Quelqu’un m’a dit ce matin, alors qu’on venait participer à la prière, que personne ne saura faire l’éloge funèbre de Ablaye Ciré aussi parfaitement que lui savait le faire et l’avait fait à d’autres. Il avait raison.
L’homme avait une maîtrise parfaite de la langue française. Il savait dire ceux qu’il aimait, ceux qui avaient réussi à lui arracher un tant soit peu de respect. Il savait magnifier les traits de caractère qui l’avaient séduit chez tel ou tel. Il savait mettre en exergue ce qu’il y avait de bien et faire passer comme «péché mignon» la faiblesse qui détonne.
Ablaye Ciré Ba était d’une vérité qui l’empêchait d’utiliser ses compétences au service d’une cause qui ne le faisait pas vibrer. C’est pourquoi ses plus beaux produits ont été les hommages.
Je l’ai côtoyé, puis rencontré plusieurs fois, mais je ne l’ai véritablement connu qu’au début des années 90, alors que nous avions fait partie d’un groupe de journalistes sénégalais, maliens et mauritaniens, réunis au Sénégal dans le cadre d’un séminaire de l’institut PANOS.
Intransigeant sans être indélicat, Ciré Ba a été un critique, une sorte d’objection morale à ses compagnons politiques. Comme il a été un maître pour des générations de journalistes qui ont travaillé avec lui ou qui l’ont vu à la tâche.
Il y a quelques mois, il venait m’avertir qu’il se savait condamné. Je lui rétorquais alors que le courage qu’il avait pour prononcer ces mots, me manquait quand il s’agit de les entendre. Je lui débinais tout ce que je pouvais de propos optimistes et porteurs d’espérance. Il me rétorqua qu’il avait mené une vie certes convenable, mais pendant laquelle il s’est laissé prendre au piège de l’insouciance. «Cela me rattrape aujourd’hui au plus profond de moi…»
S’en suivit un long échange sur ce que nous sommes, ce que nous avons été le jour où nous ne serons plus. Nous convînmes que le meilleur pour nous est ce que notre Créateur décidera pour nous.
Ablaye Ciré Ba continuera à se battre, écrira, corrigera quelques textes, participera avec ses confrères de la rédaction à l’amélioration du rendu quotidien. Avant de tomber…
Merci à tous ceux qui ont aidé à lui apporter les soutiens nécessaires pour alléger ses souffrances, à tous ceux qui l’ont accompagné jusqu’au dernier souffle.
Merci à la Présidence de la République qui, à travers le ministre Moctar Ould Dahi, a suivi son dossier et apporté son soutien.
Merci au Président de l’Assemblée Nationale, Cheikh Ould Baya qui n’a pas hésité à prendre en charge les soins et le séjour à Tunis.
A son épouse Fatou, à ses enfants, à son ancienne épouse et cousine, à ses amis et frères de Bababé, à ses compagnons du Mouvement, à ses collègues des différents médias, à BSD, Asmiou, Lalla Aîcha, Moussa & Moussa… à tous les amoureux de cette plume, vont mes condoléances les plus attristées.
إنا لله و إنا إليه راجعون
Par Ould Oumeïr Mohamed Fall, Journaliste et Directeur Général AMI (Agence Mauritanienne d’Information)