[PRÉFACE] : La longue marche de MAHAALÉ – par Mademba Ramata DIA

J’ai un problème. Pourquoi ? Un journaliste que j’ai encadré dans ses premières humanités avec la presse me demande d’écrire la préface de son livre. Quel honneur. Je me souviens du premier reportage que je lui avais confié en 2001, axé sur le vol de plaquettes et de grilles des égouts à Dakar. Test grandeur nature, réussi par ce jeune homme à l’air jovial qui respire la sérénité et l’engagement. Ce jour-là, c’était parti pour un long bail avec la presse. Je voyais en lui des signes prémonitoires d’une carrière porteuse dans le journalisme. Son engagement, sa rigueur, son désir permanent de bien faire et sa passion pour l’écriture étaient visibles dans chacun des actes qu’il posait, raison pour laquelle, sa production littéraire ne m’a pas surpris. Après un premier livre Le Sénégal que je connais, Talibouya Aidara nous gratifie d’un second ouvrage intitulé La longue marche de Mahaalé. À travers ce personnage central, l’auteur nous replonge dans les nombreux reportages qu’il a eu à effectuer depuis 2001 dans différents continents. Avec sa plume, il nous entraîne dans des univers puisés au Sénégal, Gambie, Guinée-Bissau, Cabo Verde, Mali, Mauritanie, Niger, Burkina Faso, Ouganda, Maroc, République de Corée, Vietnam, France, Belgique, Espagne, États-Unis, Russie et Brasilia avec son charme pittoresque.

Avec des mots chargés d’énergie, il nous fait visiter en même temps que lui certaines parties du monde à travers un genre journaliste, appelé reportage. En relisant ses écrits, je me suis davantage acquis à la conviction que les peuples ont des trajectoires hétéroclites, des vécus singuliers, des expériences particulières et des convictions qui leur sont profondes. Le livre traite aussi de la tragédie du siècle qui est le « drame du Joola » qui a vu près de 2000 âmes périr dans l’Océan Atlantique, au large des côtes gambiennes un 26 septembre 2002. Il se rappelle ce jour-là, envoyé en tant que reporter pour décrire la situation, il n’a pas pu traduire ce qu’il a vu. Il fera son compte-rendu 20 ans après pour devoir de mémoire, étreint qu’il était par l’émotion. Dans cet ouvrage, il évoque la mendicité en mettant en exergue un personnage du nom de Kaalidou, exemple vivant de la « République de la main tendue ». Féru du septième art, en foulant le port de Marseille lors d’un voyage en France qui a un fort lien avec le cinéaste feu Ousmane Sembène, il rend hommage à ce dernier, sans oublier la biennale de l’art africain contemporain. Il s’est aussi souvenu de la Covid 2019 qui a secoué le monde tout en asphyxiant notre économie nationale et étalant sa danse macabre. Je vous invite à lire ce livre qui est une somme de reportages vivants d’un journaliste qui a fait de ce métier un sacerdoce. Ce n’est pas un récit fade, mais un véritable régal auquel l’auteur vous convie. C’est un travail savamment pensé et repensé qu’il a eu à opérer avec rigueur et enthousiasme. Talibouya, nous t’encourageons à persévérer dans la voie que tu as empruntée jusque-là. Nous qui t’avons encadré, nous avons toujours vu en toi un alpiniste. L’alpiniste, plus il gravit la montagne, plus les risques sont grands, plus il s’envole vers la victoire. Un conseil : ne jamais verser dans la suffisance et dans l’autoglorification. Il ne me reste qu’une seule chose : demander aux hommes purs de t’accompagner par leurs prières afin que ton étoile continue de briller de mille feux. Pleins succès à « La longue marche de Mahaalé ».

Mademba Ramata DIA, Journaliste

 

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