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ACTU DE LA SEMAINE EN 3 QUESTIONS – Dr. M. M. Diakité: “La France est une sangsue inféodée à l’Afrique noire.”

REGARD D’UN INTELLECTUEL. [Actu de la Semaine en 3 Questions] C’est ici que les intellectuels africains prennent la PAROLE et se prononcent sur l’ACTUALITÉ marquante de la SEMAINE dernière du CONTINENT NOIR en répondant aux 3 QUESTIONS de Farafinainfo.com.

Ce mercredi 14 août 2024, l’Universitaire Dr. Mory Mandiana Diakité a bien voulu répondre à nos questions sans langue de bois portant sur l’actualité africaine de la semaine écoulée. Entretien …

 

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1)      – Quel regard portez-vous sur l’avant-projet de la nouvelle Constitution de la Guinée, qui a été dévoilé le 29 juillet 2024, par le Conseil National de la Transition (CNT) ? Que pourriez-vous apporter pour enrichir cet avant-projet de la nouvelle Constitution ?

 

 » l’âge de la candidature et la candidature indépendante font couler beaucoup d’encre et de salive »

L’avant-projet de la nouvelle constitution a été effectivement présenté par le CNT le 29 juillet dernier. Je n’ai pas encore lu le texte en entier. Mais en suivant l’actualité nationale à travers des médias, notamment ceux en ligne,  comme tout autre lecteur, on s’aperçoit que les dispositions définissant l’âge de la candidature et la candidature indépendante font couler beaucoup d’encre et de salive. Pour ma part, que ce soit l’un ou l’autre, je ne trouve pas d’inconvénient. Le problème n’est pas la rédaction et promulgation des textes de loi, c’est plutôt leur application dans les règles de l’art. Je ne sais pas ce que cette nouvelle loi dit sur la question de polygamie, d’autant plus que la notion de famille reste un sujet évasif dans la plupart des pays africains.  Autrement dit, qu’est-ce qu’elle prévoit pour protéger le droit des orphelins ainsi que celui des enfants nés hors mariage, qui sont innocents ? Il y a beaucoup d’autres choses telles que l’adultère,  la question foncière ou l’appartenance des terres, la question des langues nationales, la cybercriminalité, l’ingérence étrangère dans nos affaires intérieures, etc., sont entre autres sujets qui ne peuvent être ignorés lorsqu’on élabore une nouvelle constitution. Mais la question foncière doit attirer l’attention de tout homme conscient du danger que cela représente pour les futures générations. Les coutumiers sont en train de vendre tout leur domaine par hectare aux nouveaux nantis, essentiellement des hauts cadres de l’Etat. Beaucoup de citoyens risquent de se retrouver sans terre plusieurs décennies après, en milieu urbain  tout comme en milieu rural, alors qu’ils vivent dans leur propre pays. Parce que tout simplement les premiers ont bazardé des domaines familiaux sans penser aux générations futures. Le taux de croissance démographique ne faiblit pas, chose qui accroit la pression foncière.  Donc cela doit occuper une place de soi lorsqu’on élabore une nouvelle constitution.

Par ailleurs, il y a également  le profil des membres choisis pour rédiger la constitution, dont le choix doit obéir à certains critères, dont le niveau académique et la probité morale. Car, un corrompu ne pourra jamais être dur lorsqu’il s’agit de définir des textes contre la corruption. Il en est de même pour un adultère ou un affamé de pouvoir. En plus, ce qu’il faut craindre,   c’est le piège. En Afrique, le plus souvent, dans l’élaboration d’une nouvelle constitution, on fait en sorte que le chemin soit balisé pour une candidature du président en exercice pour la continuité du régime. Mais ces actes s’apparentent à de coup d’Etat constitutionnel, qui est en vogue depuis l’avènement de la démocratie, type occidental. En tout cas, il y aura toujours quelque chose qui arrange ceux qui la rédigent, qu’on cache au peuple, essentiellement analphabète ou insuffisamment alphabétisé.

 Bref, nos textes de loi doivent être africanisés, comme les Chinois ont sinotisé les leurs, en tenant compte des réalités concrètes du pays. Le copier-coller ne marche pas dans tous les cas, même si on peut tirer des leçons du passé et s’inspirer des expériences des autres. Malheureusement, on a la paresse de réfléchir par nous-mêmes et pour notre propre bien-être. Les autres tiennent des réunions chez eux sans qu’on y aperçoive une seule tête noire, mais chez nous, même pour organiser un dialogue franc et sincère entre nous-mêmes pour rapprocher les positions, il faut l’implication des autres.

