ACTU DE LA SEMAINE EN 3 QUESTIONS – Diagana Abass : « … l’inadmissible réalité (…) est un cas qui découle de la mauvaise gestion de nos … »

REGARD D’UN ACTIVISTE. Abass Diagana a bien voulu se prêter aux Questions de la Rédaction de Farafinainfo.com. Et est revenu sur les faits marquants de l’Actualité de la Semaine écoulée en Afrique particulièrement en Mauritanie, en Algérie et en Guinée [Actu de la Semaine en 3 Questions].

 

Diagana Abass 

 

« Investir dans les infrastructures locales, favoriser les initiatives communautaires et renforcer les capacités du gouvernement … »

 

1) – « Nous pouvons être unis contre le néocolonialisme français. Bien que la Mauritanie soit un petit pays, elle est très riche. Les ressources de notre pays sont exploitées par la France. La politique néocoloniale de la France a eu un impact négatif sur notre économie », déclare Brahim Bilal Ramdane, président de la fondation SAHEL, rapporte Agence de Presse Nationale d’Azerbaïdjan. Quel commentaire faites-vous de cette déclaration ?  

 

Brahim Bilal Ramdane, président de la fondation SAHEL

D’ailleurs je salue de passage Monsieur Brahim pour cette sortie honorable, où il a osé pointer du doigt là où beaucoup d’intellectuels prennent des gants s’agissant de la France.

En effet, depuis des décennies, les ressources naturelles de nos pays sont exploitées, souvent au détriment de nos populations et de notre environnement. La France, en tant qu’ancienne puissance coloniale, continue d’exercer une influence disproportionnée sur nos richesses.

Cette mainmise se manifeste à travers des accords inéquitables, des multinationales qui siphonnent nos ressources et une gestion opaque qui ne profite qu’à quelques-uns, notamment le clan proche de l’oligarchie. Ceci se manifeste à travers les points suivants :

Une Exploitation Injuste

Les accords signés entre la France et nos gouvernements, souvent dans l’ombre, privilégient les intérêts français au détriment des besoins locaux. Nos matières premières, qu’il s’agisse de minerais, de pétrole ou de produits agricoles, sont exportées à bas prix, tandis que les bénéfices sont rapatriés en France. Cette dynamique crée un cercle vicieux de dépendance économique et de précarité pour nos populations.

Pour une Gestion Inclusive

Il est impératif d’exiger une gestion inclusive de nos ressources. Cela signifie impliquer toutes les parties prenantes : les communautés locales, les ONG, le gouvernement, et même les entreprises. Nous devons promouvoir une gouvernance transparente qui garantit que les richesses naturelles profitant réellement aux populations qui vivent sur ces terres.

Vers une Autonomie Économique

En mettant en avant des modèles de développement durable et de coopération équitable, nous pouvons bâtir un avenir où nos ressources sont gérées de manière responsable. Investir dans les infrastructures locales, favoriser les initiatives communautaires et renforcer les capacités du gouvernement sont des étapes cruciales pour assurer une distribution juste des bénéfices.

Nous devons dénoncer ces pratiques et revendiquer notre droit à l’autodétermination, c’est-à-dire avoir une gestion autonome de nos ressources d’un côté, et de l’autre, une industrialisation à travers un transfert effectif de technologie et de connaissance. Les voix de nos populations doivent être entendues, et nos richesses doivent servir notre développement, notre environnement et notre avenir.

Par exemple, l’inadmissible réalité des abris provisoires en 2024, est un cas qui découle de la mauvaise gestion de nos ressources, et cela doit nous interpeller et appeler à la responsabilité

Il est inacceptable qu’en 2024, à l’aube de la rentrée scolaire, notre pays se retrouve confronté à la réalité des abris provisoires pour les élèves dans la Mauritanie profonde, alors que nous avons d’énormes potentialités, tant sur le plan économique que social, nous ne pouvons pas accepter que nos enfants étudient dans des conditions aussi précaires.

 

« Notre pays se trouve dans une situation délicate (entre l’Algérie, le Maroc et le Sahara Occidental) »

 

2) – L’Algérie annonce le « rétablissement immédiat » d’un régime de visas pour « tous les étrangers détenteurs d’un passeport marocain ». Quelle lecture faites-vous de cette relation diplomatique, du moins conflictuelle ?

 

L’Algérie & le Maroc

 

Notre pays (Mauritanie, ndlr) se trouve dans une situation délicate (entre l’Algérie, le Maroc et le Sahara Occidental) ; effectivement, adopter une position de neutralité et de diplomatie est essentiel pour la Mauritanie. En jouant le rôle de médiateur, nous pouvons favoriser un dialogue constructif entre ces deux nations amies et frères (sinon les trois). Il est important de promouvoir des échanges basés sur la compréhension mutuelle et le respect, sans prendre parti. Cela permettra de créer un climat de confiance et de coopération, évitant ainsi d’attiser les tensions. En agissant de manière réfléchie et équilibrée, notre pays peut contribuer à la paix et à la stabilité dans la région.

