58ème Session Ordinaire des Chefs de l’Etat & de Gouvernement de la CEDEAO

Les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) ont pris part, par visioconférence, à la 58ème Session Ordinaire de la Conférence, ce samedi 23 janvier 2021.

DISCOURS DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT SEM. ISSOUFOU MAHAMADOU A L’OCCASION DE LA 58ème SESSION ORDINAIRE DES CHEFS D’ETAT ET DE GOUVERNEMENT DE LA CEDEAO

  • Excellence Monsieur Nana Addo Akufo, Président de la République du Ghana, Président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement ;
  • Excellences Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement ;
  • Monsieur le Président du Conseil des Ministres ;
  • Monsieur le Président de la Commission de l’UA;
  • Monsieur le Président de la Commission de la CEDEAO ;
  • Mesdames et Messieurs les Ministres ;
  • Monsieur le Représentant Spécial du SG des Nations Unies
  • Monsieur le Président de la Commission de l’UEMOA
  • Mesdames et Messieurs les Responsables des Institutions de la CEDEAO ;
  • Mesdames et Messieurs ;

Je voudrais, en ce début de l’année 2021, présenter mes vœux les meilleurs de santé, de paix et de prospérité à l’ensemble des Chefs d’Etat et de Gouvernement et aux peuples des pays membres de notre Communauté.

Puisse la nouvelle année nous permettre de faire face avec davantage d’efficacité aux multiples défis que nous connaissons.En effet, l’année 2020 qui vient de s’achever a été une année particulièrement difficile, marquée par la persistance des chocs sécuritaire, climatique et sanitaire avec l’avènement de la pandémie de COVID 19.

Cette pandémie a touché notre région fin février 2020 et s’est répandue dans tous les pays membres. Au 31 décembre 2020, la CEDEAO enregistrait 244 251 cas soit 9% des cas en Afrique avec 3 263 décès (1,34%) et 218 607 guéris.

Les autorités de la Communauté se sont mobilisées au plus haut niveau pour prendre des mesures d’urgence sanitaire et économique, fermes et courageuses, en vue de circonscrire la propagation de la pandémie sur le territoire de la CEDEAO.

Outre ses conséquences sanitaires, cette pandémie a eu des répercussions économiques et sociales, avec la baisse drastique des ressources financières de nos pays, l’aggravation des déficits budgétaires, la perte d’emplois, etc.

Ainsi, la CEDEAO termine l’année 2020 en récession, avec une croissance de -1,7%. Le déficit budgétaire de la Région représente 5,3% du PIB, et l’inflation s’est globalement élevée à 10,7%, tandis que le ratio d’endettement de la zone atteint 28,1%. Tous ces indicateurs marquent une détérioration importante comparée à l’année 2019.

C’est le lieu de rappeler que nous avons à l’occasion de notre Sommet du 23 avril 2020 consacré à la pandémie, désigné le Président MUHAMMADU BUHARI comme Champion pour coordonner notre action commune.

Permettez-moi de lui transmettre mes sincères remerciements pour son leadership et pour le travail remarquable qu’il a accompli dans la coordination de la riposte commune face à la propagation de la pandémie.

Toutefois, la résurgence de la seconde vague de la pandémie constatée depuis quelques semaines dans la plupart de nos pays nous commande à rester sur le pied de guerre, à demeurer vigilants, à maintenir les mesures barrières édictées dans nos pays respectifs, afin d’interrompre la circulation du virus.

En particulier, la CEDEAO doit jouer pleinement son rôle dans la définition des stratégies continentales africaines en matière de recherche et d’acquisition de vaccin.

A cet égard, nous devons mener une réflexion approfondie, en rapport avec l’OOAS, notre organisation spécialisée dans ce domaine, sur la stratégie la plus à même de permettre à nos pays de se procurer le vaccin le plus sûr et à des coûts abordables.

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

La crise sanitaire liée à la COVID 19 vient s’ajouter à la crise sécuritaire qui secoue le Sahel et le bassin du lac Tchad.

Mon pays, le Niger, a connu, comme vous le savez, le 2 janvier dernier, une attaque barbare et lâche des groupes criminels qui a coûté la vie à plus de 100 civils, dans la région de Tillabéri, à la frontière avec le Mali.

