Dans cet entretien exclusif, Laye Famo Condé, président réélu de l’AJRK (Association des journalistes de la région de Kankan) revient sur son élection et le rôle de l’association dans le développement du secteur médiatique en Guinée.
Entretien réalisé par Hadja Fanta Touré, Journaliste Farafinainfo.com
1)- Tout d’abord, félicitations pour votre réélection à la tête de l’ARJK. Quel a été votre ressenti en apprenant votre réélection ? Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Bonjour, pour répondre à la première question, j’ai été très content de remporter ces élections qui se sont déroulées avec une transparence qui ne dit pas son nom. Car l’élection a répondu à tous les critères d’une élection juste, transparente et équitable. Tous les candidats ont déposé leur demande de candidature, qui a été validée par la commission électorale. Le jour du vote, il y avait une urne où chacun a choisi son candidat dans la plus grande sérénité. C’est une confiance qui a été renouvelée à ma modeste personne, et je pense que mon équipe et moi serons à la hauteur des attentes de nos confrères.
« Je crois que les difficultés des journalistes ne sont cachées de personne : la restriction et la fermeture de certaines radios à travers le retrait des agréments, le kidnapping de Habib Marouane (Camara) … »
2- Quelles sont les priorités que vous souhaitez mettre en place pour l’Association régionale des journalistes de Kankan pendant votre nouveau mandat ?
Pour le moment, l’équipe ne s’est pas encore réunie. Lorsque nous nous retrouverons, les priorités et les stratégies seront définies et nous saurons quelle sera la marche de manœuvre pour les trois prochaines années. Pour le moment, il est prématuré de parler des priorités.
3)- Vous avez été réélu à un moment où le journalisme en Guinée est confronté à de nombreux défis. Quelles sont, selon vous, les principales difficultés auxquelles les journalistes de la région de Kankan font face aujourd’hui ?
Je crois que les difficultés des journalistes ne sont cachées de personne : la restriction et la fermeture de certaines radios à travers le retrait des agréments, le kidnapping de Habib Marouane (Camara)… Mais il faut qu’il y ait un examen de conscience de la corporation afin de trouver une sortie de crise. Cela ne sera possible que s’il y a une union sacrée, car notre région n’est pas en marge, puisque ces grands médias ont leurs représentants ici à Kankan.
« … chaque fois qu’un journaliste est inquiété, nous sommes toujours en première ligne pour sa défense. »
4)- Quelles initiatives envisagez-vous pour améliorer la formation des journalistes et renforcer leurs compétences en matière de journalisme d’investigation et de reportage ?
En ce qui concerne la formation, c’est notre préoccupation au quotidien, car le métier de journalisme est un métier noble. Si nous voulons maintenir cette noblesse, il va falloir que nous mettions la formation au cœur de nos activités, tout en mettant un accent sur le respect de l’éthique et de la déontologie.
5)- La liberté de la presse est un sujet souvent abordé en Guinée. Comment l’ARJK peut-elle défendre cette liberté tout en veillant à ce que les journalistes respectent les normes éthiques du métier ?
Notre association est solidaire de toutes les associations de presse, notamment le SPPG (Syndicat des professionnels de la presse de Guinée, ndlr). Nous sommes engagés dans ce sens et, chaque fois qu’un journaliste est inquiété, nous sommes toujours en première ligne pour sa défense.
6)- La collaboration entre les médias et les autorités locales est parfois difficile. Comment envisagez-vous de renforcer les relations entre les journalistes et les responsables politiques à Kankan et en Guinée en général ?
Chez nous, nous collaborons très bien avec les autorités actuelles, car il existe une concertation chaque fois que le besoin se fait sentir. S’il y a des comportements indélicats de part et d’autre, nous parvenons à gérer et, si la portée est grande, nous saisissons nos camarades de Conakry pour mener le combat ensemble. Pour le moment, tout se passe bien et nous estimons que cette collaboration va se perpétuer.
7)- Quelles sont, selon vous, les opportunités de développement du journalisme à Kankan et dans la région de la Haute-Guinée ?
Sur les opportunités, je pense qu’il y en a beaucoup, mais pour gagner, il faut une unité d’action. Parfois, nous avons des projets de formation en main, le hic, c’est l’accompagnement des partenaires. Nous sommes en train de changer la dynamique, et notre prochain mandat sera axé sur la recherche des opportunités en faveur des journalistes de la région de Kankan.
« C’est bien que les journalistes renforcent leur solidarité. Cela pourra influencer les pouvoirs publics dans la prise de certaines décisions… »
8)- Dans le contexte actuel de transformation numérique, quel rôle le journalisme digital peut-il jouer dans l’amélioration de la couverture médiatique en Guinée, et en particulier à Kankan ?
Il faut renforcer leur capacité et améliorer leurs conditions de travail. Sinon, ces journalistes font un grand boulot. Chaque site internet a une page Facebook, parfois certains parmi eux, qui sont JRI (journalistes reporters d’images), font des reportages vidéos. Mais s’ils sont bien équipés, cela pourra jouer un rôle important dans leur façon de faire.
9)- L’ARJK joue un rôle important dans l’unité des journalistes de la région. Quels sont vos projets pour renforcer la solidarité entre les journalistes et promouvoir une meilleure collaboration à travers la Guinée ?
À Kankan, nous sommes unis et partageons les choses ensemble. C’est bien que les journalistes renforcent leur solidarité. Cela pourra influencer les pouvoirs publics dans la prise de certaines décisions.
10)- Au-delà de la formation et du soutien aux journalistes, comment l’ARJK peut-elle influencer positivement la société guinéenne en termes d’éducation civique, de lutte contre la corruption et de développement économique local ?
Notre association est régie par un statut et un règlement intérieur. Donc, nous nous conformons au contenu du texte de notre association. Vouloir faire des choses sans pour autant respecter les principes de votre association, ça devient compliqué. La lutte contre la corruption n’est pas une priorité pour l’ARJK. Il y a une juridiction chargée de réprimer les infractions économiques et financières, et c’est elle qui lutte contre la corruption sous toutes ses formes.
11)- Quel message aimeriez-vous adresser aux jeunes journalistes de Kankan et à ceux qui aspirent à rejoindre la profession ?
Le message, c’est aimer le métier et l’exercer en toute indépendance et toute impartialité. Aussi, promouvoir la formation et être en harmonie avec le code de bonne conduite du journalisme.
12- Enfin, comment voyez-vous l’avenir du journalisme en Guinée dans les cinq prochaines années, et quel rôle l’ARJK doit-elle jouer pour préparer cette évolution ?
L’ARJK est une organisation des journalistes qui se préoccupe de la formation des journalistes et du respect strict des règles et principes de notre profession. Sur l’avenir de la Guinée, je pense que nous sommes et serons toujours observateurs.
H.F.T
Farafinainfo à l’honneur : Le journaliste Chahreddine Berriah, lauréat