A. Diagana : “À chaque match, Serhou Guirassy offre des séquences de …”

REGARD D’UN ACTIVISTE. Abass Diagana revient sur les actualités marquantes de la semaine en Guinée, en Afrique et dans le Monde en répondant aux Questions de la Rédaction de Farafinainfo.com [ACTU DE LA SEMAINE EN 3 QUESTIONS]

L’activiste mauritanien Diagana Abass 

 

« Dans plusieurs cas, ces migrants sont expulsés sans même avoir la possibilité de récupérer leurs effets personnels, encore moins de faire valoir leurs droits. « 

 

1– La Mauritanie a subitement durci sa lutte contre l’immigration, dit-elle, irrégulière depuis quelques temps voire des mois. Et fait beaucoup parler d’elle, surtout en mal au-delà de ses frontières. Que pensez-vous des arrestations et des expulsions d’étrangers particulièrement des subsahariens, furent-ils, en situation irrégulière ?

Depuis plusieurs années, le gouvernement met en œuvre des stratégies visant à mieux contrôler les mouvements migratoires sur son territoire. Dans ce cadre, des ressources financières importantes ont été mobilisées pour faciliter l’enrôlement des étrangers vivant dans le pays, qu’ils soient résidents réguliers ou en situation irrégulière. L’objectif principal de cette initiative est d’avoir une idée claire et précise du nombre réel de migrants présents ou en transit. Cet enrôlement, entièrement gratuit, a permis de recenser un grand nombre d’étrangers, favorisant ainsi une meilleure planification des politiques publiques en matière de migration, de sécurité et de développement.

L’enrôlement a aussi offert aux migrants certains avantages, notamment un meilleur accès aux services sociaux de base, à des aides humanitaires, ou encore à des démarches de régularisation. Toutefois, cette année marque un tournant décisif. Les autorités comptent lancer une vaste campagne de rappel à l’ordre à l’endroit des étrangers qui ne se sont pas encore conformés à la procédure. Cette campagne visera à encourager les retardataires à s’enrôler, mais elle comprendra également des mesures coercitives à l’encontre des contrevenants. Des contrôles renforcés seront menés dans les zones frontalières, les lieux publics, et les grands centres urbains.

Le gouvernement souhaite ainsi instaurer une meilleure régulation des flux migratoires, prévenir les menaces sécuritaires et assurer la stabilité intérieure. Cette démarche s’inscrit dans une logique de souveraineté, mais aussi de protection des droits humains, car un migrant enrôlé est un migrant protégé. Les étrangers sont donc appelés à collaborer activement, sous peine de sanctions qui pourraient aller jusqu’à l’expulsion pour ceux qui refuseraient de se soumettre aux règles en vigueur. L’enjeu est de taille : il s’agit de garantir une cohabitation harmonieuse entre nationaux et non-nationaux dans le respect des lois et des valeurs de l’État.

Le constat sur le terrain révèle une situation préoccupante : les opérations d’enrôlement et de contrôle, censées être neutres et administratives, prennent de plus en plus l’allure d’un acharnement ciblé contre les migrants subsahariens. Nombre d’entre eux subissent des arrestations soudaines, parmi eux des enseignant, ou souvent même des ouvriers ou travailleurs domestiques, souvent sans explication claire ni respect des procédures légales. Dans plusieurs cas, ces migrants sont expulsés sans même avoir la possibilité de récupérer leurs effets personnels, encore moins de faire valoir leurs droits. Cette manière de faire suscite l’indignation des organisations de défense des droits humains, qui dénoncent une stigmatisation fondée sur l’origine ethnique. Au lieu de rassurer, les campagnes en cours instaurent un climat de peur et de méfiance. Il devient difficile de parler de simples contrôles d’identité quand certaines communautés se sentent visées de manière systématique. Une approche plus humaine, respectueuse du droit et de la dignité de chaque individu, s’impose avec urgence.

 

« La France ne peut plus se comporter comme une ancienne puissance coloniale dictant ses conditions. Elle doit considérer l’Algérie comme un partenaire à part entière, … »

 

2– Le Bras de fer se durcit encore un peu plus entre la France et l’Algérie. « Les autorités algériennes prennent la responsabilité d’une dégradation brutale de nos relations bilatérales », a déclaré Emmanuel Macron. Quel regard portez-vous sur cet interminable bras de fer ?