Il ne fait aucun doute que le terrorisme est aujourd’hui la plus grande menace sécuritaire à laquelle fait face notre sous-région, justifiant ainsi la pertinence des décisions que nous avons prises à notre Sommet Extraordinaire tenu le 14 septembre 2019 à Ouagadougou, consacré spécialement à cette problématique. C’est pour nous, l’occasion de faire le bilan de la mise en œuvre du Plan d’Actions régional de lutte contre le terrorisme que nous avons adopté à ce Sommet, Plan qui comporte huit (08) axes prioritaires, sur la période 2020-2024.

La dégradation continue de la situation sécuritaire exige de nous, non seulement une forte solidarité en matière de mobilisation des ressources financières, mais aussi le déclenchement de la force en attente de la CEDEAO. Les pays de notre espace jusqu’ici épargnés doivent anticiper et ne pas attendre que se propage l’incendie car comme dit la sagesse populaire : « Quand la barbe de votre voisin prend feu, mouillez la vôtre ». Permettez-moi de remercier le Président Ouattara de m’avoir proposé au côté du Président en exercice de notre organisation, pour la mobilisation des ressources nécessaires à la lutte contre le terrorisme. Par ailleurs, les contingents de nos pays, qui évoluent au sein de la MINUSMA peuvent être érigés en brigade avec un mandat offensif sur le modèle mis en place au sein de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République Démocratique du Congo (MONUSCO). Naturellement, nous ne devons jamais oublier que la lutte contre le terrorisme exige des avancées décisives au plan démocratique et du développement économique et social.

Excellences,

Mesdames et Messieurs

Depuis le 1er janvier dernier, notre continent a amorcé une phase importante vers son intégration avec l’entrée en vigueur de l’Accord de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF).

Permettez-moi de féliciter la Commission pour avoir transmis à l’UA nos offres tarifaires ; c’est le lieu d’exhorter les autres pays membres de la CEDEAO, qui ne l’ont pas encore fait, de ratifier l’Accord de la Zone de Libre Échange Continentale Africaine. Notre Organisation commune doit également commander une étude sur les avantages comparatifs de notre région par rapport aux autres régions du continent. Nous devons aussi soutenir avec conviction la mise en œuvre des autres projets de l’agenda 2063 notamment les plans de développement des infrastructures, du développement agricole et industriel du continent.

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Sur le plan politique, je félicite la commission et le médiateur, l’ancien Président GoodLuck Jonathan pour le suivi efficace du déroulement de la transition au Mali. Notre Organisation commune a aussi accompagné plusieurs pays membres dans l’organisation d’élections générales au cours de l’année 2020.

S’agissant du Niger, je la remercie de son soutien dans l’organisation de trois scrutins : le scrutin local le 13 décembre 2020, les scrutins présidentiel et législatif, le 27 décembre 2020.

Le 21 février prochain se déroulera le 2ème tour de l’élection présidentielle. C’est donc la dernière fois que je prends part à un sommet de la CEDEAO à moins que ne se tienne un sommet extraordinaire avant le 02 avril 2021.

J’ai eu le privilège de travailler avec vous et j’ai bénéficié de votre amitié. Ensemble, nous avons fait avancer le processus d’intégration sous régional.

J’ai été particulièrement heureux de vous recevoir au Niger et d’être reçu dans vos pays respectifs. Avec votre soutien, j’ai eu l’honneur d’exercer la présidence de notre organisation pendant un an

Par ailleurs, j’ai eu le privilège de coprésider avec le Président du Ghana la Task Force chargée du programme de la monnaie unique de la CEDEAO. Le Niger approuve les conclusions du Comité Ministériel sur le programme de la monnaie unique notamment relativement au nouveau pacte de convergence.

Le Niger continuera à jouer activement le rôle qui est le sien pour l’atteinte de nos objectifs communs d’intégration.

Nous sommes sur la bonne voie. L’avenir est radieux mais les défis sont nombreux.

C’est avec cette conviction que nos pays, notre région et nos peuples connaitront plus de prospérité et de stabilité et joueront un rôle prépondérant sur l’échiquier africain et mondial, que je vous dis au revoir en vous souhaitant beaucoup de succès dans la gestion de vos pays respectifs.

Je vous remercie de votre aimable attention.

Avec Présidence de la République du Niger