Algérie, Mauritanie & Guinée : Les prix des denrées prennent de l’ascenseur !

Dossier de Farafinainfo.com – Les femmes algériennes, mauritaniennes et guinéennes se plaignent de la cherté des denrées alimentaires de première nécessité. Ce qui n’est pas sans conséquence fâcheuse sur le panier de la ménagère dont le contenu ne cesse de diminuer de jour en jour. Le gouvernement guinéen vient de prendre une série de mesures contre la vie chère. 

+++Algérie : Dégradation du pouvoir d’achat

La hausse des prix du pétrole et du gaz n’ont pas été salutaires pour la population algérienne. Curieusement.

Par Chahreddine Berriah

Et même si quelques produits, comme le lait, l’huile, la semoule et la farine continuent d’être subventionnés, leur apparition sur les étals brille par leur rareté, ce qui a généré une crise jamais vécue auparavant. D’où les chaînes devant les magasins d’alimentation générale.

Une crise qui incite les commerçants à augmenter les prix d’eux-mêmes.

« Légumes, fruits, viandes blanche et rouge, pâtes alimentaire ont vu leurs prix s’envoler dès 2021. Les révisions des hausses ne sont pas justifiées. Le taux d’inflation rendu public par le gouverneur de la Banque d’Algérie le montre clairement : l’inflation a atteint fin octobre dernier que la loi de finances 2012 tablait sur 4,5% pour en finir avec le double de ce chiffre…,» explique un expert financier.

Un véritable choc des hausses vertigineuses des prix de large consommation que ni l’augmentation du salaire national minimum garanti, ni l’exonération des salaires inférieurs de l’impôt sur le revenu global (IRG) qui a bénéficié à quelques 7 millions de citoyens n’ont pu atténuer.

La situation risque d’empirer au moment où le processus de la révision du système des subventions est lancé tel que décidé dans la loi de finances pour 2022. C’est dire si les Algériens, qui s’appauvrissent davantage de jour en jour, doivent s’attendre à un avenir des plus difficile.

Cette inflation pèse lourdement sur les budgets des ménages, notamment les petites bourses dont les salaires varient entre 100 et 2 00 euros, par mois. Ayant Gardant leur sens de l’humour, malgré la cherté de la vie, des citoyens commentent « si ça continue comme ça, nous allons nous contenter du pain et de l’eau. Aujourd’hui, rares sont les gens  qui peuvent se permettre de la viande une fois par mois. Il faudra qu’elle soit remboursée par la sécurité sociale »

Et qu’en est-il des pères de famille sans emploi et des jeunes chômeurs ?

« Ceux-là vivent par la grâce de Dieu, mais remarquez que les fléaux sociaux, comme les agressions, les vols, les trafics en tout genre et la consommation des drogues ont augmenté aussi. Je ne justifie rien, mais pour assurer de la pitance à ses enfants, un chef de famille est capable d’enfreindre toutes les lois » estime Mohamed Benbakour, sociologue.

Le président de la confédération du patronat citoyen, Sami Agli, a estimé que le « pouvoir d’achat en Algérie permettra au pays de parvenir à une économie nationale forte et sera un moteur de la croissance économique » Pour lui, les priorités sont, outre « l’augmentation du pouvoir d’achat, la lutte contre l’informel, la stabilité de la législation, la numérisation et l’accompagnement des opérateurs économiques pour s’orienter vers l’étranger… » Des souhaits que ne peuvent se réaliser dans un pays géré au jour le jour sans perspectives basées sur des règles économiques fiables et une volonté réelle des pouvoirs publics à sortir le pays  du marasme social, économique et politique.

En Algérie, la classe moyenne a pratiquement disparu «Tant que nous sommes sous le joug d’une mafia prédatrice, on doit s’attendre à tout. A force d’encaisser les coups bas de ce pouvoir, le peuple finira par se rebeller, malgré les lois répressives sévères…,» gronde un enseignant à la retraite qui n’arrive plus à vivre avec sa maigre pension.

C.B

+++Mauritanie : Les prix des denrées ne cessent de grimper sur le marché

La flambée des prix, des Mauritaniens en souffrent beaucoup. L’opposition alerte : «Notre pays connaît une situation difficile marquée sur le plan social notamment par la cherté de la vie, due à la fulgurante hausse des prix, la propagation de la pauvreté et le chômage qui sévit particulièrement chez les jeunes».

