#ACTU_SOUDANAISE. MSF a mis en place un poste de santé à l’entrée de la ville de Tawila, pour accueillir les nouveaux arrivants, leur donner de l’eau et leur prodiguer des soins médicaux.
Par Moussa Diop, Journaliste Farafinainfo.com
Selon le communiqué de MSF, depuis près d’un an, les populations vivant dans le camp de Zamzam, situé à côté d’El Fasher au Darfour du Nord, vivent en situation de siège et sont affamées, bombardées et privées d’une assistance vitale. Le 11 avril, elles ont de nouveau été attaquées, alors les Forces de Soutien Rapide (FSR) et des groupes armés alliés ont lancé une offensive terrestre de grande envergure. Marion Ramstein, coordinatrice de projet pour Médecins Sans Frontières (MSF) au Darfour du Nord, revient sur ces deux derniers jours.
« Des rapports font état de personnes fuyant dans toutes les directions et de nombreuses victimes, bien que nous ne puissions pas en vérifier l’exactitude pour le moment. En février, nous avons en effet été contraints de suspendre toutes les activités de MSF dans le camp en raison de nombreux problèmes de sécurité : bombardements répétés, tirs sur nos ambulances et siège renforcé, nous empêchant de réapprovisionner les structures médicales et d’envoyer du personnel soignant. Malgré l’immensité des besoins de la population, MSF ne pouvait plus continuer à travailler à Zamzam.
Donc aujourd’hui, il est extrêmement difficile d’avoir des informations de première main, d’autant que les réseaux de communication ont été coupés. Nous sommes pour l’heure sans nouvelles d’un grand nombre de personnes qui travaillaient avec nous et qui ont décidé de rester avec leurs proches dans le camp après la suspension de notre hôpital de campagne. Nous sommes terriblement inquiets pour eux et pour les centaines de milliers de personnes qui étaient déjà en situation de survie depuis de nombreux mois. Nous avons par ailleurs été consternés d’apprendre que 9 membres du personnel de Relief International ont été tués le 11 avril. Il s’agissait de la seule organisation humanitaire internationale encore présente à Zamzam.
Le 12 avril, notre équipe à Tawila a vu plus de 1 500 personnes fuyant Zamzam et les zones voisines. Elles sont arrivées dans un état avancé de déshydratation, d’épuisement et de stress. Elles n’ont rien d’autre que les vêtements qu’elles portent, rien à manger, rien à boire. Ces personnes déplacées dorment à même le sol sous les arbres. Plusieurs personnes nous ont raconté avoir dû fuir le camp pendant la nuit, après avoir enduré une journée d’attaques, laissant derrière eux des membres de leur famille blessés ou morts, ou perdus dans la panique.
MSF a mis en place un poste de santé à l’entrée de la ville de Tawila, pour accueillir les nouveaux arrivants, leur donner de l’eau et leur prodiguer des soins médicaux. Les cas les plus critiques sont référés à l’hôpital local que nous soutenons depuis octobre dernier. Nous avons rapidement distribué ce que nous avions sous la main : couvertures, moustiquaires et seaux. Nous dépistons également la malnutrition chez les enfants nouvellement arrivés, et leur fournissons des aliments thérapeutiques, avant de les inscrire dans notre programme nutritionnel et de leur permettre de recevoir des soins adéquats. »
La guerre qui dure depuis deux ans entre les forces armées soudanaises et les forces de soutien rapide a pris une tournure désastreuse au Darfour du Nord en mai 2024 lorsque le siège et les combats violents sont devenus le quotidien des personnes vivant à El Fasher et dans les camps de déplacés avoisinants comme Zamzam. Depuis lors, la violence et la famine n’ont fait que s’intensifier et la situation nutritionnelle est devenue incontrôlable, comme alerté à plusieurs reprises par MSF. Alors que la famine a été déclarée dans le camp de Zamzam en août dernier par le comité d’examen de la famine (IPC), la réponse humanitaire massive nécessaire pour y faire face n’a pas eu lieu. Avec cette nouvelle attaque, c’est un nouveau seuil critique qui est franchi. MSF demande instamment aux parties belligérantes et à tous les acteurs ayant une influence d’épargner les civils et de lever le siège et tous les obstacles qui privent d’une aide humanitaire vitale la population du Darfour Nord.
M.D
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