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Reporter, témoin des faits

AVCB, une volonté de shoatiser un passé glorieux, touche pas à mon AST !

Permettez que je reprenne ce titre de l’une de mes récentes tribunes, car ça a en vaut vraiment la peine : À quand la fin de la haine perfide et viscérale contre le Président Ahmed Sékou Touré, père de l’indépendance de notre patrimoine commun ?

Cette question vaut tout son pesant d’or aujourd’hui, car la haine continue d’être propagée dans les entrailles de la population. La société guinéenne est malade de cette réalité sans véritable nom : l’impardon.

En effet, tout juste après la rebaptisation de l’aéroport international de Gbessia au nom de feu Président Ahmed Sékou Touré (paix à son âme) par le Président de la Transition, le Colonel Mamadi Doumbouya, le 16 décembre 2021, aussitôt, l’AVCB a introduit à la Présidence une requête d’annulation de cet acte magnanime de grande portée des autorités du pays. Le Secrétariat Général à la Présidence a, aux dires de l’association elle-même, opposé une fin de NON RECEVOIR à cette demande controversée, qui ne cesse de susciter des réactions dans l’opinion. La bataille se trouve désormais à la Cour Suprême. Cette association veut mordicus que cette décision souveraine et pleinement assumée des autorités, que plus d’un guinéen salue d’ailleurs, soit annulée.

Il y a de beaucoup de surenchère éhontée dans cette histoire d’AVCB. Je vous donne un exemple frappant pour vous montrer combien de fois les arguments de certains des membres de cette association ne tiennent pas du tout la route.

En effet, dans l’émission ‘’Droit dans les yeux ‘’ du journaliste Mohamed Aly Condé, à l’époque journaliste à la Radio Espace FM, l’ancien Président de cette même association, Abass Bah, disait, par rapport à son incarcération en 1978, je cite «…Sékou m’a arrêté parce que je suis d’une bonne famille, l’un des descendants de Thierno Aliou Mandian de Labé….» Etonné par ces propos, le journaliste lui demande «Quel intérêt avait-il ? »

Abass Bah répond : « Sékou Touré n’aimait pas les bonnes familles.» 

Incroyable ! On peut donc arrêter une personne en République de Guinée pour le simple motif qu’elle soit d’une bonne famille ? Être d’une bonne famille était donc un crime sous la première République ? C’est trop léger et sournois cet argument. (La vidéo de l’émission est disponible sur les réseaux sociaux).

Plutôt que d’attiser la tension à tout moment, ou de continuer à s’agitater contre la mémoire d’une personne décédée il y a trente (38) ans de cela, pourquoi ne pas encourage aujourd’hui une dynamique du pardon entre nous guinéens ? D’ailleurs, qui n’est pas réellement victime dans ce pays ?

Quand le stade de Nongo a été rebaptisé au nom de feu Général Lansana Conté le 24 novembre 2019 par le Président d’alors, le Professeur Alpha CONDE, avez-vous vu ou entendu un membre de l’association des victimes du 4 juillet 1985 se lever contre cette décision de haute portée des autorités de l’époque ? Non.

Pourtant, cette association des victimes du 4 juillet 1985, contrairement à l’AVCB qui se contente d’attribuer 50.000 morts à la première République sans apporter la moindre preuve à travers une liste nominative concernant ce chiffre, détient la liste complète de ceux qui ont péri lors des évènements du 4 juillet. Ceux-ci ne se sont pas levés contre cette décision du Professeur Alpha Condé bien qu’ayant été victimes, mais parce qu’ils ont un sens élevé de pardon et de réconciliation sans lesquels on ne saurait parler de développement.

Si on prend ce chiffre de 50.000 morts des vingt-six (26) ans du régime d’AST, le ratio est de 2.630 personnes par an. Le camp Boiro était-il vraiment aussi grand pour accueillir tout ce monde ?

Pendant la guerre de sécession aux Etats-Unis, les Pères Fondateurs ont fait assassiner des millions d’américains, mais malgré cela, ils trônent au Capitole. Napoléon a charcuté la société française, mais Napoléon est au Panthéon de Paris en face de la Sorbonne.

Ouari Boumedienne a châtié les harkis algériens qui avaient rejoint les colons français contre l’Algérie. Mais, l’aéroport d’Alger porte le nom de Boumedienne.

Au Sénégal, le massacre de Valdiodio Ndiaye et de ses compagnons n’a pas empêché les sénégalais de donner le nom de leur aéroport à Léopold Sédar Senghor qui est le principal accusé de ces assassinats.

En Côte d’Ivoire, le Président Félix Houphouët-Boigny est accusé d’avoir donné l’ordre aux marsouins pour éradiquer l’ethnie Swanhi. Mais, l’Aéroport d’Abidjan, le plus grand pont d’Abidjan, le plus grand stade d’Abidjan portent le nom d’Houphouët-Boigny. C’est pourtant Houphouët-Boigny qui a fait emprisonner et torturer l’écrivain panafricaniste Ahmadou Kourouma.

Senghor est pourtant accusé par nombre de sénégalais d’avoir fait assassiner les grands intellectuels sénégalais : Birago Diop, David Diop…Il est aussi accusé d’avoir anéanti le savant Cheikh Anta Diop, sans parler de son Premier Ministre, Mamadou Dia, qui est devenu aveugle en prison. Mais, l’Aéroport de Dakar porte magistralement son nom.

Mais en Guinée, dès qu’on parle de célébrer le Père de la Nation, le Président Sékou Touré, la clique éternelle lance une polémique pour ternir cette noble action. Elle pousse l’outrecuidance jusqu’à inverser les rôles entre la victime et le bourreau. Elle nous fait croire que le bourreau c’est Sékou Touré, et la victime c’est la françafrique et ses complices. Alors que c’est la Guinée de Sékou Touré qui a été victime dans cette guerre secrète qui a été lancée contre nous.

L’AVCB, un vecteur de propagation de la haine ?

Ce qui est surtout incompréhensible et inadmissible, quand on réhabilite ou donne le nom d’un édifice public à un de ces personnages controversés auxquels il est reproché de s’être inscrit dans des entreprises de déstabilisation contre leur propre pays à un moment donné de l’histoire, ces mêmes gens qui se font passer aujourd’hui pour ceux qui veulent la justice applaudissent. Où est réellement la sincérité ?

Le combattre de son vivant, sans succès, mort, ils continuent de combattre le Président AST sans succès également. Pourquoi ne pas se remettre à Dieu si on est réellement croyant ? Il faut sortir de cette fracture mémorielle.

En clair, renier le Président AST, c’est également se renier soi-même, car il fait partie de notre vécu commun. Certes, Il n’était pas un saint, mais il n’était pas non plus un incube comme certains veulent faire croire à l’opinion. Bref, ce recours en annulation de la décision de rébaptisation de l’Aéroport au nom d’AST, est un acte attentatoire à la mémoire de notre pays. Mais, une chose est sûre c’est que même dans sa tombe, l’homme du 28 septembre 1958 continuera à garder la tête haute !

D’ailleurs, pourquoi l’AVCB ne demanderait-elle pas au pays de De Gaulle la déclassification des dossiers guinéens ?

Sayon MARA, Juriste