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Le « Soli » : danse de duel en Basse Guinée, danse pour les futurs circoncis dans les milieux malinkés

Si en Basse Guinée, notamment à Kania du côté de Kindia, le « Soli » est une resplendissante danse de défi et de revanche, de lutte, de duel, d’affrontement, entre des protagonistes qui cherchent à se balayer ou à se renverser à un certain moment, dans les milieux malinkés par contre, c’est une danse traditionnelle organisée en l’honneur des futurs circoncis.

Évidemment, dans le Sankaran profond, dans le Kourankodougou ou dans le Mandé Bèrè et autres, c’est une danse de réjouissance, d’exhibition et de retrouvailles.

En effet, veillée à l’occasion des circoncisions, cette danse traditionnelle est une grande fête de réjouissance. Les futurs candidats à la circoncision doivent impérativement apprendre des pas d’elle avant le grand jour. Dans le pays Kourankodougou par exemple, chaque circoncis s’habillera, au cours de ces rituels, dans des accoutrements de jeunes filles. Chaque nuit, ils danseront jusqu’au petit matin. Généralement, ces rituels commencent trois jours avant la circoncision. Je m’y connais un peu parce que, je suis passé par là aussi. C’était à Kouloudiaradou, du côté de Banankoro, dans la préfecture de Kérouané.

L’après-récolte est le moment choisi pour cette danse, et ce, pour permettre au village de bien préparer la cérémonie. C’est souvent entre les mois de décembre et de janvier. Pendant plusieurs jours, les familles ne travailleront pas. Tout le village est mobilisé au grand complet. C’est la fête. Tout le monde s’active pour la réussite de l’évènement. Personne n’est en reste. Les villages voisins sont également invités. Oyé, oyé, Oyé ! Oyééééééé ! Les oncles maternels des futurs circoncis sont les invités d’honneur de l’évènement.

Autrefois, dans les milieux malinkés, ce temps était l’un des meilleurs moments, pour ne pas dire le moment le plus important. Les candidats à la circoncision ou « kènè ou kènè kè » ou encore « kènè den » en langue maninka, sont protégés, sécurisés, mis ensemble dans une case préparée pour la circonstance. A l’abri des regards et des mauvais esprits, ils y resteront, sous la surveillance permanente des anciens, jusqu’au jour de la circoncision.

Chez moi, dans le Kourankodougou, si le futur candidat à la circoncision est le premier fils de la famille, son père immolera obligatoirement ce jour un grand bœuf. Les préparatifs commencent un an avant, à travers les champs. Il faut faire de grands champs pour pouvoir nourrir les invités, entretenir les circoncis et les doyens qui sont autour d’eux pendant deux à trois mois. C’est une contrainte morale.

Pendant la période de la circoncision, les moments de douleurs et de pleurs des « kènè den », ne devraient, en aucune manière, être vus par les femmes. Dans la conception malinké, un homme ne devrait, en aucune manière, couler les larmes devant une femme.

Les jours qui suivent également la circoncision, les circoncis ou « kènè den » en langue maninka, sont mis à l’abri des regards des femmes. Ils sont sous la surveillance permanente des anciens, comme souligné plus haut, le tout coordonné par un « séma » ou le surveillant des circoncis dont la mission est d’inculquer aux circoncis les bonnes valeurs de la société.

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Dans ce lieu occulte réservé aux initiés, le « séma » est un homme très craint. Toujours inséparable de son petit fouet, il enseigne les règles de bonnes conduites aux circoncis. Comment se comporter autour du plat, comment manger, comment se coucher, quels sont les interdits dans la société, quelles sont les règles sociétales qu’il ne faut jamais enfreindre, comment être endurant face aux épreuves, c’est lui qui enseigne toutes ces valeurs. Il leur enseigne aussi les plantes médicinales et autres, les prépare, en un mot, aux épreuves de la vie.

La nuit, les circoncis forment un cercle autour d’un grand feu allumé dans la case. Le « sèma » veille sur tout. Rien ne lui échappe. Le moindre mouvement déplacé est soit réprimandé soit sanctionné. Même en dormant, on fait attention pour ne pas enfreindre aux règles.

Une jeune fille est choisie au village dont le rôle sera d’apporter de l’eau aux circoncis. Cette jeune fille est appelée en langue maninka « dji ban kôro » ou « finir l’eau du marigot ». Pendant la première semaine, il y a un endroit où les femmes viennent déposer les mangers pour les circoncis. Elles ne peuvent dépasser cette limite, au risque d’être sanctionnées. Seuls les hommes peuvent voir les circoncis pendant cette période.

Si c’est des non circoncis, la danse organisée en leur honneur c’est « sôkô » ou la danse des non circoncis.

Mais, très malheureusement, au nom d’une prétendue universalisation culturelle, la plupart des sociétés malinkés n’organisent plus cette danse. Oui, toutes ces valeurs culturelles ont été emportées par le vent de la mondialisation. Kabako !

Sayon MARA, Juriste

 

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