Contribution de la Guinée à la création de l’OUA (SOS pour la RFI)

Par Kémoko Kamara 

Avant l’indépendance

C’est en 1947 lors du congrès constitutif du PDG-RDA que le militant Sékou Touré déclara: «Nous mourons tous, l’Afrique restera ; les actes de chacun de nous sont relativement inscrits dans le temps et dans l’espace ; nous devons résolument agir et vivre pour la grandeur, le bien-être et le bonheur de l’Afrique. En tout cas, l’évolution africaine doit faire l’objet constant des préoccupations de tous ceux qui veulent léguer aux futures générations un héritage de progrès, de fraternité et de liberté ».

Chers amis, nous voyons bien que c’est dans un contexte fédéraliste que les camarades inscrivirent leur combat pour l’autodétermination de nos peuples. Il faut préciser que lorsque le Président Sékou Touré parlait d’indépendance à l’époque, il s’agissait plus de celle du continent que du petit territoire dans lequel nous sommes confinés depuis la loi-cadre Deferre de 1956. C’est dans ce même cadre qu’ils se battront en vain pour la création d’un seul parti politique africain, ou encore pour l’institution d’un exécutif fédéral à Dakar pour l’AOF et un autre à Brazzaville pour l’ AEF. Cette dynamique fut sapée par la loi cadre de Gaston Deferre en 1956. Face à cette balkanisation, AST déclara:« Toute idée qui tiendrait à la désintégration de l’Afrique au profit d’Etats isolés ou de Républiques territoriales sera combattue par nous avec d’autant plus de force qu’à nos yeux, elle serait héritière du colonialisme diviseur ». Donc c’est à contrecœur que la Guinée fera cavalier seul et opta pour le Non catégorique. Nous avons regretté que les Houphouêt, Senghor aient trahi la déclaration conjointe du congrès de Bamako en 1956.

Après l’indépendance

Devenue totalement indépendante, la Guinée inscrivit dans sa constitution du 10 novembre 1958, l’article 34 qui stipule: « la République de Guinée peut conclure avec tout Etat Africain les accords d’association ou de communauté comprenant abandon partiel ou total de sa souveraineté en vue de réaliser l’unité africaine ». La Guinée sera ainsi le premier pays indépendant d’Afrique à parler d’institutionnalisation de l’unité africaine, en renonçant, au besoin, à sa propre souveraineté. Elle sera suivie du Mali de Modibo Keita.

Mais c’est en novembre 1958 lors de sa visite au Ghana, que le président Sékou Touré proposa au Père NKrumah la création d’une première organisation panafricaine. Cette organisation dénommée l’UNION DES ETATS AFRICAINS, prévoyait la création d’une monnaie unique, d’une armée commune, d’un marché commun et d’une politique étrangère unifiée. Elle sera rejointe par le Mali de Modibo Keita en 1960. C’est ce trio appelé  » Union GHANA-GUINÉE-MALI » qui fut à la base de la création de l’OUA.

– Treize mois après, les 3 pays participèrent, du 3 au 7 janvier 1961, à la Conférence de Casablanca et formèrent avec le Maroc, la République Arabe Unie (Egypte) et le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne le groupe de Casablanca; une charte fut adoptée le 7 janvier 1961. Contre eux, Houphouêt et Senghor créèrent le groupe de Monrovia, composé de 21 Etats pour saper les efforts des fédéralistes. Ainsi pour éviter la division, le groupe de Casablanca fut obligé de renoncer à la création d’un Etat fédéral en 1963 et opta pour l’approche graduelle que proposait le groupe de Monrovia. Ainsi le 25 mai 1963, 32 Etats se retrouvèrent à Addis Abeba pour la création de l’OUA. Le Président Sékou Touré prononça « organisation de l’unité Africaine ».

Sources:
Sidiki Kobelé Keita
Feu Aly Bocar Cissé
Feu Vanfing Koné (commission scientifique du Club AST-FRANCE)
L’Ethiopie et la création de l’OUA
Mankonan Kouyaté « nous sommes tous responsables »