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Reflets Actuels : EN DÉMOCRATIE, OÙ TROUVE-T-ON LE PEUPLE ?

En démocratie, l’arme la plus redoutable, reste le bulletin de vote. Le  porteur n’est rien d’autre que le citoyen – électeur et c’est lui la finalité. Cible privilégiée, il mérite d’être placé au cœur  des préoccupations de ceux qui aspirent à gouverner et ceux-là mêmes qui souhaitent durablement exercer le pouvoir conquis. Il constitue le dernier maillon et le vrai substrat de la volonté populaire. Par contre, appréhendé sous cet angle, il diffère du militant ou du sympathisant parce que son existence tant juridique que physique est consacrée. Il n’est point abstrait ou fictif. Il a une identité civile, une résidence, bref ! Il est traçable et palpable. Le militant ou le sympathisant quant à lui, constitue indéniablement le moteur de la dynamique du combat inhérent pour l’accession au pouvoir ou sa gestion. Il se rencontre plus généralement à travers des actions ponctuelles et parfois dans la rue par des exhibitions quelques fois carnavalesques (jubilatoire ou de mécontentement).

Ici en Afrique, il est légion d’entendre des propos d’hommes politiques arguant : « nous avons mobilisé et mis dans la rue, plus de deux (02) millions de personnes! ». Est-ce le peuple ?

Par ailleurs, en démocratie, il sied de rappeler que le seul instrument d’appréciation du peuple, de l’antiquité à maintenant, reste le suffrage populaire. Peu importe le mode, mais, la seule unité de mesure qui vaille, c’est le bulletin de vote (qu’il soit rudimentaire, en papier ou électronique). Celui ou celle par lequel s’opère la traduction en fait concret est sacré et précieux. Il est sage de le préserver afin qu’il puisse accomplir en toute régularité son acte délibératoire. Son choix, fut-il subjectif, apparaît comme le meilleur reflet de l’émanation de l’expression populaire. La souveraineté nationale, qui est la résultante du choix collectif opéré par les ayants-droits de la chose publique détermine le peuple. De ce point de vue, il est tout à fait incongru de toujours revendiquer avoir mobilisé le peuple dans la rue, quand, à l’issue d’une consultation électorale dans les mêmes circonscriptions, ce même leader peine à décompter le million (1 000 000) de bulletins favorables ! Alors, où est le peuple ?

Le peuple n’est pas abstrait car il est identifiable. Les individus qui le constituent, ont chacun un nom, un visage, des empreintes, bref! Ont des identifiants biométriques (à ce jour). Son protocole d’identification a été préalablement élaboré par ses représentants. Plusieurs corpus de règles tant législatifs que réglementaires définissent son arsenal juridique. Il dispose de moments solennels et très précis, pour s’exprimer. Il bénéficie de mécanismes constitutionnels prédéfinis sans ambages. Oui, le peuple existe réellement, il n’est point fictif !

De toute évidence, pour un parti politique légalement constitué et qui en est le bénéficiaire (généralement), renoncer à participer à une consultation électorale, c’est la pire des irresponsabilités parce qu’elle est sa vocation essentielle. Ne pas concourir à l’expression du suffrage, est une auto-flagellation. Se refuser d’assumer ce rôle, équivaut à la préparation d’une mort certaine. Pour tout démocrate convaincu, le référentiel absolu, c’est l’élection.

En fin, pour l’animation de la présente rubrique : R-E-F-L-E-T-S A-C-T-U-E-LS, il serait impardonnable de passer sous silence, le coup d’État militaire perpétré au Mali, il y’a quelques jours et qui a sevré tout un peuple de la conduite de sa destinée par son digne représentant qu’est le Président Ibrahim Boubacar Keita « IBK » pour les intimes. La  Cote d’Ivoire et la Guinée aussi, traversent des tumultes et convulsions sociales à cause de changements de la constitution débouchant sur le déverrouillage du nombre de mandat. Sans ouvrir de polémiques inutiles, de l’avis de certains spécialistes, dans ces deux (02) pays, s’affrontent deux (02) camps alignés sur le traditionnel clivage entre courants ou écoles du droit constitutionnel, ceci, depuis l’avènement des mouvements constitutionnalistes,  à savoir :

  • Les suprématistes de la constitution d’une part ;
  • Et les souverainistes d’autre part.

Rentrer dans ce débat, ramène à répondre à une question fondamentale, comme c’est le cas pour la philosophie, c’est à dire : entre la matière et l’idée, quelle est la donnée première ? Votre réponse définira votre camp. Pendant que l’objectif poursuivi, est celui de promouvoir une culture de la paix, en favorisant une des voies les plus pacifiques de consolidation de cette démocratie encore balbutiante en Afrique. De ce point de vue, il est aussi regrettable que condamnable, de constater qu’ici et là, dans plusieurs pays, déjà, de vives tensions sociales préélectorales existent. Que Dieu enferme à jamais ces vieux démons ! C’est à juste raison qu’un penseur français soutenait volontiers : « La paix rend les peuples plus heureux, et les hommes plus faibles ». 

En fin, il convient de rappeler les propos de certains éminents professeurs de Droit qui attestent que : « en politique il est tout d’abord question de rapports de force » complétés par une autre assertion selon laquelle: « le droit est le père du politique, il essaie de le dominer sans le pouvoir réellement ».

Post-scriptum :

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Vous pourrez me lire très prochainement dans cette rubrique : « Reflets actuels »

Souleymane DOUMBOUYA, Juriste publiciste & Analyste politique