Si aujourd’hui l’Algérie a adopté une telle posture face au Maroc, c’est regrettable, mais aussi les voisins n’ont pas pleinement joué ce qui aurait dû être leur rôle.

Il est crucial que les deux pays engagent un dialogue constructif (pour cette question de Sahara, et se référer aux résolutions des Nations-Unies) pour parvenir à des solutions durables. Cela pourrait inclure des discussions sur la coopération économique, la sécurité régionale et le respect des droits humains. En mettant l’accent sur des objectifs communs et en impliquant éventuellement des médiateurs ou des organisations internationales, ils peuvent travailler ensemble pour instaurer une stabilité durable dans la région. Une approche collaborative est essentielle pour surmonter les défis et construire une confiance mutuelle.

 

« Des figures emblématiques comme Ahmed Sékou Touré, à travers qui nous avons appris le panafricanisme et la révolution … »

 

3) – La République de Guinée a célébré- ce mercredi 02 octobre 2024, avec ferveur- son 66è anniversaire d’indépendance sous le thème : « S’inspirer du passé pour construire le futur ensemble : ‘’LA GUINÉENNE’’ ». À votre avis, qu’est-ce qu’on peut lui souhaiter pour les années à venir ?

 

Le couple présidentiel Doumbouya lors de la célébration du 02 octobre 2024

 

La Guinée, ce pays, avec sa riche histoire et ses contributions significatives à la culture et à la politique de l’Afrique de l’Ouest, mérite d’être célébré. Des figures emblématiques comme (le Président, ndlr) Ahmed Sékou Touré, à travers qui nous avons appris le panafricanisme et la révolution, a laissé une empreinte indélébile, non seulement au niveau national, mais aussi sur le continent et dans le monde entier. En mettant en avant ce patrimoine qu’il nous a légués, nous pouvons promouvoir une image positive et inspirante de la Guinée et de l’Afrique, tout en renforçant l’unité et l’identité nationale. Cela contribuera également à la fierté des générations futures.

Il est vrai que le pays a connu des moments difficiles, mais avec la persévérance et l’engagement, les Guinéens sont arrivés à relever certains défis, même si tout n’est pas rose, il est important de souligner les grands pas en avant que le peuple guinéen a fait montre ces dernières années. A cet effet, nous félicitons les autorités du pays pour avoir organisé un procès d’une telle envergure, souvent qualifié de « procès du siècle ». Cet événement marque une étape importante dans la promotion de la justice et du respect des droits humains. En garantissant un processus équitable et transparent, le pays démontre son engagement envers l’état de droit et la responsabilité. Ce procès envoie un message fort sur l’importance de la justice dans la société, renforçant ainsi la confiance des citoyens dans les institutions et favorisant la réconciliation nationale. C’est un moment de fierté qui mérite d’être célébré. C’est aussi un message fort les puissances étrangères comme la France, qui nous regarde comme des sous-hommes.

Il est lieu de féliciter également la justice et son président pour avoir organisé le procès le plus attendu avec une impartialité exemplaire, et un sang-froid. Ce procès du 28/09 représente une avancée significative dans la lutte pour la justice et les droits humains, et mérite d’être salué par tous.

Quant au Président Mamadi Doumbouya, nous félicitons chaleureusement pour les réformes engagées, qui témoignent d’une vision audacieuse et d’un engagement profond envers le développement de la Guinée, un pays qui regorge pas mal de ressources. Ces initiatives sont essentielles pour promouvoir la croissance économique, renforcer les institutions et améliorer la vie quotidienne des citoyens. En mettant en place des réformes structurelles, le Président pave la voie vers un avenir plus prospère et inclusif. Nous sommes confiants que ces efforts porteront leurs fruits et contribueront à bâtir une société plus juste et dynamique.

Il est important de rappeler au Président de la République que la Guinée a tant souffert, les Guinéens ont besoin de la bonne marche de la démocratie, et un ordre constitutionnel contre les dérives et le parjure qui peuvent nuire à la crédibilité de sa période de transition. La transparence et l’intégrité sont essentielles pour maintenir la confiance des citoyens. Il est crucial de rester vigilant face aux tentations de l’abus de pouvoir. De respecter sa parole donnée, c’est le seul engagement qui compte ; derrière les promesses des groupes de femmes, il y a le diable qui y réside.

Il doit s’assurer que les réformes engagées soient mises en œuvre de manière éthique et responsable. En honorant les principes de justice et de responsabilité, mettre en place une feuille de route pour l’organisation d’élections transparentes et inclusives dont il sera simple électeur et s’assurer que la compétition se déroulera en toute équité sans exclusion.

Par ailleurs de veiller aux libertés individuelles et de permettre aux journalistes d’exercer pleinement leur métier dans les règles de l’art.

 

Rédaction de Farafinainfo.com

 

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