Le Figaro – Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a accusé mardi 12 janvier les mercenaires du groupe russe Wagner de «soutenir» la junte au pouvoir au Mali sous couvert de lutte antidjihadiste.
«Wagner est là pour soutenir la junte mais en faisant croire qu’ils viennent combattre le terrorisme», a-t-il déclaré lors d’une audition devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.
«Ce qui se passe au Mali est une véritable fuite en avant de la junte au pouvoir qui, au mépris de ses engagements, souhaite confisquer le pouvoir pendant des années et priver le peuple malien de ses choix démocratiques», a-t-il ajouté.
«Cette junte illégale se proposait de tenir en otage la population malienne» pendant cinq ans, a-t-il poursuivi en référence au report des élections, initialement prévues en février, destinées à ramener les civils au pouvoir.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a décrété dimanche la fermeture des frontières avec le Mali et un embargo commercial et financier, sanctionnant durement le projet de la junte de continuer à diriger le pays pendant plusieurs années. Le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a dit lundi rester ouvert au dialogue avec la Communauté des États ouest-africains, tout en appelant ses compatriotes au calme et à la «résilience».
Jean-Yves Le Drian a aussi accusé la Russie de «mensonge» concernant le statut de la force Wagner, soupçonnée d’agir en sous-main pour le compte du Kremlin, ce que Moscou dément formellement. «Lorsqu’on interroge nos collègues russes sur Wagner, ils déclarent ne pas (en) connaître l’existence», a-t-il raconté. «Quand il s’agit de mercenaires qui sont d’anciens combattants russes, qui ont des armes russes, qui sont transportés par des avions russes, il serait quand même étonnant que les autorités russes ne le sachent pas», a-t-il estimé. «Nous vivons dans le mensonge», a-t-il lancé.
Paris a cherché en vain à dissuader Bamako de faire appel aux services du groupe paramilitaire russe Wagner. De plus en plus nombreux, des instructeurs russes ont été déployés ces dernières semaines, notamment à Tombouctou, selon des responsables militaires maliens.
Le Figaro avec AFP