Trois Questions à … Yero Gaynaako : “Ma musique était plus centrée sur la politique, (…) Le moment est venu …”
[3 QUESTIONS A …] – Le caractère militant des chansons de Yero Gaynaako est évidemment accentué par la dénonciation de la vie politique. L’artiste rappeur mauritanien se donne désormais une nouvelle mission. Entretien …
Par Hadja Saran Camara, Journaliste farafinainfo.com
« Mon père était mon meilleur ami. Nous nous entendions si bien, nous n’avions aucun sujet tabou. Il était comme un grand frère, car nous avons été tous les deux élevés et éduqués par sa maman. »
1)- D’où est venue l’idée voire l’inspiration de rendre ce vibrant hommage à ton père ?
Mon père était mon meilleur ami. Nous nous entendions si bien, nous n’avions aucun sujet tabou. Il était comme un grand frère, car nous avons été tous les deux élevés et éduqués par sa maman. Que j’appelais affectueusement “Neené” (maman). Une année avant sa mort, j’ai eu la chance de revenir (en Afrique) avec toute ma famille. Et nous sommes restés ensemble presque trois semaines à Mbour, au Sénégal. Il a profondément marqué ses petits-enfants, qui étaient si jeunes, mais se souviennent toujours des bons moments passés ensemble y compris des parties de jeux qu’il faisait avec eux. Une fois rentré en Hollande, mes enfants demandaient toujours à le revoir et chaque soir avant d’aller au lit : ils disaient “Bonne nuit” et au réveil il y’ avait toujours un message de “Jam Waali” (Bonjour) au minimum. Et voilà, la mort nous l’a arraché pendant qu’on préparait son invitation aux Pays-Bas. Il nous a laissé un grand vide dans notre vie qu’Allah continue de veiller sur lui dans son vaste paradis, amine. Et la musique est un moyen qui me permet d’exprimer et de faire sortir ce que j’ai dans le cœur. Elle me libère, mais mon père mérite bien un hommage, car c’était un infirmier (TSS ORL), généreux, toujours souriant et rendait service à tout le monde.
« Même si, je n’ai pas connu la vie de famille avec mes deux parents (papa et maman), avec … »
2) – Le message est fort et éducatif, qui décrit la relation si particulière d’un père et son fils ?
Être papa, ce n’est pas juste biologique, mais beaucoup plus de responsabilité, de tendresse, de présence, d’affection. Et mon père a accompli sa mission de papa avec amour, dévouement et en remplissant ses responsabilités fondamentalités telles que pourvoir aux besoins de sa famille, la protéger, assurer son éducation et son bien-être, et lui inculquer des valeurs. Même si, je n’ai pas connu la vie de famille avec mes deux parents (papa et maman), avec ma grand-mère et mon père, je n’ai pas senti un grand vide.
« Je pense que de plus en plus j’apprends à être plus ouvert, attentif, patient, tendre car avec mes enfants, je vis une forme de rééducation… »
3)- Quelle serait la suite logique de cette belle et inspirante chanson ?
D’habitude, ma musique était plus centrée sur la politique, l’injustice ou la discrimination. Pendant presque vingt (20) ans, j’ai utilisé la musique comme arme. Le moment est venu pour moi de partager ce que je ressens, mes expériences, mes échecs, mais surtout transmettre les valeurs ancestrales, et c’est un devoir aussi entre les autres notamment la nouvelle génération, mais aussi un grand progrès dans une société où l’homme doit faire semblant d’être dur et cacher ses larmes, ses émotions, pour être vu comme un homme. Je pense que de plus en plus j’apprends à être plus ouvert, attentif, patient, tendre car avec mes enfants, je vis une forme de rééducation, et cela pourrait avoir un impact beaucoup plus important sur mes prochains projets.
H.S.C
Farafinainfo à l’honneur : Le journaliste Chahreddine Berriah, lauréat
