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Adama Diallo dit Omzo : « En évaluant le quotidien des Mauritaniens, rien n’a changé, le système reste le même »

Il est connu pour son engagement, il parle avec une certaine verve et il ne mâche pas ses mots. Il, c’est Adama Diallo, connu sous le nom de Omzo Minen Teye, artiste –rappeur mauritanien, qu’on ne présente plus. Dans cette Grande Interview, nous avons passé en revue sa carrière

Présentez-vous aux lecteurs du site panafricain Farafinainfo.com ?

Pour la courte présentation; je me nomme Adama Diallo plus connu sous le pseudo artistique Omzo Minen Teye, artiste rappeur Mauritanien. Fondateur du groupe rap Minen teye et de la première structure Urbaine Mauritanienne qui répond au nom d’Actimum. 

Quel regard portez-vous sur la musique mauritanienne en général et le rap en particulier ?

Le regard que je porte aujourd’hui sur la musique mauritanienne est plus ou moins positif. Les artistes font du bon travail mais il n’y’a aucune politique culturelle mise en place pour valoriser tout cela. Il n’y’a aucune maison de disque valable en Mauritanie, ni une vraie industrie musicale, qui pourra permettre aux artistes mauritaniens de vivre dignement de leur art. Pour ce qui est du rap Mauritanien, je dirais qu’il avance, mais lentement. Je suis très nostalgique de notre époque au pays où le rap bougeait plus et était plus vivant via des concerts-live en plein air au CCF (Centre culturel français, ndrl),  à la Maison des Jeunes et même au stade Ksar. Comparer à l’heure actuelle où tout est devenu virtuel. Le web a crée ses propres rappeurs. Et le rap mauritanien a commencé à perdre sa vraie identité, qui était une vraie arme pour défendre le bas-peuple Mauritanien, c’est vraiment dommage ! Ce rap éthique pourrait disparaître partout, sauf en Mauritanie. On a encore des choses à dire et notre mission est loin d’être accomplie. En évaluant le quotidien des Mauritaniens, rien n’a changé, le système reste le même.

Comment êtes-vous venu à la musique ?

Je suis rentré dans la musique d’une manière très naturelle. Tout petit, je fréquentais mes aînés, qui me faisaient écouter tous les courants de musiques de l’époque, du funk, soul and Rnb. Mais je suis devenu accro à  la musique quand j’ai découvert le rap, c’est une musique, qui me parlait beaucoup donc je passais tout mon temps à faire des recherches pour découvrir la culture hip-hop en général. Ça m’a trop intéressé et j’ai commencé à gratter mes premiers textes pour parler ce que je vois autour de moi. Les injustices dans mon pays, Nos conditions de vie dans nos propres ghettos et surtout de la mal gouvernance. Je me rappelle de ma première maquette chez Dj Mamou en featuring avec My flow, qui dénonce le problème du passif humanitaire en Mauritanie. On était à cet époque des gamins de 14 ans 15 ans, certes, mais on a prouvé qu’on pouvait utiliser le rap comme support de communication pour dire tout haut ce que le bas peuple murmure en bas. d’où ma motivation de faire du rap même si je n’avais pas rêvé auparavant d’en faire une carrière.

Y’a–t-il des artistes –musiciens mauritaniens et/ou étrangers qui ont influencé votre manière de chanter ? Si oui lesquels ?

Oui, tous les artistes rappeurs ont été influencés par quelqu’un à l’époque. Quant à moi, j’étais un grand fan de Nas (Rappeur américain), même si mon anglais était très pourri à l’époque, j’étais trop attaché à son flow et son look que je trouvais très simple. J’ai passé toute mon enfance à l’imiter. J’écoutais en boucle les albums de Positive Black Soûl et Daara-J. J’appréciais leur manière de rapper dans leur langue maternelle. Cela m’a fait comprendre qu’il est possible de faire du rap dans sa propre langue maternelle. En Mauritanie, on a trouvé deux générations avant nous. Certes, je dois beaucoup de respect à ces artistes, mais à vrai dire aucun d’eux ne m’a influencé. Par contre, j’aimais beaucoup la présence scénique de Dj Hach (Hachime Diakité)

Comment avez-vous pu concilier votre passion, la musique et vos études ?

