Mesdames et Messieurs les Chefs d’Institutions régionales et internationales, Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Diplomatique et des Organisations internationales, Distingués Invités, Mesdames et Messieurs,
C’est avec un réel plaisir, que je vous exprime ma gratitude pour votre présence distinguée, ici à Niamey, à l’occasion de cette 57ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO. Je suis particulièrement heureux de vous accueillir et de vous souhaiter chaleureusement la fraternelle bienvenue au Niger. Ma joie de vous retrouver est d’autant plus grande qu’il s’agit de notre premier sommet en présentiel de l’année 2020 au cours de laquelle nous avons dû tenir quatre sommets en visioconférence du fait de la COVID 19.
Excellences, Mesdames, Messieurs,
A ma prise de fonction à la tête de notre organisation, je m’étais engagé à mettre ce mandat à profit pour faire faire à notre communauté un saut qualitatif dans au moins trois domaines que je considérais comme les grandes priorités du moment : la sécurité régionale, la consolidation des institutions démocratiques et l’intégration économique. Sur cette base, dès le mois de septembre 2019, j’effectuai une visite au siège de notre commission afin de prendre connaissance de l’état d’avancement de tous nos programmes communautaires et donner l’impulsion nécessaire pour leur accélération. Notre ambition était d’accélérer la mise en œuvre de ces programmes dans des délais très courts comme nous l’avions fait pour le programme de la zone de libre-échange continentale Africaine (ZLECAf). L’arrivée brutale de la Covid-19 au premier trimestre 2020 dans notre région, a bouleversé profondément notre mode de vie et impacté négativement sur cette ambition.
Cette crise a fait l’objet, on s’en souvient, d’un sommet spécial à Ouagadougou le 14 Septembre 2019. A cette occasion, notre conférence a décidé de prendre à bras le corps cette question et a adopté un plan quinquennal 2020-2024 de lutte contre le terrorisme et le crime organisé dont elle a chargé la Commission de la mobilisation des financements et de la mise en œuvre y compris en procédant à l’activation de la force en attente de la CEDEAO. Les difficultés de mobilisation des financements handicapent la mise en œuvre de ce plan. Mise à part la contribution versée par les pays membres de l’UEMOA, contribution qui a permis de contribuer à l’équipement des armées nationales des Etats membres du G5 Sahel, les autres promesses de contribution tardent à se concrétiser. Je note aussi l’annonce de la contribution du Nigeria. Je salue et remercie le Président Muhammadu Buhari. Je lance un appel à la solidarité de tous les pays membres. Leur contribution est nécessaire à l’endiguement de la menace car, comme le prouve la récurrence des attaques terroristes dans le bassin du lac Tchad et dans le sahel, l’ennemi est loin d’être vaincu. La menace s’étend et les risques sont grands qu’elle métastase dans l’ensemble de notre région. Aussi notre organisation doit-elle rapidement honorer ses promesses y compris en mobilisant sa force en attente en vue de participer à la coalition de lutte contre le terrorisme au Sahel. En effet personne ne peut comprendre que des forces spéciales européennes, à travers les opérations Barkhane et Takuba, y participent pendant que notre organisation continue à y être absente et n’assume pas les obligations qu’elle a prises dans le cadre du Protocole du 10 Décembre 1999 relatif au « Mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité ». La crise sécuritaire à laquelle nous faisons face peut durer, comme on le voit dans d’autres régions du monde. Par conséquent, pour assurer la paix et la sécurité dans notre espace commun, nous avons le devoir, non seulement d’honorer nos promesses mais aussi de concevoir et de mettre en œuvre une véritable politique de défense et de sécurité commune.
