REGARD D’UN UNIVERSITAIRE- ÉCRIVAIN. Dr. Mory Mandiana Diakité – écrivain et enseignant-chercheur à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia de son état – se prête aux Questions de Farafinainfo.com et pose son regard sur l’actualité marquante de la semaine du lundi 28 juillet au dimanche 03 août 2025 en Guinée, en Afrique et dans le Monde pour votre site panafricain d’informations générales [ACTU DE LA SEMAINE EN 3 QUESTIONS]
Dr. Mory Mandiana Diakité, Universitaire – Écrivain
“Ces déclarations sont donc suffisantes pour qu’il soit interpelé et auditionné afin de comprendre ses réelles motivations.”
1) – [MALI] – L’ancien Premier Ministre malien Moussa Mara a été placé sous mandat de dépôt, ce vendredi 1er août 2025, envoyé en prison et y a passé sa toute première nuit. Qu’en pensez-vous ?
Moussa Mara, Homme politique malien
L’arrestation de Moussa Mara fait suite à son Tweet intitulé « Solidarité indéfectible avec les détenus d’opinions ». Dans ce tweet il dit ceci : « aussi longtemps que dure la nuit, le soleil finira par apparaître ». Il ajoute que : « Et nous nous battrons par tous les moyens pour que cela arrive et le plus tôt possible ».
Ces affirmations sous-entendent qu’une activité subversive est en cours de préparation pour écourter la transition militaire et de passer à un régime démocratiquement élu, qui, à mon avis, constitue le jour pour lui. Pour cela, toutes les options sont possibles. Ces déclarations sont donc suffisantes pour qu’il soit interpelé et auditionné afin de comprendre ses réelles motivations. En fait, Moussa Mara est une figure de proue d’hommes politiques maliens qui veulent la chute du régime militaire dirigé par le Général Assimi Goïta, malgré la dissolution des partis politiques. Ce qu’ils oublient c’est que la République du Mali est en guerre contre le terrorisme violent et la rébellion touareg soutenue par l’occident. Ils se soucient peu de la stabilité sociopolitique du pays. Le plus important pour eux, c’est de revenir au schéma classique de la démocratie, qui fait du pays un gigantesque gâteau que l’on se partage pour manger. Ils refusent d’admettre que les choses ont changé positivement et que la France ne dicte plus les règles du jeu au Sahel, car, elle-même confrontée à des crises multiformes en son sein. Elle n’a donc plus les moyens pour bien mener sa politique extérieure, notamment en Afrique. Alors que c’est elle qui fabriquait les hommes politiques africains qu’elle disséminait à travers le continent, qu’elle aidait à accéder au pouvoir afin de maintenir son influence sur lui. Moussa Mara appartient à cette dynastie de politiciens sans vergogne prêts à se servir eux-mêmes et à fermer les yeux sur le pillage des ressources naturelles de leurs pays par les puissances extérieures, en l’occurrence la France, que de défendre réellement l’intérêt supérieur de leur peuple. Au lieu de soutenir le régime en place dans son combat contre le terrorisme dont le but est de créer le chaos et favoriser le partage du Mali, ensuite, quand le pays sera totalement pacifié, on parlera de l’organisation des élections sur toute l’étendue du territoire, eux ils veulent que celles-ci aient lieu maintenant. Les agissements des hommes politiques africains remettent en cause le patriotisme de l’homme africain. Le système éducatif étant inapproprié et obsolète en est pour beaucoup dans le désœuvrement des jeunes africains, qui deviennent par la suite des politiciens dégoutants prêts à tout pour monnayer leurs propres pays contre les privilèges du pouvoir en complicité avec les puissances occidentales, une fois aux affaires. Bref, que les intentions de Moussa Mara soient réalistes ou irréalistes, je crois qu’il risque de passer une longue période en prison, d’autant plus qu’il devient encombrant aux yeux du régime en place, qui a d’autres chats à fouetter. En plus, il n’existe plus aucun moyen de pression qu’on peut exercer sur ce régime militaire pour qu’il cède aux exigences des hommes politiques. L’époque des fameux embargos est révolue avec l’affaissement de la puissance occidentale, notamment la France, sur le reste du monde. Bizarrement, le peuple est du côté de ceux qu’ils qualifient de juntes militaires. C’est pour dire qu’ils ne bénéficient aucune crédibilité ni légitimité auprès du peuple au nom duquel ils mènent le combat politique. Sinon, personne ne peut empêcher le peuple malien de manifester son ras-le-bol lorsqu’il trouve que leur pays est mal gouverné ou géré. C’est un peuple souverain. S’il est calme, c’est qu’il apprécie bien la gouvernance sociopolitique et économique d’Assimi Goïta.
“Les citoyens ont leur part de responsabilité dans ces tragédies devenues annuelles, à cause du manque de civisme dans la gestion des ordures qu’ils produisent eux-mêmes à longueur de journée.”
