En moins d’une semaine, deux véhicules de l’armée ont sauté sur des mines anti-char, dans le Sindian et dans la zone appelée « ceinture de feu ».
La « ceinture de feu » est la bande de terre comprise entre le sud du fleuve Casamance et la frontière avec la Guinée-Bissau. Elle s’étend de Tannaf à l’Océan Atlantique et englobe les départements de Ziguinchor et d’Oussouye ainsi qu’une partie du département de Goudomp, dans la région de Sédhiou. Elle couvre une superficie de plus de 2.500 km2.
C’est dans cette zone à haut risque que les mines sont en train de tuer, sans distinction, militaires sénégalais, combattants branche armée du MFDC (Atika) et civils.
Ce lundi, un véhicule de l’Armée nationale a sauté sur une mine anti-char, tuant deux soldats sur le coup et faisant deux autres blessés graves entre les localités de Diagnon et de Mbissine dans le département de Ziguinchor (sud), a appris l’APS d’une source sécuritaire. Le sergent Nianthio MANE et le soldat El Hadji Saloum DABO y ont laissé leurs vies.
Cet incident a été précédé d’un autre, il y a deux jours, dans le département de Bignona, Arrondissement de Sindian, à hauteur du village de Lefeu.
Si, dans la « ceinture de feu », l’incident est survenu lors d’une opération de sécurisation des populations ayant effectué un retour massif dans les villages qui avaient été abandonnés en raison de violences notées entre l’armée et Atika, celui de Sindian est survenu dans le cadre d’une opération de lutte contre les trafics de bois et de chanvre indien dans les localités du nord Sindian.
Malgré cet énième incident, les autorités militaires ont déclaré que les opérations vont se poursuivre « conformément aux objectifs déjà planifiés ».
Le Président de la République a rendu un hommage aux victimes en ces mots : « je m’incline devant la mémoire de deux de nos jambars tombés sur le champ d’honneur, en Casamance. Au nom de la Nation, j’adresse mes condoléances à leurs familles et aux forces armées. Prompt rétablissement aux blessés ».
Ces incidents remettent sur la table la lancinante question du déminage des zones infestées par les engins de la mort.
Face à cette situation, les populations de la région naturelle de la Casamance lancent un appel pour le déminage total de leurs terres.
Avec ses nombreux vergers, la « ceinture de feu » est la partie la plus riche de la région de Ziguinchor. Ses formations forestières regorgent de richesses naturelles très importantes dont la protection est primordiale pour la sauvegarde de la faune et de la flore de cette partie du Sénégal.
La dissémination des mines y a entraîné d’importants flux migratoires vers les zones les moins touchées. Les personnes déplacées ont entamé leur retour, mais font face à l’équation des mines qui installent l’insécurité et constituent un réel obstacle pour le développement agricole.
Par Talibouya AIDARA
Communicant/Journaliste
Email : aidara.or.t@gmail.com