2)      – “Le verdict de la cour était attendu, et le sort des prévenus n’a pas surpris en RD Congo, pas même les principaux concernés. Sur les 26 personnes condamnées, seules 5 étaient présentes. Les 21 autres, en fuite, ont donc été condamnées par contumace. Elles étaient poursuivies pour “crime de guerre”, ”participation à un mouvement insurrectionnel” ou “trahison”.  Pour le ministre de la Justice Constant Mutamba, il s’agit d’un procès historique qui a “réparé moralement les victimes de l’activisme du M23”, soutenu par Kigali” rapporte RFI. Qu’en pensez-vous ?

D’abord, permettez-moi de rappeler que ce verdict intervient dans un contexte marqué par l’avancée des rebelles supposés être soutenus par le Rwanda. Plusieurs localités dans le Nord-Kivu seraient passées sous le contre de ces derniers, malgré l’entrée en vigueur d’un nouveau cessez-le-feu, signé le 4 août dernier.

Pour le verdict, sans surprise, les cinq accusés présents au procès ont été condamnés à la peine de mort pour trahison et participation à un mouvement insurrectionnel. Parmi eux, figure Éric Nkuba, un proche collaborateur de Corneille Nangaa, le principal accusé de cette tentative de renversement du pouvoir en place par la force. Il faut préciser que monsieur Nangaa et les principaux leaders du M23 ont été reconnus coupables et condamnés à mort par contumace dans ce procès, qui a duré deux semaines. Ils sont accusés d’entretenir des liens avec le Rwanda pour déstabiliser la RDC. Selon la justice, l’ex-président de la Ceni, Nangaa, n’a pas pris des mesures nécessaires pour empêcher les combattants du M23 placés sous son contrôle de commettre leur forfaiture.

Quoiqu’il en soit, la situation sécuritaire risque de se détériorer davantage, d’autant que ce pays souffre depuis la chute du paranoïaque dictateur, Mobutu Sese Seko, chassé au pouvoir par une rébellion armée soutenue par le Rwanda voisin. Cette attaque qui a fait l’objet du jugement s’inscrit dans ce cadre.

3)      – “La Russie accuse l’Ukraine d’ouvrir “un deuxième front” en Afrique après une attaque contre Wagner au Mali”, rapporte TF1 Info. Après le Mali, le Niger rompt ses relations diplomatiques avec l’Ukraine. Quelle analyse faites-vous de cette triste situation ?

Je crois que c’est l’Ukraine qui a clamé sa participation active dans l’attaque contre les FAMas (Forces Armées Maliennes, ndlr) et les instructeurs russes à Tinzaouatin, chose qui a provoqué cette rupture diplomatique entre ces deux pays de l’AES ( et elle. Selon les médias, il y a des russes qui y ont perdu leurs vies. Si la Russie accuse alors l’Ukraine de quoi que ce soit, je crois qu’on ne peut l’en vouloir.

Comme l’a affirmé le Président Vladimir Poutine, je pense que c’est une provocation à grande échelle de sa part, avec le soutien sans faille de ses alliés occidentaux. La Russie est victime de sa puissance militaire et de sa sincérité dans sa coopération avec les pays africains. Elle est un contrepoids de la domination occidentale sur l’Afrique noire.

Même l’ambassade de l’Ukraine à Dakar a revendiqué cette attaque. Que voulez-vous alors que le Mali fasse ? Le Niger étant appartenant à une nouvelle entité géopolitique qui est l’AES,  par solidarité, c’était prévisible que celui-ci, à son tour, emboîte le pas. Nulle surprise également si le Burkina Faso aussi en fait autant, évidemment s’il existe des relations bilatérales entre lui et l’Ukraine.

Mais ce qui est étonnant dans tout cela, c’est le silence de cimetière observé par la part des dirigeants africains pour condamner cette attaque terroriste barbare, sans précédent. Alors qu’on se rappelle encore de l’attaque terroriste barbare contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo, qui fut occasion de mobilisation de beaucoup de dirigeants africains pour aller exprimer leur compassion et soutien à l’Etat français. Si d’autres mêmes n’ont pas contribué financièrement pour la compensation des dommages causés à cet organe de presse caricaturiste afin de se faire plaire à l’Hexagone. La France est une sangsue inféodée à l’Afrique noire. Elle terrorise tellement psychologiquement nos dirigeants, que ces derniers ont peur de manifester ouvertement leur solidarité puisque l’autre camp est jugé pro russe, au risque d’hériter un sort non enviable. C’est le lieu de saluer le courage du Président Bassirou Diomaye Faye, qui a dépêché son premier Ministre, Ousmane Sonko, pour aller présenter ses condoléances les plus attristées au peuple malien et à leurs dirigeants, tout en réaffirmant son engagement à soutenir ce pays frère durement éprouvé par le terrorisme.

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Rédaction de Farafinainfo.com 

 

 

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