Algérie, Khira Taleb : « Les droits de la femme, mon combat ! »

Le mois de mars, le mois de la femme, Farafinainfo.com célèbre la gent féminine –  Elle vit à Tlemcen, sa belle ville natale, dans l’ouest algérien. Une cité millénaire qui a du mal à s’accommoder à l’ouverture vers l’autre. Pour l’autre. 

Khira Taleb, pure et dure tlemcenienne, fait plus que s’accrocher aux «règlements ancestrales de son terreau. Par son verbe et son action, elle nargue toute une société. Dans tous les cas, c’est comme cela qu’on la voit. Portrait d’une Consultante en communication sociale, pas comme les autres.

Portrait réalisé par  Chahreddine Berriah pour farafinainfo.com

 Pendant la décennie noire, elle s’occupait des enfants ayant subi un traumatisme à titre gracieux dans les fins fonds de sa wilaya.

 En 2012, pour les élections législatives, elle a élaboré une liste indépendante à majorité féminine « Pendant que je sillonnais les villes et villages de la wilaya de Tlemcen pour la collecte des signatures, les hommes faisaient des paris dans les cafés en disant que je n’en aurai pas 100. Mais, au final, le résultat a démenti tout le monde. Je suis, peut-être la première femme à avoir réussi ce défi… », rappelle-t-elle.

 Parlant de Tlemcen, elle dit sans avoir peur des mots « La société tlemcenienne est conservatrice comme toute société ayant un passé riche, historique, millénaire. Elle a un vernis de modernisme avec une farouche détermination de conserver les bonnes vieilles traditions. Oui, les Tlemceniens sont conservateurs et fiers de leurs racines… »

 C’est une femme qui n’a pas la langue dans la poche. Ses principes n’ont pas changé d’un iota, depuis la nuit des temps.

 Mme Khira Taleb maîtrise son sujet et en fait un combat. «Depuis la marche mondiale des femmes en octobre 2000, j’ai fait de la promotion des droits de la femme et de la notion « genre », mon combat» dit-elle d’emblée. Mais, elle est loin de se leurrer « Promouvoir les droits des femmes est un combat permanent et cela même si notre société a connu des mutations profondes avec une pléthore de lois. En réalité, les lois sont souvent en décalage avec les pratiques sociales bien ancrées dans les coutumes »

Pour la psychologue « les droits des femmes ont progressé en Algérie quand les forces de progrès étaient plus influentes et détenaient l’initiative dans la mobilisation des masses. Les femmes se heurtent à l’obscurantisme, aux préjugés profondément ancrés chez une majorité d’hommes n’acceptant pas que leur femme travaille ou qu’elle puisse avoir seulement des idées et un idéal de vie » Constat amer de celle qui connaît mieux la condition de la femme dans notre pays. Une femme qui s’accroche tout de même à l’espoir. « Cependant, en dépit de leurs tentatives de confiner les femmes à leur foyer, les forces conservatrices n’ont pas réussi à enrayer complètement le travail des femmes.

 Les pressions réactionnaires voire même intégriste n’ont pas empêché les Femmes d’être de plus en plus nombreuses dans la vie active, sur les bancs des universités ou dans les décisions de la cité (domaine réservé aux Hommes). Les Femmes Algériennes sont conscientes que le chemin pour l’égalité de leur droit le plus élémentaire est encore long et rempli d’embûches »

 N’allant pas avec le dos de la cuillère, elle dénonce «Les Femmes qui travaillent dans le secteur privé sont exploitées de façon éhontée, elles subissent des vexations et brimades de toutes sortes, notamment le harcèlement psychologique et le harcèlement sexuel cela dans le contexte de la domination des courants réactionnaires de la société et du spectre d’un chômage propice à tous les chantages odieux» et de souhaiter «Nous fêterons bientôt le 08 Mars, je dirai comme l’on dit d’autre avant moi, on se doit de respecter la Femme (mère, sœur, fille) durant toute l’année 365 jours sur 365 jours et non pendant une demie journée. Un clin d’œil pour les Hommes qui offrent fleurs et cadeaux aux Femmes qui travaillent pensent-ils à souhaiter une bonne fête à leur propre Femme ?»

C.B