En Guinée, les leçons de l’histoire récente continuent d’interpeller notre conscience collective. Les querelles politiques, les divisions sociales et les manœuvres dilatoires ont souvent pris le dessus sur les intérêts supérieurs de la nation. L’épisode tumultueux du référendum constitutionnel et de la présidentielle de 2020 en est une illustration marquante. Malgré les bruits, les violences et les tentatives de blocage, les échéances ont eu lieu, parfois au prix d’un lourd tribut pour la paix sociale.
Aujourd’hui, alors que l’avant-projet de nouvelle constitution se trouve à la croisée des chemins, il est essentiel d’adopter une posture responsable. Notre classe politique et sociale doit comprendre que saboter la vulgarisation de cet avant-projet reviendrait à compromettre une opportunité cruciale de dialogue et de refondation nationale. Une telle attitude ne fait que perpétuer le cycle de méfiance, d’instabilité et de division qui fragilise notre pays depuis des décennies.
La politique, dans son essence, n’est pas un champ de guerre où chacun cherche à vaincre son adversaire à tout prix. Elle est avant tout une lecture lucide des réalités du moment, une capacité à anticiper les défis et à œuvrer pour le bien commun. Le contexte actuel exige une approche qui transcende les intérêts partisans pour privilégier l’intérêt général. Cela implique d’écouter, de comprendre et de dialoguer avec toutes les composantes de la société, y compris celles qui expriment des désaccords.
Un fait encourageant mérite d’être souligné : les populations rurales, longtemps marginalisées dans les processus de décision, adhèrent massivement à cette démarche. Elles participent activement et apportent déjà leurs contributions. Pour la première fois dans l’histoire constitutionnelle de la Guinée, un projet est élaboré avec la participation inclusive de toutes les couches politiques, sociales et populaires du pays. Comme l’a souligné le Président de la Transition, le Général Mamadi Doumbouya, cette consultation doit nous rassembler et nous ressembler.
La vulgarisation de l’avant-projet de constitution ne doit donc pas être perçue comme une menace, mais comme une étape indispensable pour permettre à chaque citoyen de comprendre, d’interroger et de s’approprier les enjeux. Empêcher ce processus, c’est confisquer le droit du peuple à participer activement à la construction de son avenir.
Nous devons tirer les leçons de 2020 : la force brute ou les stratégies de blocage ne peuvent ni effacer les aspirations populaires, ni résoudre durablement les différends politiques. Au contraire, elles creusent davantage le fossé entre les citoyens et leurs dirigeants. L’heure est venue de changer de paradigme.
Notre appel est simple mais crucial : que chaque acteur politique, social et citoyen prenne conscience de sa responsabilité historique. La Guinée ne peut se permettre de manquer cette nouvelle occasion de renouveau. Engageons-nous ensemble, dans un esprit de respect mutuel et de responsabilité partagée, à construire une nation plus unie, plus forte et plus juste.
La Guinée nous appartient à tous. Faisons-en une fierté commune.
Soninké Diané
Cadre du CNT
Citoyen.
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