Hafidjouh Baldé, Juriste : «Les familles des victimes de ce coup d’État ont besoin de justice et non de médailles»
Ce lundi 10 janvier 2022, la Rédaction de Farafinainfo.com a fait réagir l’un de ses chroniqueurs, Hafidjouh Baldé, Entrepreneur & Juriste de son état aux faits marquants de l’actualité de la semaine écoulée en République de Guinée et dans la sous-région – Actu de la Semaine en 3 Questions – Entretien …
Mohamed Ould Abdel Aziz, ancien Président de la République Islamique de Mauritanie, qui est incarcéré depuis des mois, a subi une opération aorto-artériel en détention, vient de bénéficier une liberté provisoire ce vendredi 07 janvier 2022. Il serait placé sous contrôle judiciaire strict à son domicile. Quelle lecture faites-vous de la situation d’emprisonnement de l’ancien président qui a passé la main à son vieil ami de 40 ans ?
L’emprisonnement de l’ancien Président de la Mauritanie, Mr Mohamed Ould Abdel Aziz, laisse, a priori, entrevoir une lecture d’un processus juridico-politique qui consiste à mettre cet ancien chef d’Etat face à ses responsabilités devant les juridictions de son pays. Cela n’est pas courant en Afrique et plus particulièrement dans ce pays islamique dirigé exclusivement par la communauté Maure de peau blanche. C’est une apparence logique de gestion démocratique qui s’exprime à travers cette liberté provisoire pour des raisons de santé. Cette apparence cache en réalité un règlement de compte, qui ne dit pas son nom. Comment comprendre cette situation entre deux hommes soudés par une amitié vieille d’au moins quarante ans ? Difficile à croire que le nouvel homme fort de Nouakchott n’ait pas bénéficié, d’une manière ou d’une autre, des largesses de son ami ancien président. Difficile à croire que son ami ancien président n’ait pas usé de son pouvoir et de son influence pour le mettre à sa place à la Présidence de la République. J’ai l’impression que ce genre de situation incline les chefs d’État africains à mourir au pouvoir. Ils estiment que même l’alternance démocratique à travers des élections ne les met pas à l’abri d’ennuis judiciaires.
Le Colonel Mamadi Doumbouya, Président de la Transition, a procédé, vendredi 07 janvier 2022, à la décoration à titre posthume de «tous les militaires morts le jour (5 septembre2021) du coup d’Etat» perpétré contre le Pr. Apha Condé, le désormais ancien Président de la République de Guinée. Que pensez-vous de cette cérémonie de décoration à titre posthume ?
La décoration à titre posthume faite par le Colonel Mamadi Doumbouya sonne comme une mesure de sapeurs-pompiers. A mon avis, les familles des victimes de ce coup d’État ont besoin de justice et non de médailles. Mais, comme il est habitué à prendre de mesures grotesques pour souler les Guinéens, il pense panser cette plaie là de la sorte . C’est donc juste une mesure destinée à calmer la colère des victimes de ce coup d’État et à détourner l’attention de l’opinion nationale sur certains problèmes actuels tels que la mise à l’écart du Premier Ministre (Mohamed Béavogui, ndrl) dans la gestion des affaires de l’Etat, la bavure administrative des nominations fantaisistes ayant entraîné le limogeage injuste de la ministre de la justice, la confiscation du domaine de l’église, les Cases de Bellevue au profit de la famille Sékou Touré …
La durée de la Transition politique en République du Mali passe de six (6) mois à cinq (5) ans. Quelle bonne nouvelle pour les putschistes maliens et guinéens ! Le Colonel Assimi Goïta et ses compagnons d’armes peuvent-ils résister à la pression internationale
La durée de la transition au Mali passe de six mois à cinq ans. Je crois que les Maliens ont leurs bonnes raisons de rallonger ainsi la durée de leur transition. Il faut d’abord souligner que le Mali a des problèmes sécuritaires récurrents. Il n’est donc pas facile de gérer une transition dans ces conditions. Il faut aussi souligner les autorités de la transition malienne font face à la France qui, sous prétexte d’aider le Mali, s’occupe en réalité de ses intérêts miniers et y apporte plus de problèmes que de solutions. Ils sont même dans l’obligation de trouver d’autres partenaires stratégiques pour combattre le terrorisme que la France a tout l’air d’entretenir. Assimi Goïta et son équipe doivent tout faire pour résister à la pression des prédateurs, qui se font appeler communauté internationale, qui accentuent leur pression à travers leurs valets et marionnettes locaux appelés CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, ndrl). Ils doivent bénéficier du soutien de leurs voisins immédiats avec qui ils partagent les mêmes frontières pour éviter d’étouffer la population malienne martyrisée à cause des richesses de son pays .
Quant à la junte guinéenne actuelle, le Colonel Mamadi Doumbouya et son équipe doivent savoir que la situation guinéenne n’est pas identique à celle du Mali. Au début j’étais de ceux qui pensaient que le CNRD (Comité National du Rassemblement pour le Développement, ndrl) devait bénéficier de suffisamment de temps pour poser les jalons de refondation de notre pays avant de céder le pouvoir à un civil. Mais à où vont les choses et à la lumière des mesures impopulaires et inutiles qu’ils ont prises récemment … Vu leur manière expéditive d’agir dans les nominations et limogeage, le retour massif d’anciens dignitaires alors qu’ils avaient promis qu’il n’y aurait pas de recyclage ……. J’ai l’impression de me retrouver face à la situation suivante : Alpha a Condé a dit : « Je reprends la Guinée où Sékou Touré l’a laissée pour poursuivre son œuvre » et Colonel Mamadi Doumbouya LE FAIT comme pour prouver qu’il a fait un coup d’État arrangé pour écarter un Alpha Condé mourant afin de remettre la famille Sékou Touré au pouvoir.
Rédaction de Farafinainfo.com