CONFLIT AU SOUDAN : l’hôpital Bashair forcé à suspendre ses activités face à la violence

CONFLIT. L’hôpital universitaire Bashair, situé dans une zone contrôlée par les Forces de soutien rapide (FSR) à Khartoum, est devenu un symbole tragique des ravages du conflit au Soudan. Dernier bastion de soins gratuits dans le sud de la capitale, il fait face à une insécurité insoutenable. Après 20 mois d’intervention, Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé la suspension de ses activités en raison des attaques répétées visant son personnel et ses patients.

Par Marwa Sid’Ahmed, Journaliste Farafinainfo.com

Malgré des négociations avec toutes les parties du conflit, la violence a franchi un nouveau cap : des combattants armés envahissent régulièrement l’établissement, menaçant le personnel et exigeant des traitements prioritaires pour les leurs. Des événements dramatiques ont marqué les derniers mois, comme le meurtre d’un patient dans l’hôpital ou encore des tirs au sein du service des urgences. Les besoins médicaux à Khartoum sont immenses, exacerbés par les combats intenses. En seulement deux ans, l’hôpital Bashair a accueilli plus de 25 500 patients en urgence, réalisé 3 700 opérations, et assisté à près de 3 800 accouchements. Cependant, la dégradation des conditions sécuritaires et le blocage des fournitures médicales ont rendu impossible la poursuite de ces efforts. « Nous faisons face à une violence extrême au quotidien. Les afflux massifs de blessés sont devenus la norme, mais sans garanties de sécurité, il est impensable de continuer à travailler », déclare Claire San Filippo, coordinatrice des urgences pour MSF.

La fermeture d’autres centres de santé a également accentué la pression sur Bashair, qui doit répondre à des épidémies de choléra, de paludisme et de dengue, ainsi qu’à une malnutrition galopante.

Des précédents inquiétants

Ce n’est pas la première fois que MSF est contrainte de suspendre ses activités. En 2023, les opérations chirurgicales avaient été interrompues suite au blocage de matériel médical par les forces armées soudanaises. L’hôpital Turc, situé à proximité, a également cessé ses activités en juillet dernier après des actes de violence ciblés. La suspension des activités à Bashair laisse des milliers de personnes sans accès aux soins médicaux. « Les hôpitaux doivent être des lieux de sécurité pour les patients et les soignants. Chaque fermeture réduit davantage les chances de survie des populations », rappelle Claire San Filippo. Malgré les défis, MSF reste engagée dans d’autres régions du Soudan et espère pouvoir reprendre ses activités à Bashair dès que les conditions le permettront. En attendant, la population de Khartoum est laissée seule face à une crise humanitaire d’une ampleur inédite.

 M.S.A

 

Farafinainfo à l’honneur : Le journaliste Chahreddine Berriah, lauréat