Ely Abdellah, Journaliste: “La Mauritanie partage tout, (…) tout avec le Sénégal. Et rien ne peut séparer ni nos 2 peuples…”

Ce lundi 1er février 2021, la Rédaction de Farafinainfo.com a fait réagir de l’un de ses désormais invités, Ely Abdellah, Journaliste & Expert en communication de son état, aux faits marquants de l’actualité de la semaine écoulée en République de Guinée et dans la sous-région Actu de la Semaine en 3 Questions– Entretien

Le Gouverneur de Nouadhibou a adressé une lettre au Ministre de la Pêche pour lui expliquer du manque de poissons causé par les bateaux turcs et chinois, qui ravagent tout sur leurs passages. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Oui, vous avez raison. Sous la terrible pression des bateaux chinois et turques, les fonds marins se sont dépeuplés. Les céphalopodes benthiques, comme le poulpe dont on prenait des milliers de tonnes ont disparu et c’était prévisible parce que les prises chinoises et turques ne laissaient rien dans les fonds de la mer. Des voix se sont élevées depuis des années pour mettre en garde contre ces pratiques irresponsables, mais d’aucuns disent que ces pêcheurs aux bras longs étaient tout permis et que de hauts responsables dont l’ex-président Abdelaziz sont derrière eux. Maintenant le mal est fait. Il va falloir arrêter le pillage éhonté de la ressource pour lui permettre de se reconstituer. Mais ce n’est pas tout: il faut que des comptes soient demandés à tous ceux qui sont impliqués dans le pillage. Des partis de l’opposition comme l’Union des Forces du Progrès (UFP) de M. Maouloud (Mohamed Ould Maouloud) et le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) de M. Daddah (Ahmed Ould Daddah) ont déjà appelé le pouvoir à dénoncer les contrats léonins signés avec ces opérateurs qui font comme s’ils étaient territoires conquis. On verra ce qui en sera de cet aspect de la gouvernance.

Les Honorables députés mauritaniens de l’Opposition ont interpellé le Premier Ministre en demandant un Dialogue National, mais ce dernier veut organiser des concertations plutôt qu’un dialogue national national : Quelle lecture faites-vous de la demande de l’Opposition mauritanienne et la proposition du Premier Ministre ?

Ecoutez, l’opposition, comprenant les difficultés héritées par le régime actuel de la funeste décennie de Abdel Aziz (ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz), n’a jamais voulu en ajouter aux problèmes déjà aggravés par la pandémie de la covid-19. Elle s’était donc rangée du côté du pouvoir en veillant à ne rien faire qui puisse troubler l’action gouvernementale. Les plus hautes autorités se concertaient à titre individuel avec les personnalités de l’opposition et tout semblait plutôt bien marcher. Mais, 17 mois après l’avènement du nouveau régime, il est temps de fixer de nouvelles règles du jeu. C’est, me semble-t-il ce que veut l’opposition. Et je crois que le pouvoir, qui, il y seulement 10 jours, était sur le point d’engager un dialogue social, ne verrait pas d’inconvénients en des retrouvailles censées cultiver l’apaisement. Je crois que le temps de l’arrogance et des injonctions est derrière nous. Maintenant, le nouveau pouvoir privilégie d’autres approches. Sans disposer d’éléments palpables pouvant montrer que ce dialogue est en bonne voie, je puis parier qu’il finira par avoir lieu. Peut-être que c’est l’expédition du dossier sulfureux de la gabegie qui freine un peu ces retrouvailles.

Le variant britannique du Coronavirus est présent au  Sénégal, un voisin proche  de la République Islamique de Mauritanie. Les autorités mauritaniennes publiques ont-elles pris des mesures sécuritaires et sanitaires pour protéger leurs compatriotes? Sinon, avez-vous des propositions à faire  aux autorités mauritaniennes ?

Pas plus tard que ce matin (30 janvier 2021), j’ai posté à ce sujet sur Facebook. Parce que je trouve que la Mauritanie partage tout, mais alors vraiment tout avec le Sénégal. Et rien ne peut séparer ni nos 2 peuples ni nos 2 pays. Et c’est ça qui inquiète parce que le variant britannique, plus contagieux et plus dangereux que le virus classique, a fait son entrée au Sénégal. Et bien, on dit que les cas de ce variant et leurs contacts ont été identifiés et sont guéris! Mais est-ce que c’est fiable? Je crois en tout cas qu’il va falloir faire des arbitrages peut-être douloureux, mais nécessaires pour sauver les populations des deux rives. On peut organiser des tests de dépistage systématiques pour tous ceux qui veulent traverser comme on peut – si la situation l’exige- fermer la frontière. Ce sont des arbitrages qui sont certes douloureux mais quand il y va de la santé de nos deux peuples frères, ils deviennent tout à fait jouables. Voilà ce que j’en pense.

 Rédaction de Farafinainfo.com