L’Économiste D-M Keïta : “Le projet de Simandou ne doit pas être un outil de propagande politique, plutôt …”
REGARD D’UN ÉCONOMISTE. Doussou Mohamed Keïta a bien voulu se prêter aux Questions de la Rédaction de Farafinainfo.com. Et est revenu sur les faits marquants de l’Actualité [économique] de la Semaine écoulée en Afrique particulièrement la décision du Comité de Politique Monétaire (CPM) de la BCEAO, ensuite la démarche ambitieuse vise à dynamiser un secteur clé pour l’économie mauritanienne. Et en Guinée, le mont Simandou est un « pont vers la prospérité (de la Guinée et des Guinéens). [Actu de la Semaine en 3 Questions].
Doussou Mohamed Keïta, Economiste
« La réponse est évidemment dans la question : nous sommes dans un contexte d’inflation croissante, qui a atteint 4,1 % au deuxième trimestre 2024, contre 2,9 % au trimestre précédent »
1– « Le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a décidé, à l’issue de sa réunion tenue le 4 décembre 2024, de maintenir le principal taux directeur auquel la Banque Centrale prête ses ressources aux banques à 3,50%, ainsi que le taux d’intérêt sur le guichet de prêt marginal à 5,50%, niveaux en vigueur depuis le 16 décembre 2023.”, rapporte le Communiqué de presse n°04/2024 de la réunion ordinaire du Comité de Politique Monétaire de la BCEAO tenue le 4 décembre 2024 tout en précisant que “Cette décision résulte de l’analyse de l’activité économique, de l’évolution des prix et de la situation extérieure de l’Union” Que pensez-vous de cette décision de la Banque Centrale États de Afrique de l’Ouest (BCEAO) ?
La réponse est évidemment dans la question : nous sommes dans un contexte d’inflation croissante, qui a atteint 4,1 % au deuxième trimestre 2024, contre 2,9 % au trimestre précédent. En dépit d’une croissance économique appréciable, l’inflation continue d’augmenter dans l’UEMOA par ricochet dans les pays non membres de l’union. À la différence de la BCE, la FED qui s’inscrivent dans les baisses de taux, l’institution ouest africaine temporise en espérant un répit poir 2025. Il y a lieu de préciser qu’entre les chocs externes, les aléas climatiques, l’insécurité régionale, le défi pourrait se compliquer voire imprévisible. Notons aussi que les récents bouleversements politiques dans la région n’ont pas favorisé le climat des affaires.
Nos économies n’étant pas mobiles, face à des taux d’intérêts élevés, les rendements obligataires restent supérieurs à 7% sur les titres souverains, ils atteignent 9% pour certains, voire plus pour d’autres pays. Cela soulève des questions sur la réelle capacité du marché à répondre aux besoins des États et de l’économie. Les banques ne se financent plus au taux de refinancement de 3,5%, mais plutôt autour de 5.5%, le taux marginal de prêt marginal.
Ceci représente un coût excessif qui se répercute sur les nouveaux crédits, les banques ajustent leur marge entre le coût de mobilisation de la ressource et le taux auquel elles prêtent à l’économie.
Réguler cette situation nécessite assez d’efforts au sein de nos États, de la BCEAO.
« Cette initiative répond à la configuration actuelle qui est celle de la problématique de gestion et de survie des PME en Afrique au Sud du Sahara. »
2– Le Ministère de l’Autonomisation des Jeunes, de l’Emploi, des Sports et du Service Civique a ouvert une nouvelle page en faveur des Petites et Moyennes Entreprises (PME). Sous la direction du ministre Mohamed Abdellahi Louly, un atelier de réflexion et de partage a été organisé pour poser les bases d’un dispositif innovant: un Small Business Act mauritanien. L’objectif de cette initiative est clair : faciliter l’accès des PME aux marchés nationaux et internationaux, tout en leur garantissant une part équitable dans les marchés publics. Cette démarche ambitieuse vise à dynamiser un secteur clé pour l’économie mauritanienne. Quel regard portez-vous sur cette démarche?
Ministre Mauritanien et son staff
Cette initiative répond à la configuration actuelle qui est celle de la problématique de gestion et de survie des PME en Afrique au Sud du Sahara.
De telle initiative doit être balisée par des dispositifs institutionnels, incitatifs et encadrés. La structure de nos marchés fait que les banques restent timides à l’octroi de prêts aux initiatives privées. Surtout que les marchés publics sont quasiment le champ la prédilection des fonctionnaires, chacun crée des entreprises pour s’adjuger les appels d’offre.
L’Etat doit s’impliquer par des initiatives qui favorisent l’épanouissement des PME à l’aune de l’Etat chinois, mettre un mécanisme de migration de l’économie informelle vers l’économie formelle, structurée. C‘est une évidence, l’essor économique de l’Afrique viendra du secteur privé.
« L’impératif, c’est d’évaluer le mode de participation de l’Etat de Guinée dans les projets d’envergure comme celui du mont Simandou. »
3– « Pour le gouvernement guinéen et ses partenaires, Simandou est un « pont vers la prospérité (de la Guinée et des Guinéens). Cela signifie que les retombées économiques du projet doivent permettre un développement inclusif et sortir des millions de Guinéens de la pauvreté. Au-delà des 60 000 emplois annuels que devrait générer la phase d’exploitation de Simandou, les autorités accordent une importance particulière au capital humain, surtout en matière d’éducation. », renseigne AgenceEcofin. Le message de la prospérité tant chantée, vous y croyez ou pas ?
Le Mont Simandou
La prospérité est un idéal pour tout pays, la République de Guinée ne peut faire l’exception. Ce projet de Simandou ne doit pas être un outil de propagande politique, plutôt il doit revêtir le manteau d’approche et de contenu stratégiques avec pour finalité un gain partagé à tous au travers des programmes de développement touchant : l’économie, le système de santé, les infrastructures, la sécurité alimentaire, la justice, l’éducation, la recherche scientifique, la formation, l’industrie, l’agriculture, la défense et la sécurité …. d’après les études, tout le sud repose sur les mines même la région de Boké. Les différentes politiques doivent tenir compte de ces paramètres et déployer un mécanisme qui répond à cette éventualité.
L’impératif, c’est d’évaluer le mode de participation de l’Etat de Guinée dans les projets d’envergure comme celui du mont Simandou.
Ne soyons pas focus seulement sur les recettes fiscales provenant des activités minières. Le Nigeria l’a compris en diversifiant les sources de recettes mais la situation du Deltat reste une tache noire à ce niveau. Malheureusement, on constate la prééminence de la propagande à la place de la prospective stratégique. Que sera Simandou dans 1 siècle ?
La gestion d’un pays prend en compte la génération présente, passée et future, donc attention à ce qu’on fait pour éviter à la génération future d’hériter un lourd tribut.
Rédaction de Farafinainfo.com
Farafinainfo à l’honneur : Le journaliste Chahreddine Berriah, lauréat