Des politiques Guinéens rendent hommage à Mory Kanté

Des hommes politiques de la République de Guinée ont rendu un vibrant hommage à Mory Kanté, l’artiste-musicien pan-africaniste, qui est décédé, ce vendredi 22 mai 2020. Les uns et les autres ont su trouver les mots justes pour parler de l’humanisme de Mory Kanté et magnifier son immense talent créateur 

Par Lansana Kouyaté, ancien Premier Ministre & Président PEDN (Parti de l’Espoir pour le Développement National)

 En ce 29e jour du mois saint de Ramadan, 1441 du calendrier musulman, le Dieu Tout Puissant vient d’éprouver le Peuple de Guinée en ramenant à son royaume éternel, notre désormais regretté Mory Kanté. Nous en sommes affectés. En mon nom, au nom de ma famille et en celui de mon Parti le PEDN, nous tenons à présenter nos condoléances les plus émues à la famille du défunt à Kissidougou, à tous ses proches et au Peuple de Guinée.

Mory Kanté appartenait à une grande lignée d’artistes qui ont sorti de l’oubli beaucoup de chansons de l’épopée du Manding. En parlant de sa mort, nous pensons à Mama Kanté, Manfila Kanté, Facely Kanté et Djéli Fodé Sékou Kanté. Il a été le continuateur de l’œuvre de tous ces disparus. Il arrive un temps où il faut rejoindre les morts.

L’exception de Mory Kanté a été de combiner harmonieusement nos instruments traditionnels, telle que la Kora dont il était un des meilleurs connaisseurs, et les instruments modernes de musique en les mettant au goût de ce que réclament les mélomanes de notre temps. Son célèbre « Yèkèkè » a fait le tour de la planète.

Nous présentons particulièrement à Kader Djomba Kanté, nos condoléances les plus attristées.

Puissent les artistes et griots de la Guinée, de l’Afrique voire du Monde trouver l’inspiration dans le style de Mory Kanté.

Que son âme repose en Paix et que Dieu lui accorde son Paradis.

Par Dr. Mohamed Diané, Minisre  d’Etat, Chargé des Affaires Présidentielles, ministre de la Défense nationale

#Mory_Kanté_et_moi

C’est avec une grande émotion que j’ai appris le décès de Mory Kanté, l’artiste international, le griot électrique, monument de la musique mandingue. Son décès est une grande perte non seulement pour la Guinée et l’Afrique mais aussi pour le monde de la culture universelle.

En cette douloureuse circonstance, je présente mes condoléances les plus attristées à la famille éplorée, au peuple de Guinée et à l’ensemble des artistes africains.

Très jeune, j’ai connu Mory Kanté à Kankan, dans notre quartier de Heremakonon, dans la grande famille de son oncle Djelimoussa Diawara Kanté. À l’époque, on l’appelait tous Morisanda. Dans le même secteur se trouvait une autre grande famille de griots, la famille de Elhadj Fonissiré Condé. Nous partagions alors toutes les joies de notre enfance…

Après son départ de la Guinée, je n’ai revu Mory Kanté que 30 ans après, en France. Par le pur des hasards. Au cours d’une promenade dans les rues de Paris, j’ai apperçu l’artiste entouré d’amis. L’ayant reconnu dans sa tenue blanche immaculée, je n’hésite pas à l’interpeller par son nom de jeunesse, en ces termes :  » Morisanda iwatomin » (où vas-tu Mory). Ce surnom a dû réveiller en lui tant de souvenirs, car bien qu’il ne m’ait pas reconnu, il s’est démarqué aussitôt du groupe pour se diriger vers moi avec une chaleureuse accolade. Quand je me suis présenté en lui précisant que je suis le fils de l’amie de sa mère N’na MBalou Keita, le visage de Mory Kanté s’est illuminé de nouveau. Il m’a aussitôt invité au restaurant pour discuter. Malheureusement, je n’ai pas pu partager ce vœu avec lui car je devais, dans l’heure qui suit, rejoindre Lille où j’étais attendu pour un stage à la faculté de biologie de l’Université de Villeneuve-d’Ascq.

Après cette brève rencontre, je n’ai revu Mory Kanté qu’en 2012. Récemment, quand il a été décoré par le Président de la République, le Professeur Alpha Condé, il est venu tout joyeux à mon bureau pour me présenter sa médaille d’honneur. L’occasion de nous replonger dans notre tendre enfance avec des petites histoires de l’époque et les souvenirs de Kankan. J’avais retrouvé ainsi mon ami. Mory Kanté et moi avons ainsi continué à garder des contacts étroits. Il réussissait par sa bonne humeur et son humour à nous faire rire aux éclats. Mory Kanté est très attachant. Au début du mois d’avril dernier, au décès de mon beau-frère, l’artiste était à nos côtés pour partager notre peine. Ce fût d’ailleurs notre dernière rencontre.

