Excellence Monsieur Lansana KOUYATÉ, figure emblématique de la diplomatie ouest-africaine, ancien Secrétaire Exécutif de la CEDEAO, ancien Sous-Secrétaire général des Nations Unies et ancien Premier ministre de la République de Guinée, a pris part, avec une profonde humilité et un engagement sincère, à la réunion de réflexion stratégique de haut niveau organisée à l’occasion du cinquantenaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Cette rencontre s’est tenue du 24 au 25 juin 2025, dans l’enceinte de l’Hôtel Transcorp Hilton d’Abuja, capitale fédérale de la République du Nigéria. Organisée sous l’égide de l’Institut Amandla, en partenariat avec Son Excellence le Général Yakubu GOWON, l’unique chef d’État fondateur de la CEDEAO encore en vie, cette session à huis clos a réuni d’illustres anciens dirigeants et hauts fonctionnaires ouest-africains qui, par leur parcours et leur contribution, ont construit les fondations de l’intégration régionale.
Dans son intervention empreinte de vérité et de profondeur, Lansana KOUYATÉ a mis l’accent sur un tournant institutionnel déterminant notamment la transformation, en janvier 2007, du Secrétariat Exécutif en Commission de la CEDEAO, une réforme qu’il qualifie de « moment charnière » dans l’histoire de la Communauté.
Avec la lucidité d’un témoin privilégié, il a rappelé que la CEDEAO, dès sa création en 1975, s’est voulue une organisation tournée vers la solidarité, l’intégration socioéconomique et la stabilité politique. Mais l’évolution des défis régionaux a rapidement démontré les limites d’un secrétariat à structure légère, principalement exécutif, et sans réelle autonomie stratégique.
La Commission, fruit de cette réforme, devait incarner une CEDEAO plus forte et mieux outillée pour affronter les exigences croissantes de l’intégration régionale. Cette mutation « a permis de renforcer la visibilité institutionnelle, de structurer les politiques régionales et de mieux coordonner nos réponses face aux crises. Mais la transformation reste inachevée », a-t-il affirmé avec précision.
Pour Lansana KOUYATÉ, les défis persistent à savoir la concentration des postes entre certains pays, une lourdeur bureaucratique croissante et des critiques récurrentes sur l’efficacité et la gestion financière de l’organisation. Avec la conviction d’un bâtisseur, il a souligné que « Ce n’est pas la taille de la Commission qui plombe nos finances. Ce sont les failles de gestion, les dépenses non maîtrisées et les pratiques en décalage avec les standards de bonne gouvernance. Voilà le vrai chantier. »
Il a ainsi plaidé pour une rationalisation juste et inclusive, refusant une réduction aveugle des postes qui affaiblirait la représentativité des pays moins puissants. Il a proposé un audit financier indépendant de toutes les institutions de la CEDEAO et suggéré que la règle selon laquelle aucun pays ne devrait détenir plus de deux postes de direction soit formellement adoptée, afin de renforcer la confiance et l’équilibre institutionnel.
Dans un appel vibrant, Lansana KOUYATÉ a également attiré l’attention sur la dérive de la CEDEAO vers une organisation perçue comme essentiellement politique, au détriment de sa vocation économique originelle. Les peuples attendent de la CEDEAO qu’elle améliore leur quotidien sur la pauvreté, la sécurité alimentaire, des emplois, des routes, des infrastructures, des projets de développement visibles. Pas seulement des interventions politiques ou militaires qui semblent, parfois, « à géométrie variable », a-t-il martelé.
Il a exhorté la CEDEAO à recentrer ses priorités sur l’intégration économique et le développement inclusif, en s’investissant davantage dans des programmes concrets, notamment en faveur de la jeunesse et de l’entrepreneuriat, pour que les citoyens ressentent les bénéfices réels de l’intégration régionale.
« Si nous voulons éviter l’écueil rencontré par l’Union européenne, où le sentiment de perte de souveraineté a conduit à des résistances populaires, nous devons bâtir une CEDEAO de proximité, une CEDEAO qui rassure, qui valorise, qui inclut », a-t-il conclu, dans un message empreint de responsabilité et d’espoir.
Avec sa voix d’expérience et son regard lucide, Lansana KOUYATÉ a ainsi tracé une voie ambitieuse pour une CEDEAO renouvelée, proche des peuples, et fidèle à sa mission fondatrice : celle de l’unité, de la paix et de la prospérité partagée en Afrique de l’Ouest.
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