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Reporter, témoin des faits

Mauritanie : Démission de Kadiata Malick Diallo députée à l’Assemblée Nationale du groupe parlementaire UFP-RFD

Au lendemain de notre élection en 2018, alors même que l’Ufp vivait une situation normale (nous assistions naturellement aux réunions des instances, le Comité Permanent en particulier) l’opposition avait décidé de mettre sur pied une commission de préparation de l’activité parlementaire.

Mohamed MAOULOUD, sans poser le problème au CP et sans m’informer (alors que je suis vice-présidente, chargée des élus et ayant une expérience de 7ans de vie parlementaire), désigne Khalilou DEDDE, fraîchement élu député, pour y représenter l’UFP.

Je ne l’apprendrai que lors de la réunion regroupant tous les députés de l’opposition, dirigée alors par Yahya Ahmed Waghef. J’ai fait en son temps la remarque au cours d’une réunion du CP.

Après l’ouverture de la session, sans se référer une nouvelle fois au CP et sans m’informer, Mohamed MAOULOUD décide que Khalilou sera président du groupe parlementaire UFP-RFD qui venait d’être constitué, le poste de rapporteur général du budget revenant à Nana CHEIKHNA. J’apprendrai la nomination de Nana à travers le site Alakhbar et celle de Khalilou par un député TAWASSOUL. Même à l’Assemblée Nationale, la surprise était totale. Khalilou cumulera le poste de 2e rapporteur de la commission des Affaires économiques avec la présidence du groupe parlementaire. Je laisse passer.

À la deuxième année, le RFD devait prendre la présidence du groupe et l’UFP celui de rapporteur général du budget, poste que Mohamed Maouloud attribuera de nouveau à Khalilou, lors d’une réunion du groupe. Ce que je refuse évidemment. Les autres députés, par souci de compromis, proposent à Mohamed de prendre la présidence du groupe. Il rejette l’offre, sous prétexte qu’il n’en a pas le temps et que de toute façon c’est Khalilou que le parti a désigné. Je m’oppose à la désignation de Khalilou. Abdarrahmane Ould Mini entreprend une négociation avec Mohamed qui, finalement, accepte de prendre la présidence du groupe. Ce qu’il me présente comme solution et que j’accepte. El Id sera rapporteur du budget.

À la troisième année, le RFD réclame la présidence du groupe pour Abderrahmane Mini. Mohamed MAOULOUD, fidèle à sa volonté de m’exclure coûte que coûte, propose Khalilou comme rapporteur, la vice-présidence de la commission des finances reviendra au groupe qui l’attribue à Mohamed SIDI MAOULOUD. Nouvelle crise. Le RFD (Yacoub Diallo, El Id et ould Mini) demande en vain à l’UFP de renoncer à mon exclusion. Même le Président du groupe UPR, le SG de l’Assemblée se mêleront aux négociations. Devant l’impasse, l’UFP finira simplement par être privée de tout poste. C’est ainsi que Mohamed Lemine SIDI MAOULOUD occupera le poste de rapporteur et Nana CHEIKHNA la vice-présidence de la commission des finances.

La quatrième année, Abderrahmane Mini m’informe que Mohamed Maouloud lui a suggéré de reconduire la même situation. Il me demande si j’avais une objection à cela. J’accepte sans problème, lui dis-je.

A l’ouverture de la première session parlementaire 2022-2023, la cinquième année de notre mandat et probablement la dernière session de la législature en cours, à notre grande surprise, le président du groupe Abderrahmane Mini, député RFD, envoie, par WhatsApp, une note nous informant que « dans le cadre du renouvellement des instances de l’Assemblée Nationale, le groupe UFP-RFD procède ainsi qu’il suit:

« Président du groupe Khalilou Deddé; Rapporteur général du budget: Nana Cheikhna ».

Je demande, avec mes deux collègues Mohamed Lemine Sidi Mowloud et Me El Id des explications. Sur notre insistance, le président du groupe finit par accepter l’idée d’une réunion. Cette fois, j’ai tenu à exprimer, avant et au cours de la réunion, mon refus d’accepter un piétinement systématique de mes droits qui dure depuis quatre ans. Nous avons été obligés de suspendre la réunion et de demander au président du groupe Abderrahmane Mini, de tenter de trouver une solution de compromis. Au bout d’une semaine, le président nous a réunis de nouveau pour nous annoncer qu’il n’a pas pu trouver de solution et que la décision qu’il avait annoncée reste inchangée.

J’ai de ce fait estimé, après avoir consenti le sacrifice de me faire exclure pendant plusieurs années, pour sauver la vie du groupe, qu’il s’agissait là d’un mépris de la part de Mohamed Ould Maouloud et son clan à mon égard, attitude que beaucoup de gens pourraient trouver surprenante de sa part, lui qui prétend lutter contre les injustices, les discriminations, les règlements de compte et l’exclusion.

J’ai, en conséquence, après avoir enduré tant d’injustice, de provocation et de traitement pour le moins sans élégance, décidé de présenter ma démission du groupe parlementaire UFP-RFD, le 18 octobre 2022.

Par Kadiata Malick Diallo