Farafinainfo.com
Reporter, témoin des faits

Pèlerinage à Sorimalé : Les morts qui vivent dans les cœurs !

Publié le par Camara Mamady

Le village Sorimalé a vibré, vendredi dernier, aux rythmes de la cérémonie organisée pour rendre hommage aux «onze» martyrs originaires de cette localité. Cette journée des souvenirs à commencé par le mot de bienvenue du chef du village de Sorimalé, Amadou Boudy Sow, suivis de la prière de deux Rakkhas, des déclarations de responsables d’ organisations de défense de droits humains, de personnalités de la scène politique comme le sénateur Youssou Sylla et de témoignages des parents des victimes.

 Les «pèlerins-militants » et sympathisants de plusieurs organisations des droits humains, entre autres, l’IRA, le Mouvement TPMN, SOS-Esclaves, COVICIM, CJH, OJDDS, CR et la Coordination de la Jeunesse Haratine ainsi qu’une délégation des parents des martyrs comprenant des veuves et des orphelins étaient partis tard de Nouakchott. Le voyage a été rythmé par un accueil chaleureux accueillis des habitants des villages environnants de Sorimalé. Une émouvante cérémonie s’est, par ailleurs tenue sur l’esplanade de Niaki, une « localité-tombe » des victimes des événements de mars 1990.

 Les larmes en partage

Les veuves, les orphelins et les proches des martyrs de Sorimalé sont massivement sortis et se sont installés à quelques pas de la «fosse commune» gravée des noms des quatre personnes -Ly Mamadou Oumar, Dia Samba Diouldé, Diallo Thierno Mamadou et Ly Abou Mamadou- pour accueillir avec tous les égards, mais dans une ferveur humaine les pèlerins. L’émotion était vive dans cette foule humaine mobilisée à l’occasion comme, on pouvait s’y attendre. Certains proches de martyrs toujours encore inconsolables. C’est le cas de Ly Amadou Mamadou qui a perdu son père Ly Mamadou Oumar et son petit-frère Ly Abou Mamadou, pendant les tueries du 18 mars 1990 à Sorimalé. Tout comme ces trois femmes Adja Amath Samba Dia, Aïssata Thierno Moctar Diallo et Aïssata Abou Tall qui ont respectivement perdu pères et maris. De fait, on ne s’est pas fait prier pour raconter les violences et la brutalité vécues par ceux qui sont passées entre les mains des bourreaux.

Autres articles

18 ANS DE CARRIÈRE : [N’KANOU], une de mes 3…

À LA TÊTE DES MOURABITOUNES : Amir Abdou a fait…

Les souffrances en héritage

En effet, nombreux étaient les orphelins, les veuves et les frères des victimes qui ont souhaité se confier malgré les larmes. Ils désiraient tout simplement apprendre au monde entier les tragiques mésaventures de leurs parents. Ly Amadou Mamadou raconte : «Mon père Ly Mamadou Oumar et ses frères étaient partis du village pour chercher ses animaux qui n’étaient pas revenus à la maison. C’est ainsi qu’ils ont été poursuivis, attaqués et tués par les éléments de la garde. Quant à mon grand-frère Ly Abou Mamadou, il a été poursuivi jusqu’au village. Les gardes, Moktar Ould Boukhary et ses hommes l’ont tué dans sa chambre. Depuis des années, nous souffrons car justice n’a pas été faite pour nos parents». La même souffrance est ressentie par Aïssata Thierno Moctar Diallo dans sa chair. Pourtant elle n’était que bébé ce 18 mars 1990. A l’en croire, la souffrance lui a été transmise par sa maman qui n’a jamais pu se remettre de la mort brutale de son mari.

 Ces chiffres qui donnent la chair de poule

Dans son allocution aux cérémonies l’enseignant-chercheur, Ndiaye Seydou Amadou a donné des indications générales sur le nombre de personnes tuées et de foyers déplacés : 107 foyers déplacés à Maghama ; 476 localités déportées ; 355 victimes recensées et 4 charniers découverts à Wothie, Sorimalé, Wending et Teydoumal. Il faut noter que Hane Amadou Mamadou, le porte-parole de l’assemblée générale de Sorimalé a aussi donné des chiffres de la barbarie perpétrée dans son village : 11 victimes ; 11 veuves éplorées et 41 orphelins. Il y a aussi des hommes et des femmes qui ont été marqués à vie tels que le vieux Hanne Oumar Samba qui souffre de la maladie de parkinson comme un certain boxeur Mohammed Aly. Et pour finir, Balla Touré, le chargé de l’organisation de cette sortie a dit que la page n’est pas encore tournée. Le pardon n’est pas non plus à l’ordre du jour. Les victimes et les ayants-droits continuent à demander que justice soit faite». Mieux, il a dit que cette prière est un pacte entre les défenseurs de droits humains et les descendants des victimes.

Camara Mamady

Le Rénovateur Quotidien