Les relations entre la France et l’Algérie sont marquées par une histoire profonde, douloureuse et complexe. Plus de soixante ans après la fin de la colonisation, les blessures du passé continuent d’influencer les rapports entre les deux pays. Dans ce contexte, le président Emmanuel Macron a tout intérêt à adopter une posture de partenariat égalitaire avec l’Algérie, loin de toute logique néocoloniale. La coopération entre les deux États doit reposer sur le respect mutuel, la reconnaissance des mémoires et des souffrances partagées, mais aussi sur une volonté commune de construire l’avenir ensemble.

La France ne peut plus se comporter comme une ancienne puissance coloniale dictant ses conditions. Elle doit considérer l’Algérie comme un partenaire à part entière, un vis-à-vis souverain avec lequel elle peut développer des projets économiques, culturels et diplomatiques solides. De son côté, l’Algérie a aussi tout à gagner à entretenir une relation apaisée et constructive avec la France, notamment pour répondre aux aspirations de sa jeunesse et renforcer sa place sur la scène internationale.

Les deux dirigeants, Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, ont donc une responsabilité historique. Celle de protéger leurs peuples respectifs en tirant les leçons du passé, en évitant les erreurs d’hier et en valorisant le bel héritage culturel et humain qui lie les deux nations. La mémoire ne doit pas être un fardeau, mais un levier pour la réconciliation et la coopération. En misant sur un dialogue sincère, une transparence politique et un respect des souverainetés, la France et l’Algérie peuvent transformer une histoire chargée en un avenir commun porteur d’espoir.

La posture du ministre de l’Intérieur français Rotailleau suscite de vives réactions, notamment au sein des communautés africaines, et plus particulièrement algériennes. Ses prises de parole souvent perçues comme provocatrices, voire hostiles, alimentent un climat de tension et ravivent de vieilles blessures post-coloniales. Cette attitude belliqueuse, loin de calmer les esprits, semble attiser une forme de rejet et d’incompréhension mutuelle. Pourtant, il serait temps pour le ministre de tempérer ses discours et d’adopter une approche plus mesurée. Car en face, se dresse une génération africaine décomplexée, lucide sur les rapports de force, et déterminée à faire entendre sa voix. Une génération qui ne cède ni à l’intimidation, ni à la culpabilisation. À l’heure où les relations franco-africaines sont en quête de renouveau, l’heure n’est plus à la confrontation, mais au respect mutuel. Ignorer cette réalité serait une grave erreur politique.

 

« En le voyant évoluer balle au pied, j’ai immédiatement pensé à Rachid Yekini, icône du football nigérian, … »

 

3L’attaquant international guinéen Serhou Guirassy du BV Borussia Dortmund a fait mordre la poussière à ses adversaires défenseurs en Ligue des Champions UEFA en marquant 13 buts en 14 matches. Quel commentaire pouvez-vous faire sur la toute 1ère participation du Guinéen à cette compétition phare des clubs  européens ?

 

C’est en 2015, du côté de Lille, que j’ai découvert ce jeune joueur au potentiel immense. Du haut de son mètre quatre-vingt-sept, il imposait déjà une présence physique remarquable, digne des grands milieux offensifs africains. Sa carrure rappelait celle d’un Yaya Touré, puissant, élégant, capable de casser les lignes avec une facilité déconcertante. Pourtant, c’est en attaque qu’il m’a réellement surpris. En le voyant évoluer balle au pied, j’ai immédiatement pensé à Rachid Yekini, icône du football nigérian, avec cette même capacité à faire la différence dans les derniers mètres, cette rage de marquer et ce flair du buteur.

Mais au-delà du physique et des comparaisons flatteuses, ce joueur se distingue par sa technique raffinée et sa lecture du jeu. Il sait se placer, temporiser, accélérer quand il le faut. Son toucher de balle est fin, intelligent, et ses enchaînements rapides trahissent un sens inné du football. À chaque match, il offre des séquences de jeu qui ravissent les puristes comme les amateurs. Il n’est pas simplement fort, il est élégant, fluide, imprévisible.

À seulement quelques années de carrière professionnelle, il a déjà montré qu’il pouvait évoluer au plus haut niveau. S’il continue sur cette lancée, avec rigueur et maturité, il pourrait bien s’imposer comme l’un des meilleurs de sa génération. Le voir jouer est un réel plaisir, un régal pour les yeux, et chaque apparition sur le terrain laisse entrevoir un avenir brillant.

Rédaction de Farafinainfo.com

Farafinainfo à l’honneur : Le journaliste Chahreddine Berriah, lauréat