«QUAND TU NE SERAS PLUS LÀ» – Un titre plus qu’évocateur du livre du doyen Mohamed Sneiba, un Journaliste pas comme les autres. Cette grande signature de la presse africaine a su se projeter dans le temps pour prédire sous sa plume éclairée la future vie d’un Président après la fonction présidentielle. Et les faits de l’actualité sont en train de lui donner raison…
La Rédaction de Farafinainfo.com partage le plaisir de lire ce livre avec ses lecteurs …
Quand tu ne seras plus là…
1. Il te reste encore quelques mois. Cinq exactement, si tout va bien. Je veux dire : si aucun officier de ceux qui n’ont pas profité de la « généralisation » à outrance de l’armée ne se rappelle que les coups d’Etat sont, depuis juillet 1978, le modus operandi pour accéder au pouvoir dans notre pays !
Tu as décidé de ne pas renier ton serment. Je ne serai pas candidat pour un troisième mandat ! C’est ce que tu as dit – et redit. Wtowv ! Une décision que beaucoup de tes compatriotes approuvent parce qu’ils considèrent que l’alternance est une nécessité. D’autres par contre s’accrochent à ce troisième mandat dont tu ne veux pas. Dont tu ne veux plus, peu importe les raisons. Ont-ils tort de vouloir te maintenir, « contre vents et marées » ? Contre ta volonté ! Oui et non.
Non ! Je commence par là, parce que c’est aussi mon intime conviction, moi qui n’appartiens à aucun camp, depuis que j’ai découvert, qu’être opposant ou « majoritant » c’est kif-kif. On dit chez nous que « tous les pains sont faits de farine » (Mbourou fof ko farine).
Non donc, parce que ceux qui s’accrochent au troisième mandat, sans y croire vraiment, ne peuvent te forcer à rester contre ton gré. Comme tout président qui a besogné dur, tu as besoin de te reposer. De l’avis de tes soutiens, tes deux mandats n’ont pas été de tout repos. Je ne veux pas me mettre sur le dos cette opposition qui trouve que ton passage à la tête du pays a été une calamité. Tu vois, Président, je parle déjà de toi au passé ! Je suis de ceux qui pensent que tu tiendras parole. Ce n’est pas parce que tu ne veux pas rester, à seulement soixante-et-un ans, mais parce que tu sais que c’est dans ton intérêt de partir. MAINTENANT.
Tu te reposeras de ce lourd fardeau qu’est la direction d’un pays pauvre. Un président qui est à la tête d’un pays nanti n’a aucun mérite. Il suffit seulement qu’il veille à la bonne redistribution des richesses pour s’assurer une douce tranquillité. C’est ce que font nos cousins du Golfe avec ce don d’Allah qu’est le pétrole. C’est pareil pour les vieilles démocraties où le pouvoir se pratique en coupe réglée. Regardez ce qui se passe, depuis trois siècles, en Angleterre, en France et aux Etats-Unis. Un président qui échoue ne craint que le verdict des urnes, pas qu’un obscur officier décide, sur un coup de tête, d’être président à la place du président.
En partant comme tu l’as décidé, tu te reposeras ainsi de cette opposition qui crie, à qui veut l’entendre, que tes dix ans de règne n’ont servi qu’à mettre à sac un pays déjà éprouvé par le long règne de Taya, que ton successeur, choisi par ton camp ou issu de ses rangs, aura du mal à redresser. Je le répète, encore une fois, c’est l’avis de tes opposants. Ceux qui jubilent déjà à l’idée que tu ne seras plus là dans six mois. Tes partisans, eux, veulent ton maintien pour un autre mandat, voire plus, parce qu’ils pensent que « les réalisations doivent se poursuivre ». Un autre que toi sera-t-il capable de « préserver les acquis » ?
Mohamed Sneiba – Journaliste – Écrivain et Blogueur