Excellences, Mesdames, Messieurs,
En Guinée Bissau conformément à la feuille de route définie par la 55eme session ordinaire de notre conférence, le premier et le second tour de l’élection présidentielle se sont déroulées également dans des conditions jugées satisfaisantes par les observateurs de la CEDEAO et des autres organisations. Je renouvelle ici toutes mes félicitations au Président élu à l’issue du deuxième tour, Mr Umar Sissoko Embalo. Grace aux efforts d’accompagnement de notre communauté, le climat politique a été apaisé et toutes les institutions de Gouvernance du pays sont en place. La Guinée Bissau dispose désormais d’un président élu, d’un parlement et d’un Premier Ministre consensuel dont le programme politique a été adopté par le parlement. Aujourd’hui nous pouvons nous féliciter de ce que la crise politique de la Guinée Bissau, qui a été au centre de nos préoccupations tout au long de la décennie, est à son terme. C’est un succès indéniable de notre communauté. Je voudrais encourager le Président Embalo, qui participe physiquement pour la première fois à notre sommet en qualité de chef d’Etat, à engager les réformes institutionnelles nécessaires pour assurer la stabilité du pays. Au Mali, les dernières élections législatives ont fait l’objet de contestation suite à la proclamation, en Avril 2020, des résultats définitifs, par la cour constitutionnelle, ce qui a été l’élément déclencheur d’un mouvement de protestation qui a conduit au coup d’Etat du 18 Aout 2020 aggravant ainsi la crise politique. Cette situation a été au centre de nos préoccupations et nous lui avons consacré trois sommets virtuels en plus d’une mission de médiation de cinq chefs d’Etat et de la médiation du Dr Goodluck Jonathan, ancien Président de la République Fédérale du Nigeria, médiateur désigné par la CEDEAO pour le Mali. Au cours de ces sommets nous avions réaffirmé notre détermination pour l’application stricte de notre protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance qui stipule que toute accession au pouvoir doit se faire à travers des élections libres, honnêtes, et transparentes et que tout changement anticonstitutionnel est interdit de même que tout mode non démocratique d’accession ou de maintien au pouvoir. Nous avons pris des sanctions et demandé à la junte militaire de regagner les casernes afin que l’armée puisse se concentrer sur sa mission traditionnelle, en l’occurrence la guerre contre le terrorisme et le crime organisé. Nous avons aussi demandé la mise en place d’une transition, d’une durée de 12 mois maximum, dirigée par des civils. Le Mali a plus que jamais besoin de stabilité pour que les aspirations fortes du peuple Malien à la sécurité, au développement soient pleinement satisfaites. Il est du devoir de notre communauté d’assister les Maliens en vue d’un rétablissement rapide de toutes les institutions démocratiques. La junte militaire doit nous aider à aider le Mali. Nous fondons l’espoir qu’elle répondra favorablement aux mesures prises par notre communauté. D’autres partenaires stratégiques du peuple Malien fondent le même espoir. Ne les décevons pas. Excellences, Mesdames, Messieurs,
Au Mali comme ailleurs nous devons continuer à approfondir notre vision d’une CEDEAO des peuples. Une étape décisive de la réalisation de cette vision serait l’élection des députés du parlement de la CEDEAO au suffrage universel direct. Au-delà et puisque nous sommes à l’horizon 2020, terme fixé par conférence pour passer d’une CEDEAO des Etats à une CEDEAO des peuples, nous devons encourager la commission de la CEDEAO à élaborer et à nous soumettre une nouvelle réflexion stratégique qui doit tenir compte de l’agenda continental 2063 qui vise une « Afrique intégrée, prospère et pacifique, dirigée par ses propres citoyens, et représentant une force dynamique sur la scène internationale ». Nous devons aligner notre vision sur celle de l’agenda 2063. Nous devons considérer toutes les crises sanitaire, sécuritaire, politique et économique comme des opportunités. L’histoire ne repasse pas les plats dit-on. Profitons donc des occasions qu’elle nous offre pour accélérer l’intégration régionale et continentale. Nos responsabilités sont immenses et redoutables. Seule notre union nous permettra de les assumer. Pour paraphraser Kwamé Nkrumah, nous devons nous unir ou périr.
Je reste confiant sur la qualité de nos discussions et la justesse des décisions que nous prendrons ensemble pour renforcer notre coopération régionale et pour contribuer à l’intégration continentale à travers notamment la zone de libre-échange continentale dont notre région a l’honneur d’abriter le siège au Ghana et dont le nouvel agenda prévoit le démarrage des transactions au mois de Janvier 2021. Je saisis cette opportunité pour adresser à nouveau nos remerciements à l’Union Africaine, aux Nations Unies et à tous nos partenaires bilatéraux et multilatéraux qui nous accompagnent sur les problématiques de paix, de sécurité et de développement. Mes remerciements vont également à Monsieur Jean-Claude Kassi Brou, Président de la Commission et à l’ensemble de ses collaborateurs, dont la disponibilité et la compétence ont facilité l’exécution du mandat que vous m’avez confié. Je souhaite pleins succès à notre conférence dont je déclare ouverts les travaux.
Je vous remercie de votre amiable attention