul besoin d’encombrer avec des références et des dates. Les nationalistes panarabistes mauritaniens n’ignorent pas cette réalité.

Leur projet est de rendre la Mauritanie plus arabe que les pays du Golfe : aucune trace, aucune mémoire noire et même berbère ne doit rappeler la réalité, cela fait désordre. Il faut tout effacer et vite. En attendant de débaptiser les villes et villages du Sud, de nouvelles localités et quartiers à consonance arabe sont créées à côté, des quartiers de Nouakchott et d’autres symboles de souveraineté tirent leurs noms de villes «soeurs arabes» au mépris de l’histoire glorieuse et de la géographie locales héritées de nos prestigieux royaumes du Trarza, de l’Adrar, du Brakna, du Tagant….Les exemples font légion. Il arrive de plus en plus que l’identité de personnes de la vallée soit gommée de l’état civil par effacement du nom de famille.

Ils ne laissent rien au hasard et sont déterminés à réaliser ce Grand Effacement quitte à anéantir toute fierté discordante. Dès lors, la défense de l’identité plurielle s’impose.

Boubacar Diagana et Ciré Ba – Paris, le 11/05/2021