Désiré Le Troher : « J’ai eu la vision d’une étoile, qui ferait briller non pas seulement la musique mais toute la culture mauritanienne»

Grande Interview (1ère Partie) – Désiré Le Troher n’est plus à présenter dans les milieux éducatif et culturel en République Islamique de Mauritanie. Autant vous dire qu’il est une personne connue et appréciée pour ses qualités professionnelles et humaines Maach’Allah. Et il endosse plusieurs casquettes : Enseignant, Artiste-musicien, Producteur de musique … Dans cette première partie, Désiré nous parle de sa passion pour l’enseignement, de la crise sanitaire, ….  Rencontre … avec un homme atypique

 Présentez-vous aux lecteurs du site panafricain farafinainfo.com ?  

Je m’appelle Le Troher Désiré dit Mouhamad El Moukhteiry. Je suis Franco-Mauritanien, enseignant dans le programme français (collège/fondamental), propriétaire et animateur de web radio « Dezydez radio », Producteur et organisateur d’événements culturels (concerts, enregistrements audio-visuels etc…). Je suis marié et père de 3 garçons.

 Enseigner, est-ce une passion ou un accident de parcours ?

Enseigner est une passion. Après mon baccalauréat, je me suis orienté de plein gré dans la formation en information et communication (notamment la radio), on ne parlera pas d’accident de parcours mais de réorientation à cause de la situation catastrophique tant au point de vue rémunérateur que de la pratique même du métier de communicateur et surtout de journaliste, qui prévalait en Mauritanie dans les années 1999, 2000. Étant donné que la communication est le support essentiel de l’enseignement, j’ai pu facilement m’adapter au métier.

Vous êtes avant tout un éducateur en tant qu’enseignant ! Quel est l’impact de la crise sanitaire sur l’enseignement mauritanien ?

 La pandémie du covid-19 a créé le chaos dans le secteur éducatif mauritanien et particulièrement le privé. Les enseignants des écoles privées demeurent impayés depuis le mois de Février pour certains, Mars pour d’autres. À cet effet, il y a eu la formation en toute urgence d’un cercle d’enseignants(CEPM) dont je suis le président mais qui renaît des cendres d’une association, qui a vu le jour en 2014 (AEPM et dont j’étais également le président) sans toutefois exister à cause du refus des autorités de l’époque de lui accorder un récépissé. Le CEPM a dans un premier temps à travers mes démarches reçu des dons d’une ONG: « ACER »(Agir Contre l’Exclusion et pour la Réinsertion) composés de sac de riz de 5 kg, de lait en poudre, d’huile, de couscous, de macaronis, de vermicelles et de sucre pour les membres du bureau et quelques adhérents. Les quêtes se poursuivent auprès de particuliers ainsi que d’autres organisations non-gouvernementales afin d’élargir le spectre d’action envers un plus grand nombre d’enseignants.

Comment êtes-vous venu à la musique ?

Je ne suis pas venu à la musique mais la musique est en moi depuis le premier jour de ma naissance. Mon père jouait de l’orgue et mon grand-père ainsi que mes oncles maternels étaient tous des férus de guitare acoustique. J’ai grandi dans un environnement où la musique était au rendez-vous quotidien.

Parlez-nous de parcours artistique en se basant sur votre discographie ?

 Mon parcours artistique débute avec le break dance et le smurf au début des années 80. En 1989, avec 2 amis (maestro cocojean qui rappait en anglais et J-Money),nous créâmes le 1er groupe de rap et de danse hip hop au Burkina-Faso. La 1ère école de danse de rap dont nous fûmes les fondateurs restera dans les mémoires de tous les anciens de la ville de Ouagadougou parce qu’elle fut créée dans la plus grande boite de nuit « le Jimmy’s » en 1990.De retour en Mauritanie en 1992,je participai également à la fondation du mouvement hip hop avant de m’envoler pour le Sénégal de 1997 à 2000 (je voyageais beaucoup à l’époque je venais fréquemment en vacances en Mauritanie). J’ai assisté à la formation du Mouvement hip hop au Niger en 1991 et 1995 et en Côte d’Ivoire où j’ai fait la connaissance des premiers rappeurs de la place. Je suis donc un précurseur du mouvement hip hop ouest-africain avec quelques chansons enregistrées de ci et de là en solo et en duo également. Ma discographie consiste surtout en freestyle et concert live même si la totalité de mes enregistrements demeurent introuvables.

D’où est venue l’idée de devenir producteur et boss à Dezydez Production ?

 Je dirai qu’il s’agit plus de l’ordre naturel des événements qui font le destin de chaque individu dans ce monde. Les jeunes artistes me sollicitaient énormément pour un quelconque avis par rapport à leurs maquettes leurs projets etc… Je décidai alors de créer ma structure DEZYDEZ PRODUCTION afin d’aider ces talents. J’ai eu la vision d’une étoile qui ferait briller non pas seulement la musique mais toute la culture mauritanienne.

 Pouvez-nous présenter votre structure de production DezyDez ?

DezyDez production existe depuis 2016 avec l’achat de matériel (table de mixage, carte son micro etc…) J’ai plutôt dans un premier temps mis mon matériel à la disposition de plusieurs artistes mauritaniens. En 4 ans, j’ai encadré pour dire manager quelques rappeurs, organisé 1 show case et un concert à l’institut français de Nouakchott.

Interview réalisée par Lala Aicha Housseine Camara