Tant qu’un Président africain fera le jeu ou l’affaire des occidentaux, il peut dormir tranquillement sur ses deux oreillers, sans rien craindre. Il peut s’offrir, sans inquiétude aucune, autant de mandats qu’il veut aux manettes de son pays. Il peut négliger son peuple, le malmener, l’oppresser, sans que Paris ne lui fasse des réprimandes. Par contre, il suffit juste qu’un Président dénonce ou s’oppose à la mauvaise politique occidentale en Afrique, pour qu’il se voie tout de suite renverser par un mouton de panurge de Paris ou qu’il se retrouve au centre d’un matraquage médiatique de la part de la presse occidentale. La récente réélection du Président Aly Bongo Odimba pour un troisième mandat au Gabon, étaie éloquemment ce passage.
En effet, pas plus tard que le samedi 26 août 2023, le Président Aly Bongo s’est offert un mandat supplémentaire au Gabon. Aux Champs Elysées, à l’Union africaine, aucune réprobation. Ni la France, ni l’Union africaine n’ont levé le doigt contre le troisième mandat de M. Bongo qui a hérité le pouvoir de son père, dont la famille dirige, avec une main de fer, le Gabon, depuis plus de soixante (60) ans. Même pas une petite réprobation.
Nonobstant un état de santé fragile, M. Ali Bongo Ondimba s’est porté candidat à sa propre succession. Le samedi 26 août 2023, l’élection s’est tenue et il a remporté, du moins selon l’organe de gestion des élections gabonaises, haut les mains l’élection. Malgré les cris de fraudes de la classe politique, l’union africaine et Paris restent sourdes. On fait comme si rien n’était.
Pourtant, en Guinée, quand le Prof Alpha Condé a annoncé à l’époque son intention de briguer un troisième mandat, les autorités françaises ont affiché leur totale opposition, en condamnant avec véhémence cela. « Le Président Condé a une carrière d’opposant qui aurait justifié qu’il organise de lui-même une bonne alternance. Et d’évidence, il a organisé un referendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir », ainsi marquait son opposition le Président français, M. Emmanuel Macron.
En même temps qu’il a fustigé le troisième mandat du Prof Alpha Condé, le Président français Emmanuel Macron a tenté d’expliquer son approbation du mandat supplémentaire du Président ivoirien M. Alhassane Ouattara. Il a trouvé une excuse pour celui-ci : « Le cas de la Guinée et celui de la Côte d’Ivoire dans la même catégorie. » Triste réalité !
Au sein de la CEDEAO, les Présidents qui se sont opposés au troisième mandat du Prof Alpha Condé, ont applaudi celui du Président Alhassane Ouattara. En quoi Alhassane Ouattara et Aly Bongo seraient plus légitimes pour briguer un mandat de plus que le Prof Alpha Condé ? Un troisième mandat n’est-il pas égal à un troisième mandat ?
Ces prises de position à géométrie variable, cette politique du deux poids, deux mesures de la France et des organisations continentales, renforcent gaillardement, dans leur position, ceux qui dénoncent la politique française en Afrique, des organisations sous-régionales et continentales qui fonctionnement au gré des claquements de doigts des occidentaux.
Sayon MARA, Juriste