À LA DÉCOUVERTE DE TOLY K. Styliste et entrepreneure mauritanienne

   « Mon objectif est de moderniser les vêtements traditionnels pour un mode de vie urbain »

Toly Kane, styliste autodidacte mauritanienne, réinvente la mode traditionnelle en y insufflant une touche de modernité. Entre passion pour les tissus africains et volonté de s’exporter, elle transforme son rêve en une griffe qui sublime les femmes.

Entretien réalisé par Hadja Saran Camara, Journaliste Farafinainfo.com

1)- Présentez-vous aux lecteurs de Farafinainfo.com, site panafricain d’informations générales ?

Je suis une jeune Mauritanienne, mariée et mère de famille, qui a créé une entreprise de mode nommée Toly K, et qui en est heureuse.

2) – Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?

Après avoir obtenu mon baccalauréat en Mauritanie, je rêvais de faire des études de stylisme, mais je me suis retrouvée en France à étudier la finance. J’ai effectué un stage en banque, puis je suis retournée en Mauritanie où j’ai travaillé dans l’administration d’entreprises privées. Toutefois, je ne me voyais pas passer ma vie dans ces fonctions qui ne me rendaient pas heureuse. Il y a environ dix ans, lors d’un voyage aux Pays-Bas, j’ai rencontré une femme passionnée par les tissus africains. Elle m’a transmis son savoir et m’a inspirée à créer des vêtements qui auraient du caractère. De retour à Nouakchott, j’ai passé une dizaine d’années à me former de manière autodidacte au métier de styliste. L’année dernière, je me suis sentie prête à lancer ma griffe et à produire dans mon atelier des vêtements de qualité reflétant ma vision de la mode.

3) – Avez-vous des artistes ou des stylistes dans votre famille ?

Non, pas à ma connaissance. Cependant, ma famille m’a inculqué le goût des belles choses.

4) – D’où vient votre passion pour la mode ? 

Je ne me souviens pas d’un événement déclencheur précis. J’ai toujours aimé regarder des photos de mode et, enfant, j’étais fascinée par la diversité des formes et des couleurs des vêtements portés par les femmes dans les rues de Nouakchott.

5) – Quelles sont vos influences ? 

Je m’inspire des habits traditionnels mauritaniens, qui sont lumineux, confortables et adaptés à nos climats, quelle que soit leur origine ethnique. À l’inverse, les modèles importés d’Occident, bien que souvent ternes, offrent parfois des coupes adaptées à notre vie moderne. Mon objectif est de moderniser les vêtements traditionnels pour qu’ils conviennent à un mode de vie urbain tout en conservant leurs qualités intrinsèques. Je pense d’ailleurs que cette mode africaine pourrait s’exporter avec succès dans certains pays occidentaux.

6) – Parlez-nous de l’exposition que vous avez organisée à Nouakchott.

J’ai eu la chance de rencontrer Isabel, directrice de la Galerie ZeinArt, qui m’a proposé de monter une exposition. J’avais terminé ma première collection et c’était une belle opportunité de la faire découvrir. L’exposition a eu lieu à la fin de l’année dernière. Isabel m’a beaucoup aidée, et une partie du succès de cet événement lui revient.

7) – Quel bilan tirez-vous de cette exposition ?

Le bilan est très positif. J’ai été agréablement surprise par le nombre de visiteurs. Cela a entraîné des ventes significatives, des commandes, et une notoriété que j’aurais mis longtemps à acquérir autrement. Je suis tellement satisfaite que je souhaite renouveler l’expérience.

8) – Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Je viens de terminer ma deuxième collection. Je cherche à stabiliser l’aspect économique de la marque en diversifiant ma production. Par exemple, je crée désormais des vêtements professionnels élégants, du linge de maison, ainsi que des uniformes scolaires pour écolières et collégiennes, qui rencontrent un certain succès.

9) – Quels sont vos projets futurs ?

Je souhaite lancer ma deuxième collection et renforcer les capacités de production de mon atelier. Cela passe par l’acquisition de nouvelles machines et le recrutement de personnes bien formées.

10) – Quel message souhaitez-vous laisser pour conclure cet entretien ? 

Si vous le permettez, je conclurais en reprenant le slogan de ma griffe : « La femme est un bijou qui mérite le plus beau des écrins. » C’est réaliser cet écrin qui est la raison d’être de mon entreprise Toly K.

 

Des modèles qui en disent long …

 

 H.S.C

 

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