Le rap et les études, je pense que les deux vont de pair. Je n’avais pas tort de vouloir poursuivre les deux en même temps, même si le rap a fini par prendre le dessus sur les études. Étudier, c’est toujours important et ça ne doit pas juste s’arrêter sur les bancs de l’école : La vie, elle-même, est une grande école. Et on ne finit  pas d’apprendre jusqu’à notre dernier souffle.

Quel souvenir gardez-vous du premier album intitulé «Moro- itanie» de Minen Teye publié en 2009 ?

Je garde un très bon souvenir de cet album Moro-i-tanie sont énormes. C’est mon premier bébé et avec lui, toute ma vie d’artistes a changé d’un clic. Il a été réalisé à Dakar. C’était une expérience enrichissante, un partage d’expérience avec d’autres artistes et producteurs de musique. C’est un album, qui a été bien accueilli lors de sa sortie en Mauritanie, et qui a marqué son empreinte. Il était  sorti en 2019 et en 2020 les mélomanes en parlent encore. Un chef d’œuvre ne meurt jamais.

 Pourquoi avez-vous choisi le Sénégal pour enregistrer cet album ?

On a choisi le Sénégal pour y aller préparer l’album là-bas. On était à la recherche de la qualité à l’époque. Il n’y avait pas de gros producteurs en Mauritanie. Il n’y avait que Tom Bass. Les artistes, qui ont signés chez lui, étaient en préparation de leurs projets. On a voulu apporter autre chose et être loin de tout ce qui se faisait en Mauritanie pour pouvoir apporter du nouveau. Au final, la différence était remarquable.

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Comment se porte le groupe Minen Teye ?  Peut-on encore parler du groupe Minen Teye de nos jours ?

Minen-teye se porte bien et se portera toujours bien tant que je vis et que je suis toujours dans la musique. Ça dépasse aujourd’hui un groupe de rap, c’est un concept de révolte pour toute une génération. C’est un train sur ses rails, certains  montent et d’autres descendent, mais le train continue son chemin.  L’essentiel que la locomotive soit en bonne santé, c’est le plus important. Je vous donne une petite exclusivité: Je suis en train de recruter des nouveaux talents qui vont faire bientôt une compilation qui s’appelle: Minen teye

Vous menez actuellement une carrière solo n’est-ce pas ?

Oui, je mène ma carrière solo depuis 2012

Comment vous vous sentez aujourd’hui musicalement parlant ?

Musicalement parlant je me sens super cool, je suis dans mon univers et je me retrouve dans ce que je fais Alhamdoullillah.

Omzo est un rappeur très engagé, mais qui sait également s’ouvrir. Pourquoi cette polyvalence musicale ?

Oui vous avez raison, je suis connu comme un rappeur très engagé, mais ça ne m’empêche pas de travailler musicalement. J’ai des messages à véhiculer, mais il faut que ça soit sur une bonne musique, c’est la musique qui est mon support de communication. Et ce qui me distingue des activistes. Même si j’arrive à jongler entre les deux casquettes en même temps.

Etes-vous satisfait de votre parcours d’artiste-musicien ?

Pour mon parcours, tout va bien jusque-là, même si j’ai des rêves qui me restent encore à réaliser. C’est surtout de remettre en place ma structure (Actimum), mais cette fois dans une vision plus élargie et professionnelle pour que les futures générations en bénéficient.

Si vous devriez changer quelque chose dans votre carrière, ce serait quoi ?

Je n’ai aucun  regret pour le passé. Je ne perds jamais. Soit j’ai gagné, soit j’ai appris donc pas de temps pour les regrets.

Avez-vous un message d’unité et de fraternité pour vos compatriotes mauritaniens lecteurs du site panafricain Farafinainfo.com ?

Oui, le message pour mes compatriotes Mauritaniennes, surtout pour la jeunesse Mauritanienne: J’aimerais leur dire qu’’il est temps de s’organiser, d’être unis pour l’intérêt de la nation et qu’on s’implique à fond dans la prise de grandes décisions, qui engagent l’avenir de notre pays. Nous sommes la Mauritanie de demain.  Il est temps de leur faire comprendre. Merci à Farafinainfo.com. Mes salutations à tous vos lecteurs.

Grande Interview réalisée par Camara Mamady