Par Lala Aïcha Housseine 

Les prix de denrées alimentaires de première nécessité n’arrêtent pas de grimper sur le marché en République Islamique de Mauritanie. Et ce, malgré la belle promesse de l’Etat mauritanien, qui avait annoncé une baisse des prix denrées avant le début du mois béni du Ramadan 2022. «Et le président de l’Union nationale du Patronat mauritanien (UNPM), Mohamed Zine El Abidine Ould Cheikh Ahmed, a souligné l’existence d’une coordination permanente entre le ministère du Commerce et la fédération nationale du Commerce, conformément aux orientations de Son Excellence M. Mohamed Ould Cheikh el Ghazouani, afin de fournir les produits alimentaires en quantité suffisante et à des prix abordables pour servir les citoyens», rapporte Agence Mauritanienne d’Information. Mais jusqu’à présent l’Etat n’a pas encore agi sur les prix des denrées. De mal en pis, ces prix des denrées alimentaires ont augmenté sur le marché à l’approche du mois saint. «Le sac de riz, qui coûtait 6.000UM (ancienne monnaie), coûte 10.000 UM maintenant sur le marché. La bouteille d’huile de palme de cinq (5) litres coûte présentement 3.800UM au lieu de 1.800UM. Le sac de sucre de 5kg qu’on achetait à 1.300UM, on achète désormais à 1.600UM. Le kilogramme de viande se vend à 2.400UM au lieu de 1.600UM. Le kg de lait en poudre, se vend maintenant à 1.200UM, qui se vendait à 1.000UM il y a peu de temps», renseigne Fatimetou Zahra Mint Sid’Ahmed

Consommateurs & Commerçants se plaignent

Les citoyens ne cessent de se plaindre de la flambée des prix des denrées alimentaires sur le marché, qui est une triste réalité. Et ils demandent encore et toujours à l’Etat de réguler les prix de ces denrées de première nécessite sur le marché. Quant aux commerçants, ils se plaignent également, pas de la hausse des prix sur le marché national, mais à l’international et aussi de la hausse des taxes douanières soulignant qu’ils ne peuvent pas vendre à perdre : ce qui n’est pas tout à fait faux, car ils ne sont pas des philanthropes, des commerçants cherchant à tout prix des bénéfices au grand dam des clients.

Part de responsabilité de l’Etat

Et le président du Patronat mauritanien n’a pas manqué de révéler : «Cette coordination a récemment été renforcée et élargie, ces derniers temps, pour inclure la Direction des douanes, le Port, la Banque Centrale de Mauritanie et tous les secteurs impliqués dans l’importation des marchandises de l’étranger» tout en disant que ce tout le monde sait déjà : «les marchandises essentielles sont importées selon des dispositions spécifiques et définies et peuvent faire l’objet d’un suivi périodique et clair».

L’opposition monte au créneau

«Déclaration

 Notre pays connaît une situation difficile, marquée sur le plan social notamment par la cherté de la vie, due à la fulgurante hausse des prix, la propagation de la pauvreté et le chômage qui sévit, particulièrement chez les jeunes. Sur le plan politique et de la gouvernance, la généralisation de la corruption, la déliquescence de l’administration, le rétrécissement du champ des libertés et les atteintes à l’unité nationale, du fait de l’exclusion et de la marginalisation subies par certaines composantes nationales, constituent des menaces à la cohésion de notre peuple.

L’insécurité intérieure et sur nos frontières, les répercussions de la situation géopolitique instable qui prévaut au Sahel et au Maghreb nous interpellent gravement.

Au vu de ce qui précède, et sur la base de notre ferme conviction que la conduite d’un dialogue national inclusif, dans le but de parvenir à un large consensus sur les questions nationales fondamentales, serait à même de protéger le pays des menaces pouvant résulter de cette situation, nous avons œuvré, sans relâche, pour le lancement de ce processus. 

Il y a lieu, cependant, de constater que certains milieux cherchent, encore, à saper, par diverses manœuvres dilatoires, cette dynamique, engagée depuis quelque temps…

Les conditions acceptables de ce dialogue étant, désormais, réunies, nous attirons l’attention des autorités sur le fait qu’il est grand temps de l’engager, afin de redonner espoir aux Mauritaniens et aller de l’avant pour le renforcement de la cohésion nationale, l’enracinement de la démocratie, la réalisation de la justice sociale et la mise en œuvre d’un vaste programme de développement économique et social pour la prospérité du pays. 

Pour notre part, autant demeurons-nous disposés à participer à cette dynamique, selon des délais raisonnables, autant nous ne serons plus en mesure d’attendre, indéfiniment, son hypothétique lancement, maintes fois repoussé pour des considérations incompréhensibles…

Nouakchott, le 20 Rajab 1443 – 22 Février 2022

Les Coalitions et Partis signataires

Coalition Vivre Ensemble (CVE)

Coalition Vivre Ensemble/Vérité et Réconciliation (CVE/VR)

Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD)

Rassemblement National pour la Réforme et le Développement (TAWASSOUL)

Union des Forces du Progrès (UFP)

Union Nationale pour l’Alternance Démocratique (UNAD) ».

