Aux lendemains des indépendances africaines, la question fondamentale était de savoir, quelle était la meilleure des options économiques à choisir ? Ceci, dans un environnement d’après-guerre. L’Afrique esclavagisée et colonisée, par manque de standard économique propre, fut écartelée entre le clivage des deux(02) super – puissances de l’époque, à savoir : l’URSS (socialiste) et les USA (capitalistes). Face à cette bipolarisation très tranchée sous fond de guerre froide et de coexistence pacifique, une troisième voie était possible (pas les Non-alignés), celle qu’on pourrait qualifier de modèle typiquement africain. Très malheureusement, ce dernier ne se décrète pas.
En effet, comme indiqué ci-dessus, en l’absence d’idéologie propre, la conséquence a été la pérennisation de cette dépendance sous plusieurs autres formes. Pire que la traite négrière, qui consista en la déportation des plus valides, la colonisation, elle, consista en la substitution à nos valeurs civilisationnelles et culturelles, celles du colon. Il est indéniable que l’élément moteur pour tout D-É-P-A-S-S-E-M-E-N-T ait été tué en nous. A sa place, il nous a été inoculé le plus abject des venins de la subjugation: le reniement de soi, le complexe d’infériorité ou le manque d’estime en soi…et que sais-je encore ?
Aujourd’hui, à soixante (60) ans et plus²d’I-N-D-E-P-E-N-D-A-N-C-E² politique pour certains, les pays africains doivent-ils encore continuer à suivre le cheminement d’autres peuples pour l’enracinement de sa démocratie et son décollage économique ?
l’Afrique, dans sa longue lutte et dure quête pour son émancipation, a payé un lourd tribut, aussi bien au travers de ses dirigeants que par ses gouvernés. Ainsi, après l’ère des partis uniques, du multipartisme occasionné par la chute du mur de Berlin et du vent de l’Est subséquent, les redoutables conclusions des Conférences Nationales Souveraines, les fameuses Commissions : Vérités et Réconciliations, le Printemps Arabe et ses corollaires de déstabilisations-destructions, à ce jour, nous voici encore replongé dans les coups d’États militaires et les quiproquo causés par le déverrouillage de la limitation du nombre de mandat ou le troisième mandat !
Toutes ces péripéties sont l’expression du balbutiement de la démocratie et de la volonté affichée de se frayer un chemin pour un bien-être collectif. De la fin de chaque odyssée, il en ressort une seule constante, celle liée au constat que l’Afrique demeure encore sous un autre joug. Plus de soixante (60) ans après, elle reste de loin, la zone où sévissent par excellence, la pauvreté et le sous-développement chronique. Certains de nos jeunes, en désespoir de cause, pensent que seule une vie outre – mer est pourvoyeuse de lendemains meilleurs!
En terme de résilience et de changement radical, il est à rappeler que certains pays africains dans leurs permanents combats ont pu réussir des révolutions et massivement optés pour de nobles choix. Mais, ceux-ci étaient soient antipodes ou peu rassurants pour le monde occidental judéo-chrétien.Ils furent spoliés de leur victoire. Tels furent les cas : algérien avec le Front Islamique du Salut (FIS), les Frères Musulmans en Égypte avec Mohamed Morsi et tant d’autres où l’occident préféra des putschistes au suffrage populaire.
La situation très enviable des pays du sud-est asiatique doit inspirer plus d’un et faire des émules. Dans ces zones, l’accent a été mis sur la bonne gouvernance et aujourd’hui par le phénomène de la délocalisation, elles deviennent davantage l’²Usine du monde², ceci, grâce à la fameuse « Théorie des avantages comparatifs » si chère au célèbre économiste David Ricardo. Elles présentent à n’en pas douter, les meilleurs coûts de facteurs de production. Quant aux peuples africains, sous quelques prismes que vous les appréhendés, il y’a besoin de bonne gouvernance ! C’est à dire une meilleure répartition de la richesse nationale et les fruits de la croissance économique. Voici les seuls leitmotivs valables de diverses agitations populaires de tous les temps.
Au Mali par exemple, suite à plusieurs litres de sang versés en mars 1991 pour l’instauration de la démocratie, trente (30) ans après, l’on se retrouve à la case départ. Voilà pourquoi, à juste titre, Jean GICQUEL, Professeur aux Universités de Paris écrivait : « Ce que l’État de droit y gagne en intensité, la démocratie, assurément, le perd en autorité ». Cette belle citation mérite de nous, mûres réflexions pour mieux cerner le sort de nos respectifs peuples. Il serait louable de cesser de croire que voter, suffirait à résoudre nos problèmes. Cherchons plutôt à mieux équilibrer les rapports et moyens d’actions entre organes ou institutions au sein de l’architecture constitutionnelle disposée dans les droits positifs de nos États.
Aussi, après les déverrouillages constitutionnels sur la limitation du nombre de mandat par la grande Chine et la Russie, caractérisés par une absence réelle de réactions des pays revendiquant la paternité de la démocratie occidentale (USA et UE), le tocsin vient de sonner pour les solutions internes en Afrique. Ce vieux réflexe pour les pays autrefois colonisés, reprend tous ses sens, c’est à dire, la Résolution de l’ONU voté le 16 décembre 1952, dite la résolution 637 (VII) qui consacre le fameux « droit des peuples et des nations à disposer d’eux-mêmes». en outre et de toute évidence, prochainement, avec les leçons tirées de cette crise sanitaire dû au nouveau coronavirus qui s’ajoute à nos péchés et malheurs, le champ de la souveraineté a été suffisamment mis en exergue. A cet effet, nul doute que les prochaines élections en Afrique, ne se tiennent à huis clos. Un huis-clos à cause de la pandémie, mais aussi, parce que les USA gendarmes du monde, sous la gouvernance de Donald Trump, ne sont plus aussi de vrais parangons en matière de respect de droit de l’homme et de démocratie. Huis clos parce que l’Union Européenne fragilisée par les dures épreuves de la covid19, avec le cloisonnement des pays membres, a perdu ses marques cette éclipse qu’a connue le fameux traité de Schengen.
Enfin, les deux (02) pays immédiatement confrontés aux consultations électorales cette fin d’année 2020, sont : la Cote d’Ivoire et la Guinée. Déjà de vives controverses sont relevées tant dans la gestion des candidatures qu’au niveau de l’audit du fichier électoral. De nombreux signes concourent pour la tenue effective des élections à huis clos. Cela, parce que désormais, l’Afrique s’accommode avec des scrutins sans observateurs électoraux étrangers surtout du « Nord » (Union Européenne)! Ils sont mêmes perçus comme catalyseurs de crises post-électorales ! L’exemple de fermeté Congolais face à l’Union Européenne dans la gestion rigoureuse de son processus électoral biaisé, reste un cas d’école. Un nouveau deal est entrain de se mettre en place, à qui profitera-t-il ? That is the question !
À très bientôt !
Souleymane Doumbouya, Juriste publiciste & Analyste politique