ÉDITORIAL. Depuis les rues animées de Kankan, une déclaration lourde de sens a résonné, celle du Général Amara Camara affirmant que la candidature de Mamadi Doumbouya serait « la seule alternative pour garantir le rassemblement des Guinéens ». Une prise de position qui marque une étape significative dans l’évolution politique de la Guinée post-transition.
Par Moussa Diop, Journaliste Farafinainfo.com
Alors que la marche de l’unité et de la paix à Kankan était censée fédérer autour des idéaux de cohésion nationale, elle a pris une tournure résolument politique. Les propos du ministre Secrétaire général à la Présidence ont laissé peu de place au doute : la candidature de Mamadi Doumbouya semble déjà être une réalité dans les cercles du pouvoir. Loin d’une simple spéculation, cette déclaration vient renforcer une dynamique qui se consolide au fil des manifestations de soutien.
Le contexte guinéen reste marqué par une transition politique complexe et des défis socio-économiques pressants. Si Mamadi Doumbouya a incarné, lors de son arrivée au pouvoir, une promesse de renouveau et de rupture avec les pratiques politiques du passé, le temps de la transition devait initialement être une parenthèse temporaire, propice à la refondation démocratique du pays.
Cependant, les récentes déclarations du Général Amara Camara posent une question essentielle : cette transition n’était-elle qu’un prélude déguisé à une candidature présidentielle déjà planifiée ? La promesse de neutralité semble vaciller sous le poids des mobilisations populaires orchestrées et des prises de position de hautes figures de l’État.
Le Général Camara a justifié cette potentielle candidature par la nécessité de garantir le rassemblement des Guinéens et de maintenir l’élan du développement. Cet argument touche une corde sensible dans un pays souvent divisé par des tensions politiques et ethniques. Pourtant, cette posture soulève une interrogation cruciale : la paix et l’unité peuvent-elles véritablement être incarnées par un leader issu d’une transition militaire, sans une compétition électorale réellement ouverte ?
L’histoire politique récente de nombreux pays africains montre que les transitions militaires reconverties en mandats présidentiels se heurtent souvent à des contestations populaires et à une fragilisation des institutions démocratiques.
La Guinée est à un carrefour historique. Pour garantir un avenir où paix et prospérité riment avec justice et inclusion, les citoyens doivent pouvoir exprimer librement leurs choix. L’histoire d’une nation ne peut être écrite que par son peuple. Ce moment est une opportunité pour que chaque Guinéen prenne pleinement part à la construction d’une démocratie solide, dans un esprit de responsabilité et de maturité politique. L’espoir d’une Guinée unie et tournée vers l’avenir demeure possible si chacun garde à l’esprit cette ambition : bâtir ensemble une nation où toutes les voix comptent.
M.D
Farafinainfo à l’honneur : Le journaliste Chahreddine Berriah, lauréat
