ACTU DE LA SEMAINE EN 3 QUESTIONS – D. Mohamed Keïta : « Les réserves de change ont diminué, passant de 3,4 mois de … »

REGARD D’UN ÉCONOMISTE. Doussou Mohamed Keïta a bien voulu se prêter aux Questions de la Rédaction de Farafinainfo.com. Et est revenu sur les faits marquants de l’Actualité de la Semaine écoulée en Afrique notamment en Guinée, au Sénégal et en Côte d’Ivoire [Actu de la Semaine en 3 Questions].

 

Doussou Mohamed Keïta

 

Cet Économiste/Manager stratégique fait le bilan de la gestion du CNRD (Comité National pour le Rassemblement et le Développement), la junte militaire au pouvoir en République de Guinée depuis le dimanche 05 septembre 2021. Et donne un avis d’expert sur les déclarations du Premier Ministre Sénégalais et du Président de la République de Côte d’Ivoire. Entretien avec… Doussou Mohamed Keïta …

 

« Le déficit budgétaire est passé de 0,8 % du PIB en 2022 à 1,6 % en 2023, reflétant l’impact des subventions à l’électricité et aux carburants, mais reste l’un des plus faibles de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest… »

 

 

1) – Trois (3) ans après l’avènement du CNRD (Comité National pour le Rassemblement et le Développement), la JUNTE militaire au pouvoir en GUINÉE. Quel bilan faites-vous de sa gouvernance du pays ?

 

Le Général – Président Doumbouya et sa femme

Nous sommes effectivement dans la troisième année de l’avènement du CNRD au pouvoir, une situation qui a suscité tant d’émotions et de frénésie populaire. Ce 5 septembre 2021, reste gravé dans l’esprit de tout guinéen tellement la configuration d’un coup d’état semblait improbable.

En faire un bilan des 3 ans de la transition CNRD, nécessite assez d’exercices et exige une posture objective et réaliste. Sa lecture incombe de toucher plusieurs aspects de notre société comme le tissu économique et social, la justice et la sécurité, le système de santé, l’éducation, l’emploi, l’impact des sanctions de la CEDEAO, l’explosion du dépôt de la SGP, les libertés individuelles, l’accès à l’information, les réformes institutionnelles et administratives en cours…

Notre économie se distingue par sa résilience au sein de l’Afrique de l’Ouest. Porté par l’agriculture et l’exploitation minière, le PIB a connu une croissance estimée à 5,7 % en 2023, contre 4 % en 2022. L’inflation est passée de 10,5 % en 2022 à 7,8 % en 2023. La quasi-stabilité du taux de change par rapport au dollar américain a compensé l’impact de l’inflation importée.

Le déficit budgétaire est passé de 0,8 % du PIB en 2022 à 1,6 % en 2023, reflétant l’impact des subventions à l’électricité et aux carburants, mais reste l’un des plus faibles de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Le déficit budgétaire a été financé par l’émission d’obligations. La dette publique est passée de 40,1 % du PIB en 2022 à 35,2 % en 2023. Bien que le risque de surendettement soit modéré, la capacité d’absorption des chocs est limitée. Le déficit budgétaire et la dette publique sont conformes aux critères de convergence de la CEDEAO. Le déficit du compte courant est resté stable à 8,6 % du PIB en 2022 et 2023, financé par les investissements directs étrangers dans la mine de fer de SIMANDOU. Les réserves de change ont diminué, passant de 3,4 mois de couverture des importations en 2022 à 2,5 mois en 2023. Le secteur bancaire reste suffisamment capitalisé, mais les prêts non productifs ont légèrement augmenté, passant de 8,77 % des prêts bruts en 2022 à 8,95 % en 2023.

Selon l’Institut national de la statistique, le taux de pauvreté en Guinée était de 43,7 % en 2019, contre 55,2 % en 2012. L’économie est dominée par le secteur informel, qui génère en 2023 42 % du PIB et 96 % de l’emploi, mais en général qui ne propose pas des emplois décents. Cependant, le RNB par habitant est passé de 1 010 dollars en 2021 à 1 180 dollars en 2023, faisant passer la Guinée du statut de pays à faible revenu à celui de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieur. L’idéal est de ne pas se focaliser seulement sur l’économie et ses perspectives mais de tenir de compte de tous aspects afin d’aboutir à ne situation socioéconomique stable et vivable.

Pourque les ménages puissent ressentir les réformes entamées, le gouvernement doit impérativement travailler à favoriser un climat des affaires, mettre au point un dispositif attractif des investissements, une incitation des investissements locaux, réduire le train de vie du gouvernement, lutte à outrance contre la corruption, une justice juste, une relecture des projets publics vernis par un gâchis total…

Pour finir sur ce point, saluons les gros efforts déployés par les autorités pour maintenir la fourniture du carburant après l’explosion du dépôt de la SGP.