2) – [GUINÉE] – “Inondation en Guinée : une tragédie évitable qui se répète chaque année.” C’est ainsi que Houssaïnatou Dine Baldé, Journaliste et Écologiste, a titré sa tribune. Ces pluies diluviennes meurtrières à Conakry “ont malheureusement entraîné plus de sept (7) de nos concitoyens et provoqués de nombreux sinistrés dans plusieurs quartiers de la capitale”, selon le communiqué du Gouvernement. Quel regard portez-vous sur cette triste situation ?
Selon plusieurs sources concordantes, les inondations de ce dernier temps ont fait plus d’une dizaine de mort, principalement dans la région de Conakry. Les constructions anarchiques et le manque de canalisation sont pointés du doigt comme étant les principales causes de ces inondations. À cela s’ajoute le drainage des ordures de tous genres par les eaux de ruissèlement, qui s’entassent sur leur chemin et viennent boucher les canaux d’évacuation plus en bas. Les citoyens ont leur part de responsabilité dans ces tragédies devenues annuelles, à cause du manque de civisme dans la gestion des ordures qu’ils produisent eux-mêmes à longueur de journée. Malheureusement, tout porte à croire que ces tragédies liées aux inondations se reproduiront encore pendant des années. Elles redoubleront même d’intensité avec l’urbanisme sauvage en cours et le dérèglement climatique, qui complique les prévissons météoriques. L’État fait d’effort pour construire des routes et creuser des fossés, mais cela ne va pas suffire pour endiguer le fléau. On déplace juste la direction de l’eau. Même si on fait des caniveaux, si on ne met pas en place un système efficace de gestion des ordures, le problème va demeurer et on continuera à enregistrer des victimes lors des périodes de grandes pluies. Les difficultés d’accès à plusieurs zones d’habitation, l’insécurité et les embouteillages récurrent ne favorisent pas la gestion des ordures ni l’investissement privé dans ce secteur. Les zones marécageuses sont remblayées et construites sans précaution particulière, tout cela favorise des inondations pouvant provoquer des pertes en vie humaine.
“Ce plan vise à stabiliser les finances du pays, à réduire le déficit budgétaire et à stimuler la croissance économique du pays.”
3) – [SÉNÉGAL]- Ousmane Sonko, Premier Ministre sénégalais, a présenté, ce vendredi 1er août 2025, le Plan de Redressement Économique et Social. “Le Premier Ministre Ousmane Sonko a dévoilé vendredi un nouveau plan de redressement économique pour le Sénégal (PRES), s’engageant à financer 90% de cette initiative à partir de ressources nationales et à éviter tout endettement supplémentaire”, rapporte BBC news. Quel regard portez-vous sur ce PRES ?
Effectivement, l e Premier ministre Ousmane Sonko a dévoilé vendredi un nouveau plan de relance économique pour le Sénégal (PRES). Il promet de mobiliser des ressources internes à hauteur de 90 % pour sa réalisation, évitant ainsi tout endettement supplémentaire. Ce plan vise à stabiliser les finances du pays, à réduire le déficit budgétaire et à stimuler la croissance économique du pays. Il s’inscrit dans une « vision de refondation économique » axée sur la souveraineté nationale, la justice sociale et la transparence dans la gestion des ressources publiques.
Il s’agit d’un plan dont j’ignore les objectifs spécifiques qui y sont assignés ni la stratégie pour sa mise en œuvre encore moins la gestion des risques et des opportunités. Donc, je vais juste faire une analyse superficielle. Autrement dit, si ce plan échoue, les raisons seront plus d’ordre politique qu’économique, d’autant plus que récemment le Premier Ministre n’a pas manqué de manifester dans un entretien télévisé (une déclaration sur les réseaux sociaux, ndlr) son mécontentement à l’égard du Président Diomaye Faye. Il accuse ce dernier d’être inactif face aux attaques et tentative de déstabilisation dont il fait l’objet. Celui-ci s’est exprimé sur ce sujet qui a défrayé la chronique un moment donné. Il a, à cette occasion, mentionné que tout va bien entre les deux hommes d’État. Dans cet entretien laconique, il a dit ceci : je prépare le terrain pour que celui-ci soit élu aux prochaines élections présentielles au terme de son mandat en cours. Est-ce était-il nécessaire d’affirmer cela publiquement, si réellement c’est ce qu’il souhaite pour Sonko. Si c’était le cas, cela constaterait par les actes, et non à travers des déclarations en parabole. C’est le pire hasard à cause de la mauvaise foi de Macky Sall que lui Diomaye Faye est devenu le Président de la république du Sénégal. Il ne doit jamais oublier cela, au risque de sortir par la fenêtre de l’histoire de l’Afrique contemporaine. Il ne doit jamais oublier que le destin qui l’a permis d’accéder à la magistrature suprême de la république du Sénégal est passé par Ousmane Songo; et que l’échec de l’un d’entre eux, est l’échec de tous les deux hommes politiques, et par extension, l’échec du peuple sénégalais et de la jeunesse de l’Afrique francophone tout entière. Bref, s’il y a des ministres dans le gouvernement qui désobéissent Sonko, c’est évident que celui-ci rencontre d’énormes difficultés dans la mobilisation des ressources pour atteindre les résultats escomptés avec ce PRES.
Rédaction de Farafinainfo.com
Farafinainfo à l’honneur : Le journaliste Chahreddine Berriah, lauréat