Comme pour la cherté de la vie préoccupe tous les compatriotes du Président El Ghazouani ou presque. Les leaders politiques de l’opposition, soucieux du bien-être de leurs militants alertent le gouvernement en lui demandant de se pencher sur la question de la hausse des prix.

L.A.H

+++Guinée : Flambée des prix, avis croisés des citoyens & commerçants

Le Colonel Mamadi Doumbouya, Président de la Transition, vient d’apporter une réponse aux inquiétudes de ses compatriotes qui souffraient énormément de la flambée des prix des denrées alimentaires de première nécessité.   

Par Abdoulayé Baldé 

«Nous, vendeurs de viande, c’est le gouvernement que nous accusons, car dès leurs arrivée au pouvoir, ils avaient promis de diminuer les prix des denrées alimentaires à partir du mois de janvier (2022, et ce vendredi 25 mars, le gouvernement vient de prendre une série de mesures, mais attendons l’effectivité de ces mesures). Avant on pouvait acheter une vache à 3.000.000 Francs Guinéens ou 4.000.000 Francs Guinéens. Aujourd’hui, si vous n’avez pas 6.000.000 Francs Guinéens voire 7.000.000 Francs Guinéens, vous ne pourrez pas vous en procurer», se confie Mamadou Samba Diallo, boucher de son état avant de dévoiler sa technique d’achat de la viande : «Moi qui payais une vache (entière) il y a un passé récent ! Actuellement, je ne peux plus le faire, je prends un pied (chaque jour) et la moitié de la vache, les samedis. Ainsi, je procède en tenant compte de la rareté des clients, qui préfèrent manger du poulet, qui est  moins cher. Entre 2017 et 2018, le kilo de viande, qui se vendait à 45.000 Francs Guinéens, se vend à 60.000 Francs Guinéens de nos jours. Ce prix n’est pas abordable pour tout le monde». Bien qu’elle soit une détaillante, Nenan Aïssatou Barry ne connaît les raisons de la hausse sans cesse des prix des denrées de première nécessité. «On se demande souvent si l’augmentation des prix des denrées alimentaires sur le marché est due à l’approche du mois béni du Ramadan ou bien, c’est la négligence des gouvernants. Auparavant, un sac de riz était beaucoup moins cher par rapport à aujourd’hui : un sac de riz Bengladesh (riz importé) est à 330.000 Francs Guinéens, et nous revendons le kilo à 7.000 Francs Guinéens pour gagner pas grand-chose. Le bidon de 20 litres de l’huile de palme coûte 390.000 Francs Guinéens voire 400.000 Francs Guinéens». Fatoumat Binta Barry, ménagère de son état : «Chaque jour qui se passe, on se pose la question de savoir quand la diminution des prix des denrées alimentaires ? Nous qui avons des bouches à nourrir. Nous souffrons énormément, car un enfant doit manquer de tout, sauf le manger».  Cette mère de cinq (5) enfants se confie : «Un kilo de riz ne nous suffit pas donc je commence à préparer à partir de 15heures pour manger soit à 17heures ou à 18heures. Et attendre le lendemain matin pour manger quelque chose. Mais nous donnons aux enfants toutes sortes d’amuse-gueules, entre autres, morceau de pain, bonbons, biscuits… »

Mesures gouvernementales contre la vie chère

  • Baisse sans délai, des droits de douane sur certains produits essentiels dont le Riz et le Sucre de consommation
  • Mise en place d’un Comité de veille composé des membres de la Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat et du représentant du Ministère du Commerce, de l’Industrie et des PME pour suivre l’application de ces différentes mesures
  • Stabilité des prix : eau, électricité, gaz domestique (pendant la période de six mlois)
  • Limitation à trois mois le loyer de l’avance à verser aux propriétaires pour les locations à usage d’habitation
  • Interdiction de la réexportation des produits de première nécessité bénéficiant d’allégement fiscaux de l’Etat Guinéen (Riz, sucre, farine de blé, blé, huiles végétales, tomates, lait et oignons) ++ Ces dispositions ne concernent pas les biens transitant par le port pour le Mali
  • Obtention d’une autorisation préalable du Ministère du Commerce, d’Industrie et des PME pour l’exportation des produits vivriers locaux

A.B

Dossier de Farafinainfo.com –Les prix prennent de l’ascenseur – réalisé par Chahreddine Berriah, Lala Aïcha Housseine Camara & Abdoulaye Baldé