 

« Les deux peuples se voient en ennemis jurés, toutes les actions militaires et autres du gouvernement israélien est légitimé par la Knesset. Aux autorités palestiniennes de revoir leur stratégie … »

 

 

2)– ‘’ « Nous avons un Premier Ministre [israélien] dont le pouvoir dépend de cette guerre, [dont] la survie politique dépend de cette guerre, et qui est prêt à marcher sur des milliers de cadavre pour rester Premier Ministre et pour ne pas faire face à la justice de son pays », a déclaré [Ousmane Sonko] au cours du rassemblement de quelques centaines de personnes en soutien aux Palestiniens, à la Grande Mosquée de Dakar’’, rapporte Jeune Afrique. Quel commentaire faites-vous de cette déclaration ?

Le Premier Ministre Sonko et le Président Diomaye Faye

 

Le conflit israélo-palestinien est souvent mal compris et mal interprété. Alors que la guerre fait rage à Gaza, il est indispensable d’analyser la situation en prenant en compte la réalité historique et celle du terrain.

Depuis le 7 octobre 2023, les discours politiques et médiatiques parlent de « guerre Israël-Hamas ». Or, c’est avant tout, une phase du « conflit israélo-palestinien ». Nous ne pouvons pas comprendre ce qui se passe à Gaza sans l’inscrire dans le temps long du conflit qui oppose les Israéliens et les Palestiniens depuis 1948… Comment en sommes-nous arrivés là ? Quelle est l’essence de ce conflit ? Pourquoi le 7 octobre 2023 nous a-t-il surpris?

De 1920-1948, le mandat britannique sur la région avec le soutien de la société des Nations actuelle ONU, impose la création de l’Etat d’Israël avec la bénédiction des USA.

Une guerre sur fond de religion, de territoires géographiques, de manque de solidarité du monde arabe, d’enjeux géostratégiques, l’Israël par sa force militaire et le soutient occidental, tire son épingle du jeu.

Les deux peuples se voient en ennemis jurés, toutes les actions militaires et autres du gouvernement israélien est légitimé par la Knesset. Aux autorités palestiniennes de revoir leur stratégie, les alliances et s’efforcer d’avoir un seul interlocuteur politico-militaire face à cette puissante armée israélienne.

Le monde d’aujourd’hui vit au rythme d’une injustice vu que même au sein des instances internationales, les résolutions sont biaisées.

« Sur la gestion des finances publiques, il y a lieu de saluer les recettes budgétaires en hausse de 17,4 % par rapport à 2022, mais rappelé aussi que l’endettement total représentait 55,9 % en septembre 2023. »

 

3) – « Notre ambition demeure l’amélioration du quotidien et des conditions de vie de tous nos concitoyens. Les performances économiques que nous enregistrons doivent profiter à tous. Tel est le but de notre programme « Une Côte d’Ivoire Solidaire », a déclaré Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire. Quelle analyse faites-vous de cette déclaration ?

 

Le couple présidentiel ivoirien

 

L’avantage de la Côte d’Ivoire est d’avoir un Président de la République assez à jour dans le monde des investissements, des finances et de l’économie. Son réseau de partenaires, sa vision pour son pays, lui ont permis d’amorcer des projets d’envergure. Une situation favorable à une économie de marché très attractif.

D’après un rapport de l’agence de notation panafricaine Bloomfield Investment Corporation, sur le plan du climat des affaires, la Côte d’Ivoire a progressé dans sa lutte contre la corruption, selon le classement de Transparency International où l’indice du pays passe de 37 sur 100 en 2022 à 40 sur 100 en 2023.

Si des réformes institutionnelles ont été menées en ce sens, ce progrès est illusoire, a laissé entendre le CEO de l’agence de notation, tant que les structures concernées, en particulier la Haute Autorité pour la bonne gouvernance, restent assujetties au pouvoir.

Et Quant à la situation sécuritaire, elle semble contrôlée, avec un indice très bas – 1,1 sur 5 –, « ce qui constitue un environnement hautement sécurisé ».

Sur la gestion des finances publiques, il y a lieu de saluer les recettes budgétaires en hausse de 17,4 % par rapport à 2022, mais rappelé aussi que l’endettement total représentait 55,9 % en septembre 2023.

Bien que l’endettement total reste sous le seuil critique de 70 % du PIB, le service de la dette par rapport aux recettes fiscales est en hausse de 68 % et devient une inquiétude à surveiller à court et moyen terme. Notamment car moins de 10 % des actifs subissent l’intégralité de la pression fiscale dans une économie à près de 90 % informelle.

Sur les performances macroéconomiques, la Côte d’Ivoire est l’un des pays les plus performants d’Afrique, avec un taux de croissance attendu à 7 % en 2023. La stabilité économique de la Côte d’Ivoire et sa résilience sur le long terme dépendent donc une nouvelle fois de l’épreuve des urnes. Car 95 % des PME contribuent à 20 % de la richesse du pays, selon les études, tandis que 5 % de multinationales installées en Côte d’Ivoire génèrent 80 % de sa richesse.

Rédaction de Farafinainfo.com 

 

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