Mory était un griot noble et il exerçait son art avec la noblesse des grands Hommes.

Il restera éternellement dans nos cœurs.

Repose en paix, griot électrique !

Par  N.Y Kiridi Bangoura, Ministre d’Etat, Secrétaire Général & Porte-parole à la Présidence

‪Pour ceux de ma génération, en France dans les années 80, Mory Kante, avec yeke yeke, a été une fierté mondiale, africaine certainement et farouchement guinéenne; il nous a permis, en entrant dans le top 50, de parler de notre pays.

Ces dernières années, il était devenu le sage de Nongo. Une partie du quartier porte son nom « Mory kanteya ». Il était bienveillant et toujours souriant.

Paix à son âme.

Par  Tibou Kamara, Ministre d’Etat à la Présidence de la République conseiller spécial du Président ,Ministre de l’industrie et PME

Mory, plus haut que jamais!

« Heureux qui, comme Mory Kanté a fait un beau voyage et, est retourné, mourir entre ses parents, sans bruit, dans l’humilité qu’on lui a connue, toute sa vie durant « .

Tant l’homme fût effacé et vécut simplement, malgré le succès qui grise tant, combien sommes-nous qui savions que Mory Kanté était rentré dans son pays, pour y vivre désormais, comme le commun des Guinéens ?

Combien sommes-nous , à lui avoir fait sentir, vraiment, la fierté d’avoir servi notre pays ?

Avons-nous manifesté le bonheur d’avoir parmi nous, un homme universel, une icone de la musique contemporaine ?

Combien, sommes-nous, à avoir mesuré la dimension, l’audience et la notoriété de l’artiste, avant ce jour fatidique de sa mort et tous les hommages qui ont suivi, à travers le monde entier ?

L’émotion et le sentiment de deuil, partout, montrent que notre regretté compatriote a fait connaitre et aimer la Guinée, pétrie de talents et de génies anonymes et illustres.
Mory Kanté a préféré notre Guinée pour passer les dernières années de sa vie, lui, qui, sollicité et courtisé dans le monde, pouvait faire le choix, comme d’autres, d’une autre vie ailleurs, loin d’ici, des siens, dans l’honneur et la gloire des élus.
Heureusement que le Président Alpha Condé , lui a décerné une médaille du mérite, avant sa mort, pour le réconcilier avec sa Guinée natale, le rétablir aussi dans la dignité et l’honneur, connus ailleurs, au sommet de son art.
Ainsi, a-t-il réparé une injustice dont le pays se rend souvent coupable avec les plus méritants de ses enfants.

La Guinée qui n’a pas suffisamment célébré Mory Kanté, comme tant d’autres disparus , avant lui, le pleure beaucoup, aujourd’hui, dans un concert de lamentations et une subite sensibilité à son sort. Mais, il n’y a pas de regrets ou de remords à avoir, pour lui, car la seule reconnaissance pour un artiste accompli comme lui, c’est son œuvre gravée dans le temps et les mémoires. L’œuvre de Mory Kanté a été plébiscitée ici et ailleurs !

Un artiste, ne meurt pas, parce qu’il fixe le temps, par son art et touche toutes les générations dans une histoire, sans fin. Mory, une force tranquille que la mort n’emportera pas, que la vie n’arrêtera pas.
La mort, cette fatalité, n’est une épreuve que pour les hommes , sans foi, qui n’ont pas pensé à s’immortaliser dans la vie éternelle de l’inspiration historique ou artistique. Mory Kanté, dont le succès a

eu un écho, au-delà de sa Guinée bien-aimée , à laquelle, il a été attaché et fidèle jusqu’au bout, n’a pas succombé à la vanité, ni l’orgueil des hommes d’exception, pour s’attendre de sa nation à un hommage empreint de solennité et de faste. Il a le temps pour lui, l’histoire avec lui, dans une vie ou il a laissé son talent parler à sa place, son nom résonner comme les notes suaves de sa mythique kora qui ne sera jamais dans l’oubli, le fera vivre pour toujours.

Mory, ton nom est encore plus haut dans le ciel, maintenant que tu as quitté la terre.

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