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ADA CAMARA : Portrait d’une journaliste guinéenne au succès fulgurant

#L_ENTRETIEN_D_ACTU. Savoir écouter des auditeurs n’est pas suffisant pour répondre à leurs attentes, Ada Camara, animatrice radio et entrepreneure, a su le faire sur les ondes des radios en Guinée notamment Espace FM. Elle lance son podcast et revient dans cet entretien sur son parcours et ses projets. 

       « J’anime un podcast de développement personnel et de vie conjugale »

Entretien réalisé par Abdoulaye Baldé, Journaliste Farafinainfo.com

1) – Bonjour Ada Camara, pouvez-vous vous présenter à nos jeunes lecteurs guinéens qui sont nés après 2015 ? 

L’année 2015, ce n’est pas si loin ! Je ne suis pas aussi vieille que ça. Bonjour Abdoulaye ! Je suis Ada Camara, entrepreneure et animatrice radio depuis 2008 sur Espace FM et Djoma FM.

 

« Cette émission de confessions est rapidement devenue un phare pour ceux qui cherchaient des réponses à leurs dilemmes personnels et conjugaux »

 

2) – Dans un entretien accordé à nos confrères de Sitanews, vous avez dit : « À la base, l’animation est une passion pour moi et entendre qu’une nouvelle radio venait de naître, j’ai tout de suite sauté sur l’occasion. Et mieux vaut commencer dans une nouvelle radio qu’une ancienne… ». Parlez-nous de votre aventure radiophonique en Guinée, qui a duré plus de sept ans ?

En 2008, j’ai commencé ma carrière à la radio, captivant les auditeurs avec l’émission « My Libre Antenne (MLA) » sur Espace FM. C’était la Dream Team Macky Lamine et Ada. Cette émission de confessions est rapidement devenue un phare pour ceux qui cherchaient des réponses à leurs dilemmes personnels et conjugaux. Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours eu une capacité à écouter et à comprendre les autres. Mes amis et ma famille se tournent généralement vers moi pour des conseils, car je suis une source de sagesse et de réconfort. J’ai ensuite continué à animer des émissions comme Espace Escale, Hit Espace, et le Good Morning. Plus récemment, j’ai animé Zik Life sur Djoma FM.

 

3) – Pourquoi avez-vous tout quitté pour vivre à l’étranger, et plus précisément en France ? 

Envie de m’évader, d’acquérir de nouvelles compétences, et aussi pour la famille.

4) – « M.L.A », cette émission qui « a réussi à casser tous les codes », était-elle devenue ennuyante pour vous ?

L’émission ? Jamais ! J’ai toujours eu cette curiosité fascinante pour les histoires des autres. Aider les personnes en quête de réponses m’anime toujours autant.

 

« Aujourd’hui, j’anime un podcast de développement personnel et une capsule de coaching de vie personnelle et conjugale. »

 

5) – Comment avez-vous commencé à faire partie des animateurs de cette émission culte ? 

Le coaching, le micro, c’est plus qu’une passion pour moi. Avant Espace, j’ai failli travailler avec Feu Don Love (animateur culturel, Amadou Oury Diallo, ndlr) sur Liberté FM, mais j’ai décidé de m’essayer sur une nouvelle radio. Dj Song, un ami, m’a beaucoup aidée. Lors de mon entretien, après avoir soumis mon projet d’émission de conseils, j’ai appris qu’une émission similaire existait déjà. J’ai donc rejoint l’équipe 100 % masculine dès mon recrutement.

6) – «Le partage, l’échange, aider les autres à trouver des solutions» vous manquent-ils aujourd’hui ? 

Aider les autres à trouver des solutions pendant mon émission radiophonique de confessions me manque énormément. J’ai décidé de formaliser cette passion en devenant coach de vie personnel et conjugal. Aujourd’hui, j’anime un podcast de développement personnel et une capsule de coaching de vie personnelle et conjugale. J’essaie d’être bien plus qu’une coach ; une guide, une amie, et une source d’inspiration pour tous ceux qui acceptent de faire un bout de chemin avec moi.

7) – La famille et les opportunités vous ont-ils retenue en France ? Concrètement, qu’est-ce que vous faites en France ? 

En effet, oui. Je travaille dans une entreprise allemande et je m’occupe de ma petite famille. En parallèle, je gère ma propre entreprise de communication et de marketing.

 

« Aujourd’hui, la liberté d’expression est fragilisée et des centaines de personnes se retrouvent sans emploi. « 

 

8) – Êtes-vous revenue en Guinée avec un projet professionnel ? Si oui, parlez-en !

Je suis en train de mettre en place mon entreprise de marketing, communication et divertissement, avec une nouvelle marque en préparation dédiée à aider les femmes et les couples à prendre soin d’eux de la manière la plus saine possible.

9) – Les médias guinéens – Espace FM/TV, Djoma FM/TV et FIM FM – n’émettent plus sous le magistère de la « Grande Muette ». Cette situation vous attriste-t-elle ? 

C’est avec une profonde tristesse que je contemple la fermeture de nos radios et télévisions, ces miroirs de notre âme collective. Pour moi, ces médias sont bien plus que des canaux d’information ; ils sont des extensions de notre personnalité, des vecteurs puissants capables de guider notre nation vers des choix éclairés et un développement harmonieux. Aujourd’hui, la liberté d’expression est fragilisée et des centaines de personnes se retrouvent sans emploi. La magie de la radio et de la télévision réside dans leur capacité à toucher les cœurs et à unir les esprits, une magie que le monde virtuel peine à reproduire.

10) – Quel regard portez-vous sur le paysage médiatique guinéen après le retrait des licences de ces trois grands médias ? 

Entre espoir et réalité. J’espère que le gouvernement reconsidère sa décision et établira de nouvelles règles pour préserver la liberté d’expression. Les réseaux sociaux prolifèrent en fake news et discours haineux, menaçant la cohésion sociale. Avec l’avènement de l’intelligence artificielle, les défis ne font que s’amplifier. Imaginez un monde où la vérité est un mirage, où les mensonges se déguisent en faits comme les fake news sur les réseaux sociaux. Voilà le futur que nous devons éviter.

11) – Enfin, nous vous laissons le mot de la fin pour conclure cet entretien. 

Merci beaucoup pour cette discussion enrichissante et m’avoir donné l’occasion de parler de mon parcours et de la situation actuelle des médias guinéens. Je tiens à remercier chaleureusement Abdoulaye Baldé pour son temps et ses précieuses contributions. Votre perspective est vraiment inspirante et m’a donné beaucoup à réfléchir.

A.B

 

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