Enseignant-Chercheur à l’ISIC (Institut Supérieur de l’Information et de la Communication) de Kountia et membre du Mouvement J’aime Alpha Condé (JAC). Cet enseignant formateur des journalistes a bien voulu répondre à nos questions portant sur le contentieux électoral en Guinée. Entretien …
L’Union des Forces Démocratiques de Guinée a finalement introduit un recours auprès de la Cour Constitutionnelle pour contester les résultats provisoires proclamés par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) donnant le Pr. Alpha Condé « vainqueur » de la présidentielle guinéenne du 18 octobre 2020 dès le 1er tour. Quel commentaire faîtes-vous de cette démarche, qui est quand même démocratique ?
Avant d’aborder cette question, je voudrais, si vous me permettez, rappeler la mission essentielle de la Cour Constitutionnelle : elle est la juridiction compétente en matière constitutionnelle électorale et des libertés et droits fondamentaux. Elle veille à la régularité des élections nationales et référendums dont elle proclame des résultats définitifs. L’UFDG connaissant cette mission essentielle, son président devrait s’abstenir de toute auto-proclamation d’être président élu. A mon humble avis, c’est cette dernière démarche démocratique qui devrait en principe être entreprise par l’UFDG à la place de la première, qui pouvait, sans doute, nous éviter toutes ces destructions et de pertes en vies humaines. Ceci dit, j’apprécie, je salue la démarche bien qu’elle soit tardive et prie qu’il privilégie cette démarche pour l’acceptation du verdict de la Cour Constitutionnelle en République de Guinée.
L’UFDG demanderait à la Cour Constitutionnelle d’annuler les voix de la Haute Guinée. Comment cette demande d’annulation a été accueilli au sein du RPG Arc-en-ciel et ses mouvements de soutien ?
C’est avec une énorme stupéfaction que nous avons accueilli cette demande d’annulation des voix de toute une région entière. C’est bien sûr, à travers cette demande d’annulation que j’ai assimilé et compris l’obtention du pourcentage des 53% que l’UFDG s’est injustement attribué. Certainement, ils ont dû procéder à leur calcul fallacieux en annulant les voix de la Haute Guinée et en ajoutant celles de la Guinée-Bissau, qui leur a fait obtenir les 53% du suffrage exprimé. Une fois encore, j’exhorte les cades de l’UFDG, d’être du bon côté du peuple. Le peuple s’exprime en toute conscience et en toute légitimité en choisissant le candidat qui lui paraît être le meilleur pour conduire sa destinée pour six (6) autres années à venir. Ce meilleur candidat est la personne du Pr. Alpha Condé.
Pensez-vous que l’Arrêt de la Cour Constitutionnelle mettra fin au contentieux électoral de la présidentielle guinéenne du 18 octobre 2020 ?
C’est pourquoi, je m’étais donné le devoir d’éclairer la lanterne de nos concitoyens, en évoquant brièvement la mission essentielle de la Cour Constitutionnelle en République de Guinée. Juridiquement parlant, l’arrêt de la Cour Constitutionnelle mettra fin, mais politiquement, j’ai des inquiétudes. Et mes inquiétudes ne sont pas fortuites, quand le candidat de l’UFDG s’exprime en ces termes: « Je ne porte ni confiance à la Communauté internationale, encore moins à la Cour Constitutionnelle, mais je vais néanmoins déposer mes requêtes. » En le lisant, il y a de quoi s’inquiéter. Je pense que cet arrêt de la Cour Constitutionnelle ne mettra pas fin au contentieux électoral sur le plan politique.
Propos recueillis par Aboubacar Sidiki Sidibé